• La Terre est ronde

    La Terre est ronde

    « La Terre est ronde » 1: drôle de titre que cette vérité générale pour une rubrique, n’est-ce pas arf ? Et pourtant, tenez-vous bien, il existe bel et bien des gens de nos jours qui croient que la Terre est plate, dont des chrétiens oh ! En fait, cette croyance est en plein essor parmi la frange complotiste de la population qui partage des vidéos sur Facebook (le genre de personnes qui soutient mordicus que tous les alunissages, et notamment celui de 1969, sont des conspirations d’échelle mondiale, et que la vidéo de Neil Armstrong faisant son fameux « petit pas pour l’homme » a été truquée avec les moyens de technologie vidéo assez rudimentaires de l’époque – alors que la technologie vidéo du XXIe siècle peut facilement réaliser des images truquées d’une Terre plate sarcastic…).

    Cette dinguerie semble prendre sa source dans une récente série de vidéos largement diffusée. Je puis déclarer sur la foi de scientifiques créationnistes bibliques de renom (à savoir les Prs. Robert Carter et Jonathan D. Sarfati) que leurs auteurs sont de parfaits charlatans, et leurs arguments, s’ils peuvent paraître compliqués pour l’internaute lambda, représentent de la poudre d’oberlius pour bouseux de la cambrousse profonde. Et voici le pire de l’histoire cry : ces vendeurs d’orviétan arrivent à refourguer leur camelote à des chrétiens sincères et intelligents par des procédés qui feraient pâlir d’envie les témoins de Jéhovah : ils emballent le tout dans des c’est-ce-que-la-parole-de-Dieu-enseigne, ils mélangent tout, ils déforment le sens des versets, ils saupoudrent le tout d’arguments sophistiqués en apparence mais pourris d’erreurs scientifiques, factuelles et logiques à la manière d’un certain gourou du complotisme antisémite que je ne nommerai pas, etc. Bref, le marketing habituel des marchands de guano…

    Une des calomnies que les christophobes de tout poil aiment à employer envers la Bible est qu’elle enseignerait une Terre plate. Où allons-nous, je vous le demande, si les chrétiens eux-mêmes entérinent une absurdité aussi cyclopéenne mad ? Ne vous étonnez donc pas de la vigueur de mes propos.

    J’ai donc décidé de publier une série d’articles afin de démolir cette ânerie, pour contribuer à mettre fin une bonne fois pour toutes à la confusion méphitique qu’elle engendre dans la chrétienté. Histoire de faire d’une pierre deux coups et de réfuter et les athées et les chrétiens, vrais ou faux, qui la promeuvent, je commencerai par mettre à mal le mythe comme quoi la Bible enseignerait une Terre plate. Ensuite, j’exposerai les faits scientifiques qui ne peuvent en aucun cas coïncider avec n’importe quelle théorie de la Terre plate. Je vous préviens d’avance que mon approche ne consistera pas à réfuter toutes les contre-vérités et les sophismes que ces gens ont bien pu pondre, mais qu’elle sera au contraire positive. En effet, comme disait Einstein (enfin, je crois smile), 1000 expériences ne suffisent pas à prouver la justesse d’une thèse, mais une seule expérience suffit à en prouver la fausseté. Il est crucial que vous compreniez la nature du fonctionnement de la science avant de commencer votre lecture. La science fonctionne avant tout à grands coups de vérifications. Il ne suffit pas juste d’élaborer des hypothèses et des modèles qui coïncident en apparence avec les faits, encore faut-il vérifier que ça concorde. Et s’il existe un seul fait qu’un modèle ou une hypothèse ne puisse expliquer, cela suffit à mettre à mal sa validité. La réfutation de la théorie de l’évolution consiste d’ailleurs en cela dans l’apologétique créationniste. Il me suffit donc d’avancer un seul fait que les modèles « scientifiques » de la Terre plate n’arrivent pas à expliquer, même en les bidouillant dans tous les sens, pour les mettre à mal. Or, il se trouve que, grâce à Dieu, pour un nombre peu significatifs de faits prétendument en faveur de la Terre plate, il y a beaucoup plus de faits en contradiction irrémédiable. Je n’ai donc pas à me casser le tronc à réfuter un par un tous les arguments que les tenanciers de la Terre plate trouveront à avancer, ni même les réponses alambiquées qu’ils peuvent trouver contre ceux que j’exposerai, d’autant moins que leurs arguments et leurs réponses sont toujours criblées de défauts aux niveaux logique, mathématique ou expérimental clown.

    1. En fait, la Terre n’est pas réellement sphérique, elle est légèrement ellipsoïdale et aplatie aux Pôles. Mais comme la Terre est à 1/300e d’être une sphère parfaite, « la Terre est ronde» est une approximation tout à fait correcte dans la pratique pour notre propos. C’est sir Isaac Newton, grand scientifique devant l’Éternel et créationniste biblique, qui prédisit le 1er cette forme elliptique due à la rotation de la Terre sur son axe. Imaginez une balle de tennis sur laquelle on aurait un peu trop tapé. Si la balle faisait 6,3781 cm sur un rayon ou 6,3568 cm sur un rayon perpendiculaire, ce serait plutôt pédant de pinailler qu’elle est ovale plutôt que ronde quand elle n’est gonflée que de 0,2 mm au centre… Revenir au texte.
  • És. 40:22 et la sphéricité de la Terre

    « C’est Lui Qui est assis au-dessus du cercle de la terre, et ceux qui l’habitent sont comme des sauterelles ; Il étend les cieux comme une étoffe légère, Il les déploie comme une tente, pour en faire Sa demeure » (És. 40:22)

    Tenez-vous bien, si les tenanciers de la Terre ronde utilisent ce magnifique verset pour prouver que la Bible enseigne une Terre ronde, les partisans de la Terre plate l’utilisent pour prouver que la Bible enseigne une Terre plate ! Ben alors, à quel saint est-ce que l’on se voue oh ?…

    En fait, tout tourne autour de la connotation du mot hébreu חוג (chûg), traduit ici par « cercle » (« disque » dans d’autres traductions modernes). Il est vrai qu’à 1ère vue, on peut penser que la Bible parle ici d’une Terre plate comme une galette. Toutefois, on ne peut pas écarter le fait que « chûg » n’implique pas nécessairement la platitude. En fait, ce mot serait en réalité mieux traduit par « globe » dans ce verset, comme dans les versions Ostervald et Martin.

    D’ailleurs, en Job. 22:14, le même mot est traduit par « voûte ». Alors pourquoi pas en És. 40:22 ? Peut-être parce que le snobisme chronologique est encore passé par là sarcastic ?
    « Vault » est la signification primaire de « chûg » que donne le célèbre lexique hébreu-anglais BDB (Brown-Driver-Biggs), et même les versions modernes des concordances de Strong mentionnent ce sens.

    En hébreu moderne, « sphère » se traduit par « khûg », « kaddur », « galgal » et « mazzal ».1 En arabe, un autre langage sémitique, « kura»  veut dire « boule » et traduit le « chûg » d’És. 40:22 dans la Bible arabe de Van Dyck-Boustani de 1865.

    En fait, les philologues ont découvert des mots indo-européens qui semblent liés à des mots sémitiques, soit parce qu’ils partagent la même origine, soit parce qu’une famille de langues a emprunté à l’autre,2 et quoi qu’il n’y ait aucune preuve spécifique d’un lien avec « chûg » dans ce cas, il est curieux, intéressant, et sans doute significatif que des mots indo-européens de consonance similaire comme « kugel » (moyen haut-allemand), « kula » (polonais), « kugla » (serbo-croate) et « gugâ » (leur racine proto-indo-européenne) se réfèrent tous à un objet sphérique.3, 4

    Bible de Montanus
    Bible bilingue hébraïque-latine de Benedictus Arias Montanus, 1ère édition en 1528.

    En plus de la traduction du « chûg » d’És. 40:22 par « globe » des versions Ostervald et Martin, il convient de mentionner que plusieurs Bibles latines du XVIe siècle traduisent ce mot pareillement, comme Santes Pagnino qui a traduit par « sphæra » ou Montanus et François Vatable par « globu ». La Bible de Giovanni Diodati, au XVIIe vsiècle, utilisait le mot « globus » et l’hébraïste hollandais du XVIIIe siècle Campeius Vitringa utilisait « orbis ». Plus récemment, la version espagnole Reina-Valera Antigua et la version italienne Riveduta traduisent toutes les 2 par « globo ».

    De plus, Job. 26:10 utilise la forme verbale de chûg. Si l’on part du principe que la Bible enseigne une Terre plate, cette affirmation n’a pas vraiment de sens, sauf dans un cadre poético-mythologique complètement nébuleux et surréaliste. Par contre, si l’on part du principe que la Bible enseigne une Terre sphérique, réfléchissez-y : quel cercle à la surface des eaux représente la limite entre la lumière et les ténèbres ? Le cercle d’illumination, là où, pour un habitant de la Terre, le Soleil se lève ou se couche, selon la situation ! Nous pouvons voir là encore un exemple de l’exactitude scientifique sans faille de la Bible, très antérieure à l’avènement de la science moderne.

