• Une vérité sur Dieu

    Une vérité sur Dieu

    Nous voici enfin au seuil de Narnia, chers lecteurs, et ce sera l’occasion pour moi de vous apprendre une vérité sur le Créateur et le Dieu de notre monde, Qui ne fait, inévitablement, qu’un avec le Vôtre. Il sera d’ailleurs nécessaire pour vous d’assimiler cette vérité si vous voulez avancer chez nous.

    Pour ce faire, j’estime préférable de vous faire voir Aslan, le Grand Lion, fils de l’Empereur d’au-delà des mers et Roi au dessus-de tous les rois de Narnia, à travers les yeux des 4 Pevensie, les rois et reines de l’âge d’or de Narnia, lorsqu’ils surgirent dans ce monde pour la première fois.

    C’est arrivé lorsque Narnia se trouvait prise dans les Cent Ans d’Hiver, sous le règne illégitime et tyrannique de Jadis, la Sorcière Blanche : parallèlement, sur Terre, en Angleterre, alors que le monde était aux prises avec un autre tyran, et Londres avec le Blitzkrieg et les bombardements allemands qui allaient avec, le gouvernement anglais engageait les parents à envoyer leurs enfants loin de la ville, pour leur sécurité. Ce fut ainsi que Peter, Susan, Edmund et Lucy Pevensie (par ordre d’aînesse décroissant) se retrouvèrent dans la grande maison de campagne du Pr. Digory Kirke (qui se trouve avoir assisté, dans son enfance, à la création de Narnia par Aslan).

    Une fois leurs repères pris, les enfants firent ce que n’importe quel enfant aurait fait à leur place : ils explorèrent cette immense et mystérieuse maison. Ils purent le faire d’autant mieux que le professeur leur laissait beaucoup de liberté et que, de leur côté, ces enfants britanniques d’avant l’après-deuxième-guerre-mondiale disposaient d’une éducation bien plus correcte que le gamin occidental du XXIe siècle. D’ailleurs, je peux vous garantir que si celui-ci se retrouvait à Narnia (ou même à Telmar, ou encore à Calormen d’ailleurs), il se ferait, à tout le moins, qualifier de « petit voyou », parole de gobelin.

    Ils finirent éventuellement par se retrouver dans une chambre d’amis contenant une armoire très spéciale. Pas pour ses portes à miroirs, c’était courant pour les armoires de l’époque. Pas non plus parce qu’elle n’était pas fermée à clé. Pas plus parce que ce n’était pas une armoire Ikéa tongue, puisque ce groupe fut fondé en 1943, alors que la « Blitz » en Angleterre prit fin le 21 mai 1941. Toujours pas qu’il n’y avait rien d’autre dans la pièce à part une mouche verte morte sur le rebord de la fenêtre. Ce qui rendait cette armoire si différente, c’était le bois qui la constituait : celui d’un pommier dont les origines ne remontaient ni à notre monde, ni même à Narnia tel que l’on l’entend communément. Il s’agissait du rejeton de l’Arbre de Protection, situé dans la Lande du Réverbère à Narnia, qui détenait une écorce argentée et le pouvoir d’apporter la joie, la vie et la santé et de protéger du mal. La mort de l’arbre – de vieillesse – avait d’ailleurs permis à la Sorcière Blanche de conquérir Narnia et de l’écraser sous sa férule pendant un siècle. Le fruit de l’Arbre de Protection avait le pouvoir de guérir n’importe quelle maladie, voire d’apporter une force irrépressible et la vie éternelle si mangé en Narnia.1 L’Arbre de Protection était lui-même le rejeton d’un autre arbre, l’Arbre de Jouvence, ou Arbre de Vie, se trouvant dans un jardin du pays d’Aslan, que vous autres humains appelez communément « Paradis ». Tout ça pour vous dire que si les Pevensie avaient une chance d’accéder à Narnia, c’était bien par cette armoire, faite dans le bois d’un arbre de Narnia qui se languissait de sa terre d’origine.

    Par un hasard fortuit (ou plutôt, devrais-je dire, par la volonté d’Aslan), 3 des enfants ignorèrent l’armoire, mais Lucy, elle, tenaillée par une curiosité irrépressible, resta en arrière et pénétra dans l’armoire (sans s’y enfermer, bien entendu, elle était loin d’être sotte yes), et ce qui devait arriver arriva : à sa grande surprise, elle déboucha sur une forêt enneigée avec un réverbère au milieu : elle avait abouti en Narnia, en pleine Lande du Réverbère. Lucy fit quelques pas et manqua télescoper presque un faune du nom de Tumnus (qui devait par la suite devenir un courtisan très respecté et très proche de la famille royale).