    Dûr veut-il dire « sphère » en hébreu biblique ?

    Paul H. Seely exemplifie une erreur que commettent souvent et les christophobes et les chrétiens platistes :
    « Si Ésaïe avait eu l’intention de parler de la Terre comme d’un globe, il aurait probablement utilisé le mot qu’il a utilisé en 22:18 (dûr), qui signifie “boule”. »5

    Le problème avec cette idée, c’est que s’il fallait suivre cette logique comme quoi « dûr » dénote toujours la sphéricité, alors les ennemis des Juifs antiques devaient disposer d’une technologie de ouf parce qu’És. 29:3 dit : « Je t’investirai de toutes parts, Je te cernerai [ka-dûr] par des postes armés, J’élèverai contre toi des retranchements. » Si donc l’on suit la logique de ces critiques, les assiégeants détenaient une technologie de science-fiction qui leur permettait de se disposer en dôme de siège autour de Jérusalem tongue. Ce reductio ad absurdum nous permet de comprendre que « dûr » n’est pas synonyme systématique de « sphère ».

    Conclusion

    Tout concorde pour conclure que le « chûg » d’És. 40:22 est mieux traduit par « sphère » que par « cercle » ou « disque ». Cette traduction est celle adoptée par les spécialistes durant la majorité de l’ère chrétienne. La préférence des traductions modernes pour « cercle » et « disque » constitue un énième cas de snobisme chronologique doublé, il faut bien le dire, d’un certain ethnocentrisme occidentalo-occidental, comme on en retrouve tant et plus depuis l’avènement des « Lumières » (que l’on ferait mieux de qualifier de « Ténèbres »), et qui voudrait que les Juifs de l’époque eussent été trop « primitifs » pour connaître la véritable forme de la Terre no. Nonobstant le fait que la forme de la Terre se déduit sans difficulté du fait que lorsque l’on s’éloigne de la côte, un amer, au lieu de diminuer de taille jusqu’à en devenir indistinct, s’enfonce sous l’horizon (nous aurons l’occasion d’en reparler), même en admettant, arguendo, qu’ils n’avaient pas cette compréhension-là, ça ne prouve en aucun cas que la parole de Dieu, elle, enseigne une Terre plate.

    De toute manière, tout le monde s’accorde à dire que « chûg » dénote la rotondité, et que l’usage commun peut faire référence indifféremment à une rotondité sur 2 ou sur 3 dimensions. À tous les coups, on ne peut donc pas utiliser És. 40:22 pour affirmer que la Bible enseigne que la Terre est un disque plat. Au pire, même si l’on admettait que « chûg » signifierait bel et bien « cercle » dans ce verset, une sphère, vue d’en-haut, apparaîtra toujours comme un cercle, sans égard à l’angle d’où l’on la regarde.

    1. Ben-Yehuda, E. et Ben-Yehuda, D., « Hebrew Dictionary », p. 252, 1961. Revenir au texte.
    2. Levin, S., « Semitic and Indo-European: The Principal Etymologies », vol. 1, 1995. Revenir au texte.
    3. Buck, C. D., « A Dictionary of Selected Synonyms in the Principal Indo-European Languages », pp. 907–908, 1949. Revenir au texte.
    4. López-Menchero, F., « Proto-Indo-European Etymological Dictionary », 2012. Revenir au texte.
    5. Seely, P. H., « The geographical meaning of ‘Earth’ and ‘Seas’ in Genesis 1:10 », Westminster Theological Journal 59(2):238, 1997. Revenir au texte.

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  • La ארץ (‘érèṣ, terre) de la Bible est-elle plate ?

    Nous avons vu dans l’épisode précédent que, contrairement à ce que prétendent ceux qui adhèrent à l’idée que la Bible enseigne une Terre plate, És. 40:22 enseigne au contraire une Terre sphérique. Dans cet épisode, nous aborderons d’une manière plus générale le sujet de la doctrine biblique sur la forme de la Terre ; nous réfuterons les principaux arguments avancés en faveur de l’idée de la Terre plate dans la Bible. En effet, il faut garder à l’esprit que la Terre est soit plate, soit ronde (oui, bon, elliptique si vous préférez winktongue). Les lois de la physique ne permettent pas de 3e possibilité (en fait elles ne permettent même pas que la Terre soit plate, mais je m’avance, c’est pour plus tard wink2). Selon les lois de la logique, il me suffira donc de réfuter que la Bible enseigne une Terre plate pour prouver l’inverse.

    Avant de commencer, il faut réaliser une chose : comme toutes les peuplades du Proche-Orient antique, les Hébreux n’avaient pas le vocabulaire scientifique dont nous disposons aujourd’hui, ni même un vocabulaire apte à décrire certains faits et phénomènes cosmologiques avec exactitude. En tant que Malgache, je peux concevoir la chose avec facilité : mon peuple n’ayant pas eu de réelles tradition et culture d'intellectualité avant les 1ers contacts réussis avec des Européens il y a 3 siècles, et en particulier les prédications des 1ers missionnaires il y a 2’siècles, c’est un véritable casse-tête pour l’Académie Malgache de bricoler des néologismes et de les implémenter dans le langage de tous les jours’frown : s’ils n’ont pas la chance d’avoir sous le coude un mot-concept issu d’un dialecte plus ou moins obscur, ils inventent des mots abracadabrants ou bien accolent des mots préexistants pour former des mots composés à rallonge et tout aussi abracadabrants – en vérité, le Malgache lambda préfèrera emprunter au français pour exprimer des concepts modernes, ce qui conduit à un abâtardissement de la langue… Nous avons ainsi vu que si les anciens Hébreux avaient sûrement un concept de sphéricité (ils devaient bien manger des grenades pour le goûter wink2), ils n’avaient pas de mot réservé pour « sphère », et l'on aurait bien du mal à le leur reprocher vu que les peuplades environnantes n’en avaient pas non plus smile.

    De plus, il revient en réalité au tenancier de l’idée d’une Terre plate dans la Bible de démontrer que dans les versets qu’il utilise et où Dieu ne parle de manière directe, ‘érèṣ fait référence à la planète Terre. Je ne dis pas que les Hébreux ne pouvaient avoir aucune idée de la sphéricité de la Terre, puisqu’il y avait des marins parmi eux (cf. ce que je disais dans l’article précédent sur un amer qui s’enfonce sous l’horizon avec la distance), je veux dire qu’il y a peu de chances qu’ils aient été au courant de l’existence de l’Amérique, de l’Australie ou même du Kamtchatka smile. Il est donc plus probable que ces passages fassent référence aux terres connues du lecteur hébreu de l’époque. Toutefois, pour les besoins du raisonnement, nous partirons du principe que ces versets font bien référence à la planète, sauf quand le contexte indique qu’il s’agit bien des terres connues.
    À tout casser, ‘érèṣ peut faire référence à ce que l’on appelle « la terre ferme », comme dans le récit du Déluge. En tout cas, le mot « Terre » n’a servi que bien plus tard à décrire notre planète. Et je ne mentionne même pas les nombreux versets où ‘érèṣ désigne la terre… d’Israël happy.
    Du coup, les tripotées de versets utilisées par les partisans d’une Terre plate dans la Bible où celle-ci parle des extrémités de la terre n’ont plus aucune pertinence dans le débat : il s’agit en réalité, dans le contexte historique, soit des frontières d’Israël, soit du littoral, soit plus simplement des contrées les plus lointaines – comme dans l’emploi d’aujourd’hui. En particulier, quand la Bible parle des « quatre coins (kanaph) de la terre » (expression que, de toute manière, nous utilisons aujourd’hui sans pour autant croire en une Terre plate pour la plupart… winktongue), l’expression désigne les points cardinaux (comparer avec Ap. 7:1 et la référence aux 4 vents).

    Enfin, il va de soi que nous ne tiendrons pas compte (à une exception près) des versets au langage d’une claire nature phénoménologique. Aujourd’hui encore, les astronomes utilisent des termes comme « lever de soleil » et « coucher de soleil » sans pour autant croire en une Terre plate smile.

    La cosmologie du Proche-Orient païen antique
    Biblique ?

    Le noyau de l’argumentation de ceux qui déclarent que la Bible enseigne une Terre plate est, en gros, que notre culture moderne nous influence de manière subconsciente dans notre lecture de Gen. 1, ainsi que des autres textes qui parlent de la forme de la Terre, et que nous devons lire ces passages en contexte. Jusqu’ici, tout cela est bel et bon ; le problème survient quand on prétend que parce que les peuplades environnantes avaient une cosmologie primitive avec une Terre plate, circulaire et flottant sur un océan à la source de toutes les sources et de tous les puits, elles auraient influencé auraient influencé la conception hébraïque de l’univers, et donc l’écriture de ces passages ouch. Les Mésopotamiens auraient influencé Abraham, et les Égyptiens Moïse, en vertu d’Ex. 2:10 et Ac. 7:22. En ce qui concerne ceux qui croient que la Bible enseigne le platisme mais n’y adhèrent pas, il va de soi que le sempiternel snobisme chronologique constitue la motivation profonde de cet argument sarcastic.

    L’argument est mou du genou pour plusieurs raisons. Pour commencer, est-il besoin de le préciser sur un blog créationniste biblique, la science ne représente pas l’unique source de connaissance véridique. En fait, les Écritures, en tant que Révélation propositionnelle de la part de Dieu, en sont une aussi. Elles en constituent même la source ultime, et leur autorité surpasse celle de toute autre. Je n’insisterai jamais assez sur l’importance primordiale de Scriptura super scientia yes.

    De plus, un pareil argument ignore complètement l’antagonisme du pur monothéisme biblique et des paganismes environnants. Un simple coup d’œil à Gen. 1:14-19 suffit : Dieu crée les « luminaires » après la Terre et le texte ne les nomme même pas, les reléguant ainsi à leur place légitime : de simples objets célestes destinés à éclairer les humains yes plutôt qu’à l’adoration comme chez les Babyloniens et les Égyptiens. Abraham adorait Dieu et croyait en Sa parole, pas en des mythes mésopotamiens. Il n’y a pas la moindre indication dans la Bible qu’il ait adhéré à ces croyances à aucun moment (le fait qu’il ait longtemps vécu à Ur en Chaldée ne prouve pas qu’il y ait adhéré). Les critiques doivent à tout le moins prouver cette assertion, pas juste l’affirmer. De même, il y a des chances infinitésimales que Moïse et les Israélites de son époque aient subi l'influence de concepts égyptiens. Les Israélites se séparaient des Égyptiens, ils vivaient entre eux dans le pays de Gosen (Gen. 46:33-34 ; 47:27), avaient visiblement conservé leurs us et coutumes durant cette période et il n’y avait presque pas eu d’exogamie avec les Égyptiens à part quelques cas marginaux. Il y a donc très peu de chances qu’ils aient reçu une éducation aux côtés des Égyptiens, moins encore après leur réduction en esclavage. Quant à Moïse, s’il avait reçu une éducation égyptienne, il était aussi dépositaire de la Révélation divine, qui contraste de façon indéfectible avec les doctrines ésotériques égyptiennes.

    L’illogisme de ce genre d’argument n’a d’égal que le danger qu’il représente pour la doctrine de l’inerrance biblique. Question récurrente : pourquoi faudrait-il nécessairement que ce soient les peuplades environnantes qui aient influencé les Hébreux arf ? Pourquoi pas l’inverse ? Les faits favorisent bien plus l’idée que les peuplades dispersées à Babel ont déformé, dans leurs mythologies grossièrement païennes, la cosmologie véritable dont Noé et sa famille étaient les gardiens glasses. Toutefois, nous étendre là-dessus nous écarterait du sujet.

    À plat

    Pour vous donner un échantillon des « centaines de versets » (sic) utilisées par les adeptes d’une Bible qui enseignerait la Terre plate, nous avons Dan. 4:10-11, 20. Cependant, il s’agit d’une affirmation d’un païen (que Daniel ne fait que paraphraser au v. 20), ce qui n’implique absolument pas que la Bible entérine sa vision des choses yes. De plus, c’est une vision onirique, qui n’a plus vocation à représenter la réalité que le rêve du Pharaon en Gen. 41:1-7, avec des vaches cannibales qui ne changent pas de ligne après avoir dévoré des vaches beaucoup plus grosses qu’elles, ou des épis de blé cannibales he. Là où ça s’avère fort de café, c’est quand certains vont établir un parallèle entre ce passage et Mt. 4:8 eek. Et pourtant, le texte du verset ne dit absolument pas que le diable a montré à Jésus tous les royaumes de la terre depuis le sommet de la montagne, juste qu’il L’y a emmené et qu’il Lui a montré tous les royaumes de la Terre. Et puis soyons sérieux : si la Terre était plate et qu’une pareille montagne existait, on aurait pu la voir de partout dans le monde : Matthieu et Nabuchodonosor n ont pas pu croire à pareille calembredaine. Matthieu rapporte ici vraisemblablement selon ses propres mots et sa propre perspective le récit par Jésus a fait à Ses disciples de Sa tentation. Je ne suis pas le seul à penser que Satan a emmené Jésus à un endroit très élevé pour tenter de caresser Son égo, selon le paradigme social d’honneur et de honte de l’époque, et qu’il a créé des hologrammes des royaumes du monde et de leur gloire (que Jésus aurait eu du mal à distinguer depuis un endroit aussi élevé…) En tout cas, il s’agit là d’un cas flagrant de raisonnement circulaire : on part du principe que la Bible enseigne une Terre plate pour prouver que la Bible enseigne une Terre plate sarcastic... Bref, le « Pourquoi ? Parce que ! » des cours de récré.
    Il y a aussi Job. 37:3. Mais tout ce que ce verset implique, c’est que l’on voit des éclairs partout dans le monde. Il n’y a là rien qui exige une interprétation en faveur du platisme. Et même si c’était le cas, cela prouverait juste qu'il s’agit de ce qu’Élihu croyait, sans plus yes. La Bible n’approuve pas tout ce qu’elle relate, simple question de bon sens ^^. Idem avec Job. 11:9 parfois utilisé par ces gens-là : nonobstant le fait qu’en contexte (avec la mention de la mer, une étendue d’une longueur mesurable)‘érèṣ désigne plus probablement « la terre habitée » (l’oikouménè du Nouveau Testament, à savoir le monde connu de l’époque), il ne s’agit de toute façon là que de l’affirmation de Tsophar de Naama, un de ceux dont Dieu a dit qu’ils n’avaient pas parlé de Lui avec droiture yes. C’est comme ces gens qui citent à tort et à travers Gamaliel en Ac. 5:34-39 : on peut reconnaître un certain sens commun et une certaine sagesse à ses paroles, mais elles ne sont pas inspirées et n’ont donc pas plus d’autorité que « la nuit, tous les chats sont gris » he, d’autant moins que la réalité le réfute : dans le monde, les témoins de Jéhovah sont 8,2 millions, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours compte 15 millions de membres, l’Église catholique apostolique romaine 1,25 milliards et l’islam 1,6 milliards (chiffres de Wikipedia) . N’est à considérer comme inerrant dans les affirmations de personnages de la Bible que ce que déclarent Dieu Lui-Même ou les personnes inspirées de Dieu, notamment les prophètes et les Apôtres.

    D’ailleurs, un des versets utilisés par ceux qui voudraient que la Bible enseignât une Terre plate mérite plus ample considération puisque, justement, c’est Dieu Qui parle :
    Job. 38:13 : « pour qu’elle [l’aurore] saisisse les extrémités de la terre, et que les méchants en soient secoués ».

    Paul Seely isole ce verset de son contexte pour y voir une référence à une Terre en forme de crêpe :
    « Dans un contexte clairement cosmologique, pas juste local, ce verset parle de l’aurore qui saisit la terre par son “extrémité ou pan” (kanap ; cf. Nb. 15:38 ; 1 Sam. 15:27) et en secoue les méchants pour les faire tomber. Le verset compare la terre à une couverture ou un vêtement pris à une extrémité et secoué. Un globe ne peut pas vraiment être comparé à une couverture ou un vêtement de cette façon. On ne peut pas prendre un globe par un bout. Il n’a même pas de bout. »1

    Toutefois, le contexte du verset est clairement poétique et phénoménologique, au sens le plus absolu. Si tel n’est pas le cas, faut-il croire que le passage nous parle d’une sorte de divinité anthropomorphique de l’aurore style Éos arf ? Comment l’aurore attrape-t-elle quoi que ce soit ? Les tenanciers de cette idée ont-ils déjà vu des méchants rouler à travers la ville comme des rolling bushes de western à l’aurore arf ? Ont-ils déjà ressenti les colossales secousses tectoniques qui soulèvent la Terre à ce moment-là arf ? Il est évident que ce verset se réfère simplement à l’horizon visible « attrapé » par l’aurore chaque matin.

    Un argument à la mer !

    Seely a recours à des arguments sophistiqués et qui méritent notre attention pour tenter de prouver l’idée qu’il se fait de l’enseignement cosmologique de la Bible :
    « La mer hémisphérique (ou cylindrique) en airain installée dans la cour du temple en 1 Ro. 7:23 semble également indiquer par sa forme que l’océan était conçu comme circulaire. En effet, si un récipient d’eau circulaire n'était pas inhabituel, ce bassin d’eau aurait pu facilement être appelé simplement un bassin ou une cuve, comme c’était le cas avec l’original plus simple (Ex. 30:18). Au lieu de cela, il a été appelé une mer (yam). Ce nom de « mer » pour la cuve est un parallèle avec le nom de la cuve installée dans les temples babyloniens et appelée apsu, le mot pour l’étendue d’eau environnante et souterraine. »2

    Tout ça, c’est très bien, mais ce n’est pas parce que quelqu’un adopte la terminologie d’un autre peuple qu’il fait de même avec les croyances correspondantes, ou nous serions tous païens : nous utilisons les noms de jours de la semaine dérivés de noms de dieux païens (mardi : jour de mars, mercredi : jour de Mercure, jeudi : jour de Jupiter, vendredi : jour de Vénus, samedi : jour de Saturne) he. Et même si Salomon ou ses prêtres adhéraient effectivement à ces croyances, ça ne signifie pas plus que la Bible enseigne une Terre plate que les citations de Nabuchodonosor, d’Élihu et de Tsofar plus haut yes.