    Il serait trop long de vous raconter dans le détail les peines que Lucy a eues pour convaincre ses frères et sœur de la réalité de Narnia et de l’y accompagner, d’autant plus que, comme le temps ne s’écoule pas de la même façon dans nos 2 mondes et que les portails les reliant n’en font qu’à leur caprice, ce qui avait semblé des heures à Narnia à Lucy ne correspondait qu’à une fraction de seconde pour les 3 autres en Angleterre, et de plus, le portail que Lucy avait emprunté s’était refermé au moment où elle voulut leur montrer qu’elle n’avait pas rêvé ni fabulé frown. Bref, la fratrie commença à explorer Narnia et bientôt, un castor parlant (espèce hélas éteinte en Narnia désormais frown) les interpella et leur expliqua qu’ils encouraient un grave danger. Il leur fit signe d’approcher et leur dit : « On dit qu’Aslan est en route… qu’Il est peut-être déjà arrivé. » Je laisse le Chroniqueur décrire ce que ce nom provoqua en chaque enfants :
    « Un phénomène très curieux se produisit alors. Pas plus que vous, les enfants ne savaient qui était Aslan mais, dès que le castor eut prononcé Son nom, chacun se sentit complètement différent. Peut-être vous est-il parfois arrivé, dans un rêve, que quelqu’un dise une parole incompréhensible, mais qui, dans le rêve, paraît avoir une signification considérable, soit terrifiante, qui change tout le rêve en cauchemar, soit charmante, si charmante qu’on ne peut l’exprimer avec des mots, mais qui rend le rêve tellement merveilleux qu’on s’en souvient toute sa vie et qu’on désire sans cesse le recommencer. C’est ce qui arriva alors. Au nom d’Aslan, chaque enfant sentit quelque chose bondir dans son cœur. Edmund fut étreint par une sensation d’horreur mystérieuse. Peter se reconnut soudain courageux et plein d’audace. Susan eut l’impression qu’il flottait près d’elle un parfum délicieux, ou de ravissantes notes de musique. Quant à Lucy, elle éprouva ce joyeux sentiment qu’on a en s’éveillant, le matin, lorsqu’on se rappelle soudain que c’est le premier jour des vacances, ou le premier jour de l’été. »2

    Il y a des humains qui ne connaissent pas Jésus Christ (puisque c’est ainsi que vous nommez Aslan dans votre monde), et pourtant, malgré leur état de pécheurs, il y a quelque chose de particulier en eux, un ensemble de raisons diverses et variées (tempérament ? mentalité ? constitution psychologique ? vécu ?…) dont l’ensemble forme une trame des plus complexes (un vrai casse-tête pour un simple gobelin comme moi…) et qui fait que certains se montrent plus sensibles et réceptifs à Sa gloire et Son amour que d’autres et y répondent de diverses manières. D’ailleurs, le Seigneur y fait formellement allusion dans la parabole du semeur (Mc. 4:3-20), ainsi qu’en Jn. 10:14, 26-27. Ça ne veut bien sûr pas dire qu’il faille se fier aux apparences et enfermer chacun dans une boîte d’entomologiste d’où il ne pourra plus jamais sortir (Jn. 7:24) : ainsi, Edmund a ressenti « une horreur mystérieuse » à la mention du nom d’Aslan, parce qu’une école horrible avait fait de lui un enfant à problèmes, et aussi parce que la Sorcière Blanche le tenait sous la coupe de son envoûtement. Toutefois, je vais me permettre un « spoiler » : Aslan a par la suite donné Sa vie à la Sorcière Blanche pour libérer Edmund de la sentence de mort qui pesait sur lui en vertu de la Puissante Magie venue de la nuit des temps (ce que vous les humains appelez la Loi). Edmund put ainsi faire amende honorable, si bien qu’Aslan le couronna sous le nom d’Edmund le Juste. Il a marqué l’histoire de Narnia par sa bonté, sa bravoure et sa justice.

    Mais revenons à nos moutons (parlants ou pas he). M. Castor emmena les enfants dans sa confortable hutte, avec sa femme, à un endroit qui devait porter par la suite le nom de Beaversdam, en hommage à M. Castor et à sa femme, et à leur action si déterminante dans la lutte contre l’usurpatrice Jadis. Une fois bien à leur aise, la discussion s’engagea, et les enfants voulurent en savoir plus sur Aslan :
    « — Aslan ? dit M. Castor. Comment, vous ne le savez pas ? C’est le Roi. C’est le Seigneur de la forêt tout entière, mais il n’est pas souvent là, vous comprenez.
    […]
    « Aslan est un lion, le Lion, le grand Lion.
    — Oooh ! s’exclama Susan. Je pensais qu’Il était un homme… N’est-Il pas… dangereux ? Cela me fera plutôt peur de rencontrer un lion…
    — Tu auras certainement peur, ma mignonne, c’est sûr ! dit Mme Castor. S’il existe des gens qui peuvent se présenter devant Aslan sans que leurs genoux tremblent, ils sont soit plus courageux que les autres, soit tout simplement stupides.
    — Alors, Il est dangereux ?
    — Dangereux ? reprit M. Castor. Vous n’avez donc pas entendu ce qu’a dit Mme Castor ? Dangereux ? Évidemment qu’Il est dangereux. Mais Il est bon. Il est le Roi, je vous le répète.
     »3

    Et si vous êtes tenté de croire que M. Castor exagérait, ou qu’il ne savait pas de quoi il parlait parce qu’il n’avait jamais vu Aslan, lisez plutôt ce qui arriva quand Peter et ses 2 sœurs (Edmund avait filé à l’anglaise, si j’ose dire, pour rejoindre la Sorcière Blanche) arrivèrent enfin, guidés par M. Castor, au camp d’Aslan et rencontrèrent Celui-Ci face à face :
    « Les personnes qui n’ont jamais été à Narnia ne pensent pas qu’une chose puisse être bonne et terrible à la fois. Si les enfants avaient jamais eu pareille pensée, ils en furent guéris à l’instant. Car, lorsqu’ils essayèrent de regarder le visage d’Aslan, ils ne firent qu’entrevoir l’éclat de sa crinière d’or et ses grands yeux majestueux, solennels et accablants ; puis ils se rendirent compte qu’ils ne pouvaient plus le regarder et qu’ils tremblaient. »

    Les enfants et les castors ne purent se résoudre à avancer devant le magnifique mais effrayant Être, et chacun essaya de pousser l’autre en avant. Finalement, Peter, réalisant que la responsabilité lui en incombait, prit son courage à 2 mains, s’avança et dit :
    – Nous sommes venus, Aslan. »4

    Nous y voilà : Dieu est certes bon, mais Il est dangereux mad ! Comme dirait le magicien Coriakin : « ce n’est pas comme si C’était un lion apprivoisé ».5 Jésus Christ est, à en croire le courant mainstream des évangélico-pentecôtistes et autres alloprotestants, un « babtou fragile », une mauviette inoffensive qui ne sait rien dire d’autre qu’« Aimez-vous les uns les autres », mais ce Jésus-là n’a rien à voir avec le vrai Seigneur Jésus Christ décrit par les Évangiles no. Dieu n’est pas un Être avec Qui l’on fait le mariole (Gal. 6:7). Dans Son amour, Il peut restaurer une personne avilie jusqu’au nadir des horreurs les plus abominables cool, mais dans Sa colère, il peut ravager une planète entière sous des kilomètres d’eau mad. Il a ressuscité tant et plus les morts cool, mais Il a frappé de mort un couple qui Lui avait servi une supercherie que la société immorale actuelle des humains qualifierait d’« innocente » (Ac. 5:1-11mad. Et les chrétiens qui n’ont pas compris ça devraient revoir toute leur doxologie. Nous aurons l’occasion d’en parler et de développer dans les épisodes suivants.

    Certaines personnes se demandent si ce n’est pas un peu déshonorant pour Dieu de s’incarner sous la forme d’un animal. Peut-être faudrait-il plutôt se demander si ce n’est pas un peu déshonorant pour Dieu de s’incarner sous la forme d’un humain (ce que pensent beaucoup de théistes non-chrétiens). Certaines personnes, des « chrétiens » y compris, ont du mal avec l’idée que le Créateur puisse adopter la forme d’une créature. Un certain destrier narnien très vaniteux du nom de Breehy-hinny-brinny-hoohy-hah, plus connu sous le nom de Bree pour des raisons évidentes, kidnappé étant poulain par des Calormènes, avait à peu près la même conception d’Aslan. Alors qu’il fuyait vers Narnia, il eut une discussion à ce sujet avec une camarade de voyage, Aravis, une jeune tarkheena (aristocrate) calormène en fuite :
    « Mais est-Ce un lion ?
    — Non, non, bien sûr que non, dit Bree d’un ton plutôt choqué.
    — Toutes les histoires sur Lui à Tashbaan disent qu’Il en est un, répliqua Aravis. Et si Ce n’est pas un lion, pourquoi L’appelez-vous « Lion » ?
    — Et bien, il vous serait difficile de comprendre cela à votre âge, dit Bree. Et comme je n’étais qu’un petit poulain quand j’ai quitté Narnia, je ne le comprends pas tout à fait moi-même.
    […] « Aucun doute là-dessus, poursuivait Bree. Quand on parle de Lui comme d’un lion, on veut seulement dire qu’Il est fort comme un lion ou (pour nos ennemis, bien sûr) aussi féroce qu’un lion. Quelque chose de ce genre. Même une petite fille comme vous, Aravis, doit se rendre compte qu’il serait tout à fait absurde de supposer qu’Il soit réellement un lion. En fait, ce serait irrespectueux. Si C’était un lion, cela voudrait dire qu’Il n’est qu’une bête comme nous autres, voyons ! »
    (Et là, Bree se mit à rire.)
    - Si c’était un lion, Il aurait quatre pattes, une queue, et des moustaches !… Aïe, ooh, hoo-hoo ! Au secours ! »6