    Cet argument-ci montre déjà plus de solidité :
    « L’image biblique de la terre entourée par une mer semble se refléter dans plusieurs phrases différentes utilisées dans l’Écriture. Rudhardt nous présente une de ces phrases. Après avoir noté que dans les cosmographies de nombreuses peuplades, les eaux “forment une vaste étendue, au milieu de laquelle se trouve la terre, comme une île”, il poursuit en disant que ces eaux environnantes “peuvent être divisés en 2 océans, de chaque côté du monde”. [...] L’expression qu’il introduit est “d’une mer à l’autre”, que l’on trouve dans Ps. 72:8 et Za. 9:10b, chacun décrivant le règne géographiquement universel du Messie à venir, s’étendant de mer à mer et de la Rivière aux extrémités de la terre.
    Le contexte de ces versets, qui parlent clairement du règne géographique universel du Messie sur toutes les nations sur la terre (Ps. 72:9-11 ; Za. 9:10b ; cf. Ps. 2:8 et Mic. 5:4) implique que l’expression “d’une mer à l’autre” est une référence aux « 2 océans de chaque côté du monde » qui encadrent la terre entière, les deux océans “au milieu desquels la terre est comme une île”. L’expression « d’une mer à l’autre » fait référence à 2 masses d’eau spécifiques, mais pas à ces masses d’eau juste en soi, mais en tant que parties représentatives des « 2 océans de chaque côté du monde ». Cette compréhension de l’expression est renforcée par le fait que, en Mésopotamie, où l’on concevait une mer universelle qui entourait le monde, l’expression “de la mer inférieure à la mer supérieure” [toutes les 2 conçues comme des parties de la mer entourant le monde] désigne l’ensemble du monde connu.
     »3

    Il est vrai que ces versets coïncident avec cette conception, mais ils pourraient tout aussi bien correspondre à une vision scientifique du monde. Le langage des Écritures s’avère ici équivoque, du fait que ces versets ne nous disent rien de la nature, de l’emplacement et de la taille de ces mers. Seely ne trouve guère qu’un verset qui en dise vaguement quoi que ce soit :
    « Les termes bibliques “mer orientale” et “mer occidentale”, utilisés notamment dans Za. 14:8, où le contexte est celui de l’universalité apocalyptique, semblent également se référer aux moitiés est et ouest de l’océan qui entoure la terre. »4

    Le contexte est certes celui de l’« universalité apocalyptique », toutefois, à moins que ces mers n’entourent aussi le nord et le sud de la terre (ce que le texte du passage ne spécifie pas), on est loin de l’océan périphérique de Seely no. Si ce passage ne nous dit rien sur ces 2 mers à part une vague mention de points cardinaux, leur identification est si facile qu'elle fait consensus, et il n’y a pas là le moindre concept qui prouverait au-delà de l’ombre du doute l’océan périphérique de Seely yes.

    Dans les seuls autres endroits où l’on trouve mention de la mer occidentale, il s’agit clairement de la Méditerranée (De. 11:24 ; 34:2 ; Jo. 2:20). En fait, Seely doit être d’accord avec ça (encore qu’il puisse spéculer, à tort ou à raison, sur l’idée que les Hébreux d’après la déportation à Babylone se faisaient de son étendue, mais cela n’affecte en rien notre propos wink2).

    Il n’y a guère plus de références à la mer orientale dans la Bible, à savoir Jo. 2:20 et Éz. 47:18-19, mais le 2e passage suggère fortement une étendue d’eau à proximité, à savoir la mer Morte. Si ce n’est pas le cas, alors la frontière décrite par le Seigneur omniscient est bizarroïde : elle forme une continuité parfaite, à part une déviation brusque et très étroite loin, loin à l’est clown...

    Vivons-nous sur des îles flottantes ?

    Ps. 136:6 : « Celui Qui a étendu la terre sur les eaux, car Sa miséricorde dure à toujours ! »

    Certains théologiens voient dans la « terre » de ce verset la masse des continents au-dessus du niveau de la mer, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Seely pense de même et argumente ainsi :
    « La relation exacte entre la terre et les eaux est exprimée par la préposition ’al. La préposition ’al signifie généralement “sur”. »

    Il s'agit malheureusement du seul verset où le verbe raqa est utilisé en conjonction avec la préposition ’al. Cependant, radad, qui veut dire « battre » ou « étendre », en constitue un proche synonyme, utilisé avec la préposition ’al en 1 Ro. 6:32, qui décrit le dorage des chérubins qui couvrent l’arche d’alliance. Il est donc fort probable que la phraséologie synonyme de Ps. 136:6 fasse référence à la terre étendue sur ou par-dessus la mer, surtout si l’on fait le parallèle avec És. 40:19raqa est utilisé dans le sens de « couvrir » : de même que l’or recouvre les chérubins de 1 Ro. 6:32, la terre recouvre la mer en Ps. 136:6.

    Seely continue :
    « Le verbe “fondé’ (yasad), qui est utilisé en Ps. 24:2, veut dire fixer une base fondamentale pour un bâtiment ou un mur (1 Ro. 5:17 ; 6:37 ; 7:10, 16:34 ; Esd. 3:10-12) ou mettre quelque chose sur une base fondamentale (Cant. 5:15 ; Ps. 104:5). Avec chacune de ces 2 significations, le sens le plus naturel de ’al serait son sens premier, « sur ». Cela est confirmé par les 3 autres fois où ’al est utilisé dans l’Ancien Testament avec le verbe “fondé” (yasad) : Cant. 5:15 ; Ps. 104:5 ; Am. 9:6. Dans les 3 cas, la signification « sur » est exigée par le contexte. Ps. 104:5, en particulier, exige que ’al soit traduit par « sur » parce que tout comme Ps. 24:2, il parle de la fondation de la terre. […] Ps. 24:2 dit donc que Dieu a « fondé », c’est-à-dire fermement placé, la terre sur les mers, les mers étant une base fondamentale. Le continent-terre plat repose sur les mers. Le mot « mers » (yammim) nous rappelle Gen. 1:10b où Dieu appela les eaux du tehom assemblées « mers » (yammim) ; et cela nous révèle encore, comme en Ps. 136:6, que Gen. 1:10 déclare que le continent-terre plat a été fondé « par-dessus » (ou sur) la mer, en un lieu fixe, mais flottant sur la mer, en exact accord avec le sens historique. »5

    C’est la 2e partie qui pose problème : Seely s’est encore fourvoyé dans une prémisse infondée sarcastic. Un chrétien biblique peut tout à fait accepter l’idée que la terre se trouve « par-dessus » la mer, mais de là à dire qu’elle flotte dessus, il y a de la marge no. La 1ère partie, elle, ne pose pas la moindre espèce de problème puisque l’existence des « sources du grand abîme » (Gen. 7:11) d’où sont venues la majeure partie des eaux du Déluge est un paradigme accepté des créationnistes bibliques ^^. Il est tout à fait approprié que la terre soit décrite comme ayant « couvert » cette vaste source souterraine, et que ce qui reste de celle-ci reste mentionné dans les mêmes termes après le Déluge (Gen. 49:25 ; De. 33:13).

    Conclusion

    Nous venons de voir qu’il n’y a aucun fondement pour déduire du texte biblique une conception scientifiquement erronée de la forme de la Terre, même quand des théologiens prétendent le contraire yes. Une bonne compréhension du texte, ainsi que la réalisation de la nature équivoque de certains passages, nous prouvent encore que, contrairement aux arguments des critiques, « l’Écriture ne peut être anéantie » (Jn. 10:35) glasses, et nous démontrent aussi encore une fois l’exactitude scientifique indéfectible de la parole de Dieu, fondement des grandes découvertes à la base de la science moderne glasses.

    1. Seely, P. H., « The geographical meaning of ‘Earth’ and ‘Seas’ in Genesis 1:10 », Westminster Theological Journal 59(2):246, 1997. Revenir au texte.
    2. Ibid., p. 248-249. Revenir au texte.
    3. Ibid., p. 249. Revenir au texte.
    4. Ibid., p. 250. Revenir au texte.
    5. Ibid., p. 250-252. Revenir au texte.