    Ça, c’était parce que les moustaches d’Aslan, qui avait surgi en sautant par-dessus le mur derrière Bree et approché sans bruit de ses pattes de velours, avaient chatouillé son oreille happy. Vous pouvez imaginer la surprise du pauvre destrier imbu de lui-même de s’apercevoir qu’Aslan avait 4 pattes, une queue, et même des moustaches qu’il pouvait voir, sentir et toucher, en un mot, qu’Aslan était un vrai animal parlant comme lui et qu’il s’était donné l’air bien ridicule he.

    C. S. Lewis
    Clive Staples Lewis (29/11/1898–22/11/1963)

    Il en va de même dans le monde des humains : Dieu S’est bel et bien incarné en un être humain de chair et de sang, un fait tout ce qu’il y a de plus historique. Comme le dit C. S. Lewis dans « Les fondements du christianisme » :
    « La Deuxième Personne en Dieu, le Fils, est devenu un humain Lui-Même : Il est né dans le monde en tant qu’humain – un vrai humain d’une hauteur particulière, avec des cheveux d’une couleur particulière, parlant un langage particulier, pesant tant de kilogrammes. »7

    Vous les humains, vous ne réalisez même pas votre chance d’avoir un Dieu Qui vous ressemble, ce qui vous permet de vous identifier à Lui au niveau émotionnel. Il est l’un de vous, Il a un corps semblable à celui d’autres personnes avec qui vous partagez les rires, les larmes et l’amour. L’Incarnation vous a permis de mettre un visage sur le concept de Dieu et vous permet de Le faire correspondre à une réalité bien concrète. Eh bien, à Narnia, c’est pareil, juste qu’il s’agit d’un lion parlant ^^.

    1. Il convient de préciser qu’il ne fallait pas utiliser n’importe comment le fruit en question. Par exemple, si quelqu’un à qui l’on n’aurait rien demandé avait volé une pomme pour en planter les graines dans son pays, l’arbre qui en aurait poussé aurait eu certes un effet protecteur, mais il aurait aussi fait dudit pays un empire puissant et impitoyable, bien plus proche de Charn, le monde d’origine de Jadis, que de la terre de paix qu’était Narnia à l’époque de l’Arbre de Protection. D’autre part, celui qui consomme le fruit sans l’avoir cueilli comme il faut (c.-à-d. selon la volonté d’Aslan), il bénéficiera les bienfaits cités ci-dessus, puisque les choses agissent toujours selon leur nature, mais il lui apportera aussi une corruption, un malheur et un désespoir inextinguibles et toujours croissant. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à Jadis. Il est aussi arrivé quelque chose de très similaire à Adam, votre ancêtre à tous, et cela s’est transmis à toute sa descendance. Heureusement qu’Aslan a pris sur Lui de vous libérer de ce fléau (voir ici et ici). Et si vous vous demandez comment l’Arbre de Protection a pu repousser la Sorcière Blanche, alors qu’elle avait pu manger du fruit de son « père », voilà précisément où résidait le pouvoir protecteur de cet arbre : le parfum de ses fruits était devenu exécrable pour elle. Là où il symbolisait la joie, la vie et la santé pour un Narnien normal, il symbolisait la mort, l’horreur et le désespoir pour elle. D’ailleurs, certaines personnes spéculent que la Sorcière Blanche a lancé les Cent Ans d’Hiver exprès pour empêcher la culture d’autres arbres protecteurs . En tout état de cause, cela illustre, si besoin est, l’omniscience d’Aslan. Revenir au texte.
    2. Lewis, C. S., « Le Monde de Narnia », p. 152. Revenir au texte.
    3. Ibid., p. 158-159. Revenir au texte.
    4. Ibid., p. 184. Revenir au texte.
    5. Ibid., p. 565. Revenir au texte.
    6. Ibid., p. 331-332. Revenir au texte.
    7. Lewis, C. S., « Au-delà de la personnalité », in « Les fondements du christianisme », p. 140. Revenir au texte.
    « Par-delà les dragons vigilantsUn portrait plutôt qu'une carte »

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