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  • Le mythe de la Terre plate et le créationnisme

    Christophe Colomb
    Cristoforo Colombo (1451–20/5/1506)

    Il existe un mensonge grossier, un mythe récurrent répandu depuis environ 2 siècles par les christophobes de tout poil, qu’ils soient « chrétiens » libéraux, musulmans (le genre d’individus frustrés par la vie pour qui tous les chrétiens sont des « kaffiroun » et des « mushrikin »), New Ageux, agnostiques ou athées (ces 3 dernières catégories agissant bien évidemment en plein et entier accord avec leur vision du monde dépourvue de fondement moral objectif), d’après lequel l’Église a enseigné depuis sa création jusqu’à la révolution astronomique initiée par Copernic, pour des raisons théologiques, que la Terre est plate, et que cela a poussé les chrétiens à s’opposer au progrès de la science sarcastic. Une composante essentielle mais grotesque de ce mythe est que des chrétiens auraient persécuté Christophe Colomb parce que son voyage avait pour but de prouver que la Terre est ronde sarcastic. Nous en avons un exemple typique dans celui qui est encore (pour très peu de temps, grâce à Dieu) l’homme le plus puissant de la planète, le président des USA Barack Obama :
    « Je vais vous dire un truc. Si certains de ces gens avaient été là quand Colomb a appareillé [rires], ils doivent avoir été des membres fondateurs de la Flat Earth Society [rires]. Ils n’auraient pas cru que la Terre était ronde [applaudissements]. Nous les avons entendu, ces gens, dans le passé. »1

    Barack Hussein Obama
    Barack Hussein Obama (4/8/1961–)

    Tout à fait le genre de discours à prévoir de la part d’un promoteur de l’infanticide et de l’union des homosexuels… D’ailleurs, l’astronome créationniste Danny Faulkner a fait remarquer que c’est un des sarcasmes les plus utilisés pour taper sur les créationnistes.2 Le Pr. Jerry Bergman en a documenté plusieurs exemples, et d’après lui :
    « Une recherche sur Google de “creationists” et “flat earthers” donne 37 100 résultats, et la plupart des articles parcourus qualifient d’une manière ou d’une autre les créationnistes de “platistes”. »3

    Pr. Danny Faulkner
    Pr. Danny R. Faulkner

    Bergman écrivait en 2008, mais si vous faites cette recherche vous-même, vous verrez que le nombre de résultats atteint 1 670 000… O tempora, o mores Une des citations qu’il a données mérite que l’on s’y arrête car elle vient de ni plus ni moins que le philosophe misothéiste Daniel Dennett, très en vue dans la communauté des « nouveaux athées », pour qui, si les chrétiens :
    « […] insistez pour enseigner à vos enfants des faussetés – que la Terre est plate, que “l’Homme” n’est pas un produit de l’évolution par sélection naturelle – alors vous devez vous attendre, à tout le moins, à ce que ceux d’entre nous qui avons une liberté d’expression nous sentions libres de décrire vos enseignements comme une diffusion de mensonges, et tentions de le démontrer à vos enfants à la 1ère occasion. Notre bien-être futur – notre bien-être à tous sur la planète – dépend de l’éducation de nos descendants. »4

    Daniel Clement Dennett
    Daniel Clement Dennett (28/3/1942–)

    Fait hilarant, en faisant sa petite enquête sur les platistes (qui, répétons-le, n’ont rien à voir avec le mouvement créationniste biblique moderne), Bergman a constaté que Charles Kenneth Johnson, le précédent président du mouvement, était à moitié illettré, tout comme sa poignée de fidèles, à en juger par la correspondance postale et téléphonique qu’il a entretenue avec eux :
    « Ses lettres à mon adresse – en ce qui concerne l’orthographe, la grammaire et la logique –, étaient sans exception les pires de toutes celles que j’aie jamais reçues, y compris les lettres des élèves de primaire. »3

    Pr. Jerry Bergman
    Pr. Jerry Bergman

    Bergman dit aussi de lui :
    « Il était particulièrement hostile envers les groupes créationnistes comme ICR. »3

    Charles Kenneth Johnson
    Charles Kenneth Johnson (24/7/1924–19/3/2001)

    La citation est déjà suffisamment ironique comme ça, mais la cerise sur le gâteau, c’est cette citation du journal « Live Science » :
    « La Flat Earth Society est une organisation active actuellement dirigée par un Virginien nommé Daniel Shenton. Bien que Shenton croie en l’évolution et au réchauffement climatique, lui et ses centaines, voire ses milliers, d’adeptes dans le monde entier croient également que la Terre est un disque d’où vous pouvez tomber. »5

    Quand vous aurez fini de vous tenir les côtes, nous pourrons peut-être examiner les questions qui s’imposent, à savoir : comment ce mythe a-t-il vu le jour et fait boule de neige ? Pourquoi les christophobes l’affectionnent-ils tant ?

    Le mythe

    Robert J. Schadewald
    Robert J. Schadewald (19/3/1943–12/3/2000)

    D’après l’ancien président du NCSE (National Center for Science Education, dont le véritable but n’est pas du tout d’éduquer mais d’endoctriner la masse populaire dans la théorie de l’évolution), soi-disant expert en pseudosciences et anti-créationniste convaincu Bob Schadewald, « la théorie de la Terre plate a été associée avec le christianisme depuis le début. Plusieurs des Pères de l’Église étaient platistes. »6 D’après le Pr. Massimo Pigliucci, biologiste misothéiste, « durant la majeure partie de l’histoire de l’Occident, les chrétiens ont adopté » et le géocentrisme absolu et la théorie de la Terre plate ;7 de plus, « si la Flat Earth Society (basée en Californie) gagne suffisamment d’appui pour inonder la nation de ses partisans » et devenir « une force importante dans les élections locales et nationales », elle pourrait « [...] en venir à demander une révision de tous les programmes de sciences en astronomie [et soutenir que] les écoles devraient cesser d’enseigner ce non-sens au sujet d’une Terre ronde et [que nous devrions] avertir les élèves que s’ils voyagent assez loin, ils basculeront par-dessus le bord de la planète. Ce scénario semble ridicule ; en fait, c’est pour ça que les gens de presque tous les autres pays industrialisés se moquent de cet état de choses aux États-Unis : le statut scientifique du créationnisme n’est en rien supérieur à la théorie de la Terre plate. »8

    Massimo Pigliucci
    Massimo Pigliucci (16/1/1964-)

    D’après l’historien des sciences réputé Charles Joseph Singer, la sphéricité de la Terre fut « acceptée un certain temps avant le midi de la pensée grecque. Aristote l’affirmait clairement, et elle a été élaborée en détail par Ptolémée. » Mais lorsque le christianisme arriva sur le devant de la scène, la croyance en une terre sphérique fut « oubliée en Occident pendant mille ans, et remplacée par des constructions imaginaires sur la base des enseignements supposés de l’Écriture sainte. La sphéricité de la terre était, dans les faits, formellement démentie par l’Église, et l’esprit de l’homme occidental, pour autant qu’il eût évolué en quoi que ce soit dans cette affaire, est retourné à la vieille notion confuse d’une Terre plate modulée, avec les royaumes du monde entourant Jérusalem, le centre élu par Dieu du disque terrestre. »9

    Charles Joseph Singer
    Charles Joseph Singer (2/11/1876–10/6/1960)

    Cette allégation a été répétée dans des tripotées de références. Ainsi, « Geography: Its History and Concepts—A Student Guide », par Arild Holt-Jensen, un manuel populaire et considéré comme une référence, déclare :
    « Le Moyen-Âge fut une période sombre pour le développement de la science en Europe. Au mieux, les chercheurs ont fait des copies exactes mais stériles des ouvrages des anciens, en rejetant tout ce qui n’était pas conforme aux dogmes de l’Église. Un tel environnement intellectuel étouffait tout développement d’une analyse scientifique critique. Les concepts du monde qui avaient été mis au point dans les temps anciens furent remodelés pour se conformer à l’enseignement de l’Église. La Terre devint un disque plat avec Jérusalem en son centre. »10

    Un manuel scolaire qui fut très populaire pendant plus d’un demi-siècle dans un pays de tradition aussi chrétienne que les USA, écrit par Joel Dorman Steele (1836-1886), dont son éditeur disait qu’il était doté d’un « caractère chrétien sincère »11, affirme que lorsque Colomb demanda un soutien financier pour atteindre les Indes en navigant vers l’ouest, le « conseil des sages a déclaré que le plan était trop stupide pour mériter qu’on s’y attardât. » Jusqu’ici, ce n’est pas forcément inexact au niveau historique, comme nous le verrons plus bas ; le problème, c’est la suite : ces ecclésiastiques érudits auraient conclu que le but de Colomb était «absurde» parce qu’il était stupide « de croire qu’il y a des gens de l’autre côté du monde, marchant leurs talons vers le haut, et leurs têtes pendouillant », et ils auraient ajouté qu’un navire ne pouvait pas s’y aventurer car « la zone torride, à travers laquelle ils doivent passer, est une région de feu, où les vagues elles-mêmes bouillent. »12

    Joel Dorman Steele
    Joel Dorman Steele (14/5/1836–25/5/1886)

    Comme il fallait hélas s’y attendre, les mass-médias se sont emparés sans vergogne de cette allégation fumeuse, et d’après un article de Newsweek, lorsque l’« Église catholique a condamné Galilée en 1632 pour sa notion hérétique que la terre était un globe rond fonçant à travers l’espace autour du soleil, ce qui était son effort pour maintenir la ptolémaïque traditionnelle, le système de la Terre plate était déjà condamné. L’âge de l’exploration datait de plus d’un siècle, et les hommes sillonnaient toute la planète sans tomber par-dessus le bord. »13


    Illustration par un artiste du XVe siècle où il est présumé qu’une partie du globe était inaccessible aux humains à cause du climat torride de l’équateur. Cette vision tente de combiner une perception stylistique d’une Terre plate avec la connaissance répandue, même à l’époque, de la sphéricité de la Terre.

    Dans son best-seller sur l’histoire des sciences « The Dancing Universe: From Creation Myths to the Big Bang » (où il a la prétention de « réconcilier science et spiritualité »), le physicien théorique Marcelo Gleiser (1959-) soutient que la curiosité envers la nature a pratiquement disparue au Moyen-Âge à cause de l’influence de l’Église, qui aurait « redirigé les inquiétudes des gens ’instruits’ vers des questions théologiques abstraites ; les graines plantées par les Grecs devaient rester en sommeil pendant un certain temps […] La seule sagesse acceptable était […] théologique […] et tout questionnement sur le fonctionnement du monde était jugé superflu et dangereux pour le salut de l’âme. L’état de l’astronomie était si régressif que pendant sept cents ans, d’environ 300 à 1000, la Terre fut une nouvelle fois considéré comme plate ! »14

    Marcelo Gleiser
    Marcelo Gleiser (19/3/1859–)

    Le carnaval continue avec le juriste américain Daniel Boorstin, professeur à l’université de Chicago et ancien Bibliothécaire du Congrès, connu en France pour son essai historique « Les Découvreurs », où il déclame, dans un chapitre intitulé « La prison du dogme chrétien », qu’après l’ère ptolémaïque, le christianisme conquit la plus grande partie de l’Europe, causant :
    « un phénomène d’amnésie scientifique à l’échelle de l’Europe qui a affligé le continent de 300 à au moins 1300. Au cours de ces siècles, la foi chrétienne et les dogmes ont supprimé l’image utile du monde qui avait été si lentement, si péniblement et si scrupuleusement élaborée par les anciens géographes. »15
    À la place, d’après Boorstin, « des schémas simples déclaraient avec autorité la véritable forme du monde. » Dans un chapitre intitulé « Le retour de la Terre plate », il prétend même que presque tous les chrétiens croyaient en une Terre plate, à part quelques esprits ouverts qui admettaient la sphéricité de la Terre pour des raisons géographiques, mais niaient l’existence d’habitants aux antipodes pour des raisons théologiques…16
    Reconnaissons-lui au moins le mérite d’admettre qu’à l’époque de Colomb, la plupart des gens instruits croyaient en la sphéricité de la Terre…

    Daniel Joseph Boorstin
    Daniel Joseph Boorstin (1/10/1914–28/2/2004)

    Un manuel de biologie aussi récent que de 2004 prétend même que jusqu’au « XVIe siècle, de nombreux Européens croyait que la Terre était plate », que « les travaux d’astronomes comme Copernic et Galilée suscitèrent une controverse considérable à l’époque » et qu’à cause de l’Inquisition :
    « certains scientifiques furent exécutés pour avoir enseigné que la Terre et les autres planètes étaient en orbite autour du Soleil. Pouvez-vous imaginer vivre dans une époque où la curiosité scientifique était dissuadée à ce point, voire interdite ? »17

    Timothy Ferris
    Timothy Ferris (29/8/1944-)

    Aujourd’hui, des auteurs et des vulgarisateurs de renom répètent et propagent comme jamais le mythe. Ainsi, l’écrivain américain Timothy Ferris a écrit que l’Église a ramené la science des siècles en arrière, et qu’elle enseignait que les planètes étaient « poussées par des anges […] La fière Terre ronde fut aplatie, ainsi que le soleil chatoyant. »18 Le Pr. Herman Erlichson, physicien et historien des sciences, a écrit dans l’« American Journal of Physics » :
    « naguère […] les gens, d’une manière générale, pensaient que la Terre était plate. Les voyages d’exploration de l’époque de Christophe Colomb peuvent être considérés comme des recherches empiriques sur la forme de la Terre. »19

    Au final, selon ce mythe populaire, la plupart des chrétiens reconnurent leur erreur et acceptèrent la sphéricité de la Terre, mais les « fondamentalistes » persistèrent dans leur croyance anti-scientifique et désuète et se moquèrent de ceux qui croyaient en une Terre ronde. Si vos yeux ne sont pas sortis de leurs orbites tout seuls après ça, nous allons pouvoir rétablir la vérité.

    L’éclipse lunaire, une preuve antique de la sphéricité de la Terre

    Éclipse de lunePhotos en time-lapse de la lune pendant une éclipse partielle, montrant clairement l’ombre circulaire portée par la Terre sphérique

    Les Grecs de l’Antiquité connaissaient la sphéricité de la Terre : ils réalisaient que dans ces moments, la Terre se trouvait entre le Soleil et la Lune, et qu’elle portait toujours une ombre circulaire, sans égard à la direction, ce qui en prouvait la sphéricité. D’ailleurs, Ératosthène a utilisé la géométrie pour en mesurer la circonférence avec une erreur d’à peine 3,5%.20 Aristote (-384–-322) a dit :
    « Soit donc la terre est sphérique, soit elle est au moins naturellement sphérique. Et il est correct d’appeler chaque chose selon ce que sa nature la destine à être, et ce qui lui appartient en propre, plutôt que ce qu’elle est selon la contrainte et contrairement à la nature. Le témoignage des sens aussi le corrobore davantage. Sinon, comment les formes des éclipses de lune montreraient-elles des segments tels que nous les voyons ? En l’état des choses, les formes que la lune elle-même nous montre chaque mois sont de toutes sortes – droites, gibbeuses et concaves, mais pendant les éclipses, le contour est toujours courbé : et, comme c’est l’interposition de la Terre qui produit l’éclipse, la forme de cette ligne est causée par la forme de la surface de la Terre, qui est donc sphérique. »21

    Aristote
    Aristote (-384–-322)

    Je n’aurais pas su mieux le dire yes. Merci, Aristote smile ! Une évidence : si la Terre était plate (selon le «modèle» où la Lune voyage vers l’est sous la Terre après son coucher), la forme de l’ombre de la Terre sur la Lune serait différente selon que l’éclipse se produisît à l’apogée de la Lune ou lorsqu’elle est basse sur l’horizon. Et je ne mentionne même pas le fait que les marins avaient déjà remarqué que l’écliptique est orientée vers le sud dans l’hémisphère nord et vice-versa, une observation pratiquement inexplicable si la Terre est plate smile.

    Normal qu’ils l’eussent su : ils étaient versés en astronomie, une connaissance indispensable pour la navigation… et l’astrologie, 2 domaines d’importance dans leur société. Et bien évidemment, cette connaissance n’a été perdue à aucun moment.

    Qu’enseignait réellement l’Église primitive ?

    Jeffrey Burton Russell
    Jeffrey Burton Russell (1/8/1934–)

    Jeffrey Burton Russell, historien catholique et professeur d’histoire à l’université de Californie Santa Barbara, a démoli méthodiquement le mythe de la Terre plate il y a 25 ans dans son étude-phare « Inventing the Flat Earth ».22 Le regretté Stephen Jay Gould (1941-2002) himself, une des grandes figures de l’évolutionnisme moderne, a émis une critique favorable de ce chef-d’œuvre :
    « Il n’y a jamais eu de période d’“obscurantisme de la Terre plate” parmi les savants (quelle que soit la façon dont le grand public peut avoir conceptualisé notre planète à l’époque et maintenant). La connaissance grecque de sa sphéricité ne s’est jamais effacée, et tous les grands savants médiévaux acceptaient la rotondité de la terre comme un fait établi de la cosmologie. »

    Pr Stephen Jay Gould
    Pr. Stephen Jay Gould (10/9/1941–20/5/2002)

    Russell a démontré l’extrême rareté du platisme dans l’Église. Le plus ancien des 2 principaux tenanciers de cette idée était un rhéteur hérétique africain du nom de Lactance (245-325), qui s’était hissé au rang de conseiller de Constantin Ier. Il a rejeté toutes les idées des philosophes grecs (dont celle d’une Terre sphérique). Considéré comme hérétique par les Pères de l’Église, ses travaux furent largement ignorés jusqu’à la Renaissance, où quelques humanistes promurent ses écrits en tant que modèles de langue latine et, ce faisant, promurent ses idées de Terre plate.

    Lucius Cæcilius Firmianus Lactantius
    Lucius Cæcilius Firmianus Lactantius (v. 250–v. 325)

    Le 2e était l’obscur moine égyptien et marchand d’épices Cosmas Indicopleustès (« voyageur en Inde »), qui prétendait que la Terre reposait, plate, sous les cieux, une arche voûtée rectangulaire. Les Pères de l’Église eurent le bon jugement de rejeter en bloc son œuvre, mais les historiens libéraux l’ont en général citée comme représentative de la vision du monde des Pères de l’Église. Beaucoup d’entre eux se sont contentés de rabâcher cette idée sans vérifier les faits.22

    Constantin d’Antioche
    Constantin d’Antioche

    Des myriades de théologiens, de poètes, d’artistes, de savants et d’hommes d’État chrétiens qui déclaraient sans ambigüité la sphéricité de la Terre surpassaient largement en nombre ces 2 électrons libres. Russell fournit des documents en faveur de la sphéricité de la Terre de la part de nombreux érudits ecclésiastiques médiévaux comme le frère franciscain Roger Bacon (v. 1220-1292), surnommé le « Doctor mirabilis », d’importants scientifiques médiévaux comme Jean Buridan (1301-1358) et Nicolas Oresme (1320-1382), le moine Jean de Halifax (v. 1195-1256), auteur du « Tractatus de Sphæræ », et bien d’autres encore.

    Frère Roger Bacon Bagoon Jean Buridan Nicole Oresme Jean de Halifax
    Roger Bacon Bagoon (v. 1220–v. 1292) Jean Buridan (v. 1300–v. 1358) Nicolas Oresme (v. 1320–11/7/1382) John of Hollywood (v. 1295–v. 1356)

    Bède le Vénérable, moine, théologien, poète et historien anglais est un des promoteurs les plus connus de la sphéricité de la Terre (673-735). Fait moins connu : il était un des astronomes les plus importants de son temps. Dans son « De temporum ratione », il a calculé, entre autre choses, une date du commencement du monde de 3952 av. J.-C., a démontré comment calculer la date de Pâques, et a explicitement enseigné la sphéricité de la Terre. De là, il a démontré pourquoi la longueur des jours et des nuits change avec les saisons (encore un truc qui n’a pas lieu d’être avec une Terre plate…) et la manière dont l’attraction de la Lune cause les marées. Il était le 1er à avoir eu cette intuition, alors que Galilée avait donné une mauvaise explication des siècles après lui. D’ailleurs, en parlant de Galilée, son procès fait aussi partie de ces faits historiques détournés par les laïcistes et autres christophobes en un mythe de «christianisme vs science» quand il s’agissait en réalité de « vision du monde vs vision du monde », exactement comme le débat création-évolution.

    Saint Bède le Vénérable
    Bède le Vénérable (v. 672/673–26/5/735)

    Voici ce qu’il écrit dans son « De temporum ratione » sur la forme de la Terre :
    « Nous appelons la terre un globe, non pas comme si la forme d’une sphère était exprimée dans la diversité des plaines et des montagnes, mais parce que, si toutes choses sont incluses dans le tracé, la circonférence de la Terre représentera la figure d’un globe parfait. […] Car, en vérité, c’est un globe placé au centre de l’univers ; dans sa largeur, il est comme un cercle, et non point circulaire comme un bouclier, mais plutôt comme une boule, et il s’étend depuis son centre avec une rondeur parfaite sur tous les côtés. »23

    Saint Thomas d’Aquin
    Thomas d’Aquin (28/1/1225–7/3/1274)

    Thomas d’Aquin, le « docteur angélique », un des grands théologiens et philosophes du Moyen-Âge, a écrit dans son œuvre maîtresse, la « Somme théologique » :
    « Le physicien a un moyen de démontrer que la Terre est ronde, l’astronome en a un autre ; l’astronome fait sa démonstration par des moyens termes d’ordre mathématique, comme les figures des ellipses, etc. ; le physicien par des moyens termes observés dans la nature, tels que la chute des graves vers un centre, et autres faits de même sorte. »24

    Ailleurs, Thomas montre clairement qu’il connaît la forme de la Terre :
    « 2. Quant au lieu : car, dans une moitié de la voûte céleste il y avait la lumière, et dans l’autre les ténèbres.
    3. Quant au temps : parce que, dans une moitié de la voûte céleste, selon une partie du temps il y avait lumière, et selon une autre, ténèbres. Et c’est le sens de ces paroles : « 
    Il appela la lumière jour, et les ténèbres, nuit. »25
    La traduction est mal fichue (le snobisme chronologique a dû encore frapper frown) : au lieu de « moitié de la voûte céleste », c’est le mot qui veut dire « hémisphère » que l’original utilise.

    Pourquoi s’est-on opposé à Colomb ?

    Kirkpatrick Sale
    Kirkpatrick Sale (27/6/1937–)

    Dans une étude extensive sur Colomb, Kirkpatrick Sale a conclu qu’une des principales légendes sur lui est qu’« il voulait prouver que la Terre est ronde » et que « le fait est que n’importe quel Européen instruit de l’époque, et à coup sûr, n’importe qui d’impliqué dans l’activité maritime savait que la Terre était ronde. »26 Cela contraste violemment avec ce bel exemple de désinformation venant de plusieurs éditions du manuel d’histoire « The American Pageant », de Thomas Bailey : « Les marins superstitieux [de l’équipage de Christophe Colomb…] devinrent de plus en plus mutins […] parce qu’ils avaient peur de basculer par-dessus le rebord du monde. »23 Par ailleurs, un autre mythe assez courant prétend que les gens ont réalisé que la Terre était ronde lorsqu’ils ont vu que les bateaux s’enfonçaient en apparence sous l’horizon au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient. Mais ça devait en réalité être le contraire avant l’invention des télescopes : les marins qui atterrissaient voyaient le sommet des montagnes apparaître avant les basses terres. Quelle est donc la réelle raison de l’opposition à son encontre ?

    Thomas Andrew Bailey
    Thomas Andrew Bailey (14/12/1902–26/7/1983)

    On sait que Colomb voulait atteindre les Indes en naviguant vers l’Ouest plutôt que de passer par le cap de Bonne-Espérance. Mais pour cela, les navires devaient embarquer des vivres en suffisance pour le voyage. Il avait appris que l’astronome persan Alfraganus (800/805–870) avait estimé que chaque degré de latitude faisait 56 milles 2/3 (mesure relativement précise pour l’époque, mais moins, au final, que celle d’Ératosthène). Toutefois, Colomb pensait qu’il avait utilisé le mille romain, de 1 430 m, alors qu’il avait utilisé le mille arabe, de 1 830 m. Cela avait conduit Colomb à calculer une circonférence de la Terre inférieure d’un quart à sa valeur réelle (40 000 km). Il avait aussi fortement sous-estimé la distance entre les Canaries et le Japon, la donnant à 3 000 milles italiens, alors que la distance réelle est plutôt de l’ordre de 19 600 km.

    Alfraganus
    Abū al-ʿAbbās Aḥmad ibn Muḥammad ibn Kathīr al-Farghānī

    Comme le documente l’historien maritime américain Samuel Morison, la question réellement débattue était la taille de la Terre, pas sa forme. Les détracteurs de Colomb maintenaient que les navires ne pourraient jamais embarquer assez de vivres pour une pareille expédition, et ils avaient raison !27 Colomb a juste eu de la chance que l’Amérique lui eût barré le chemin. Il ne connaissait rien des découvertes de Leif Eriksson des siècles plus tôt – et la théorie historique qui voudrait que Cheng Ho eût découvert l’Amérique 71 ans avant Colomb est certes fascinante mais dispose de l'appui de 0 élément de preuve probant jusqu’à maintenant… En réalité, il a longtemps persisté à croire qu’il avait atterri aux Indes, et cette erreur persiste aujourd’hui dans l’appellation commune d’« Indiens » donné aux autochtones américains, et qui vient du nom d’« indios » que Colomb leur avait appliqué.

    Samuel Eliot Morison
    Samuel Eliot Morison (9/7/1887–15/5/1976)

    L’avènement du mythe de la Terre plate

    Thomas Cahill
    Thomas Cahill (29/3/1940–18/10/2022)

    Selon le théologien américain Thomas Cahill (connu pour son œuvre « The Hinges of History », où il analyse les processus qui ont donné naissance à la civilisation occidentale moderne), le mythe selon lequel l’Église « condamnait comme hérétiques tous ceux qui prétendaient que la Terre était ronde » fut « inventé par deux affabulateurs indépendants : Jean-Antoine Letronne, anticléricain du XIXe siècle, et Washington Irving ».28 En 1834, le 1er a proféré que la plupart des Pères de l’Église, dont Augustin, Ambroise et Basile le Grand, adhéraient au platisme.15 Le 2nd, de manière plus remarquable, est celui qui a contribué au 1er chef à l’expansion de ce mythe avec son roman (très peu frown) historique « Vie et Voyages de Christophe Colomb » (1828-1830), où il prétend que les gens d’église du temps de Colomb se seraient opposé à lui avec véhémence parce qu’il aurait fini par basculer par-dessus le rebord de la Terre dans le vide cosmique...28 Irving fut probablement le 1er vrai écrivain de best-sellers américain, mais il admettait lui-même avoir « tendance à donner libre cours à son imagination ».25 À tous les coups, le mythe de la Terre plate est un pur produit de celle-ci sarcastic... En vérité, si l’on lit avec attention Irving, on voit bien que son « histoire » a pour but de dépeindre le christianisme comme plein de préjugés, dogmatique et ignare, et les scientifiques comme des personnes d’une froide objectivité pesant avec les faits dans la balance (ce qui est on ne peut plus faux) et qui détiennent la vérité au final. Hélas, Irving, en bon précurseur de Dan Brown, utilisa plusieurs faits venant de références de bonne réputation pour donner l’impression d'une fiction bien documentée, ce qui fit que « le public fut faussement induit à prendre son petit jeu littéraire pour de l’Histoire ».29 Comme Morison en a conclu à raison, le récit d’Irving constitue une « bêtise malveillante ».27

    Jean-Antoine Letronne Washington Irving
    Jean-Antoine Letronne (25/1/1787–14/12/1848) Washington Irving (3/4/1783–28/11/1859)

    Le mythe de la Terre plate, arme de choc des darwinistes envers leurs détracteurs

    Mais le pire restait à venir : le mythe devait bientôt acquérir le blason de l’érudition, qui lui permettrait de servir de bâton avec lequel battre le christianisme. Il faut dire que jusqu’en 1859 (année de la publication de « De l’origine des espèces »), le mythe de la Terre plate était resté du domaine de la fiction. Or, comme les preuves de l’émergence et de la diversification des espèces vivantes par des moyens purement naturels brillaient par leur absence, les darwinistes durent bien recourir à d’autres moyens pour discréditer leurs détracteurs. J. B. Russell a documenté que parmi ces moyens se trouvait l’appropriation du mythe de la Terre plate, moyen qui s’avéra d’une remarquable efficacité. Les ennemis du créationnisme exploitèrent les quelques rares écrits qui faisaient paraître l’Église anti-science, en particulier ceux qui prônaient le mythe de la Terre plate. Ils firent leurs choux gras des écrits de Lactance et d’Indicopleustes, qui « étaient des symboles commodes en tant qu’armes contre les anti-darwinistes. Dans les années 1870, la relation entre science et théologie commençait à être décrite en des métaphores militaires. Les philosophes (les propagandistes des Lumières), en particulier Hume, avaient planté une graine en impliquant que les points de vue de la science et du christianisme se tenaient en conflit. Auguste Comte (1798-1857) a soutenu que l’humanité luttait laborieusement pour s’élever vers le règne de la science ; ses disciples ont avancé le corollaire que tout ce qui empêchait l’avènement du règne de la science était rétrograde. Leur système de valeurs percevait le mouvement vers la science comme “le bien”, de sorte que tout ce qui bloquait le mouvement dans cette direction était “le mal”. »30

    David Hume Auguste Comte
      Auguste Comte (19/1/1798–5/9/1857)

    Toutefois, ce n’est pas à cause de Letronne que ce mythe grotesque a eu droit à la promotion au rang d’idée en usage dans la république des érudits, mais essentiellement à cause de 2 christophobes fanatiques notoires : John William Draper (1811–1882) et Andrew Dickson White (1832–1918).
    L’Anglais Draper, un excellent chimiste et photographe, mais un historien catastrophique, a écrit « Les conflits de la science et de la religion » (1875), une polémique plus mal informée que Charlie Hebdo à l’encontre de l’Église. Ce cathophobe actif avait tant de haine du christianisme que lorsque le fils de sa sœur mourut, « elle mit le livre de prières du garçon sur le plateau à petit-déjeuner de Draper », ce qui le fit tant enrager qu’il la bannit définitivement de la famille beurk.31 Il ne ménageait pas sa peine pour lutter contre le christianisme.
    White, épiscopalien défroqué et fondateur de la 1ère université explicitement laïque, l’université Cornell, a écrit une « Histoire de la lutte entre la science et la théologie », en 2 volumes (1896). Il a enseigné à l’université du Michigan. Fait intéressant, des 4 diplômes de White, il en obtint 2 dans des établissements américains, un à Oxford et un à Iéna, où Ernst Haeckel, l’apôtre du darwinisme en Allemagne, enseignait wink2.
    Ces 2 compères ont utilisé de copieuses références, et le « public instruit, voyant tant d’éminents scientifiques, philosophes et savants en accord, en conclut qu’ils devaient avoir raison ».32 Ces 2-là étaient d’accord parce qu’ils s’imitaient mutuellement.

    John William Draper
    John William Draper (5/5/1811–4/1/1882)

    Ils se sont énormément basés sur Cosmas, dépeignant sa doctrine de la Terre plate comme typique du christianisme plutôt qu’ultra-minoritaire et crasseuse de la poussière de l’oubli selon la réalité. Ce sont eux, en réalité, qui sont principalement responsables de l’avènement de cette ânerie de « conflict thesis », qui prône un conflit entre religion (surtout christianisme, comme par hasard…) et science, alors que le christianisme est à l’origine de la science dont nous disposons, tandis que celle-ci est morte dans l’œuf dans d’autres contrées comme la Grèce et la Chine antiques. Draper a d’ailleurs décrit avec beaucoup de détails la cosmologie de Terre en forme de parallélogramme entouré de 4 mers de Cosmas. Il en a conclu de manière erronée : « la doctrine fut reçue comme virtuellement inspirée [par l’Église], et bientôt regardée comme une forteresse de vérité biblique que les sommités de l’Église s’appliquèrent à rendre imprenable par des travaux extérieurs de raisonnement théologique ; la masse des fidèles considéra cette doctrine comme un don direct du Tout-Puissant. »

    Andrew Dickson White
    Andrew Dickson White (7/9/1832–4/11/1918)

    D’après Colin Russell, professeur d’histoire des sciences et technologies à l’université ouverte :
    « Draper prend une telle liberté avec l’histoire, perpétuant des légendes en les élevant au rang de faits, qu’il est à juste titre évité aujourd’hui dans l’étude historique sérieuse. C’est presque aussi vrai de White, même si sa remarquable panoplies de notes de bas de page prolifiques peut donner une impression trompeuse de recherche méticuleuse. »33

    Joy Hakim
    Joy Hakim (16/1/1931–)

    Malheureusement, « beaucoup d’auteurs, grands et petits, ont suivi l’argumentaire de Draper et White jusqu’à présent. »31Joy Hakim, qui prétend que la cosmologie rectangulaire de Cosmas était le point de vue dominant au Moyen-Âge, en constitue un exemple moderne.34

    Nous avons vu plus haut que J. B. Russell a démontré l’absence criante de qualité des arguments de ces 2 gus. Il a aussi examiné une large sélection de manuels et a remarqué que ceux écrits avant 1870 donnaient une version correcte de l’histoire de Colomb, tandis que la plupart de ceux postérieurs à 1880 rabâchaient sans discernement les idées d’Irving, de Draper et de White. On devine facilement ce qu’il en a conclu… Gould aussi a conclu, après avoir examiné leurs écrits, que « le prétendu consensus médiéval et obscurantiste envers une Terre plate – est entièrement mythique »35 et que le but principal de Draper et White était de discréditer les chrétiens qui s’opposaient au darwinisme.36

    Ces 3 livres « fixèrent dans l’esprit des gens instruits l’idée que la “science” représentait la liberté et le progrès face à la superstition et la répression de la “religion” ».37 Le livre de Draper « se classe parmi les plus grands succès d’édition du XIXe siècle », et celui de White est encore imprimé aujourd’hui.38 Le livre de Draper a été en moyenne réimprimé chaque année pendant un demi-siècle après sa publication rien qu’aux États-Unis. Il a été réimprimé 21 fois en 15 ans au Royaume-Uni et traduit dans le monde entier.39

    David C. Lindberg Ronald L. Numbers
    David C. Lindberg (15/11/1935–6/1/2015) Ronald L. Numbers (3/6/1942–24/7/2023)

    D’après David Lindberg et Ron Numbers : « Aucun ouvrage – pas même “Les conflits de la science et de la religion” (1874) de John William Draper – n’a fait plus que celui de White pour inculquer dans l’esprit public le sens d’une relation d’opposition entre la science et la religion. Son “Histoire de la lutte entre la science et la théologie” reste imprimée jusqu’à nos jours, apparaissant aussi en allemand, en français, en italien, en suédois et en japonais. Sa rhétorique militante a capturé l’imagination de générations de lecteurs, et ses nombreuses références, toujours impressionnantes, ont donné à son œuvre l’apparence d’une solide érudition, éblouissant même les historiens du XXe siècle qui auraient pourtant dû être plus avertis. »

    Dans l’avant-propos de l’étude de J. B. Russell, Noble affirme que le mythe de la Terre plate « était devenu la doxa répandue de 1870 à 1920 à la suite de “la guerre entre la science et la religion”, lorsque pour beaucoup d’intellectuels en Europe et aux Etats-Unis, toute religion est devenue synonyme de superstition et que la science est devenue la seule source légitime de vérité. Ce fut pendant les dernières années du XIXe siècle et les 1ères du XXe que le voyage de Colomb devint un symbole si répandu de la futilité de l’imagination religieuse et du pouvoir libérateur de l’empirisme scientifique.»40

    Gould a aussi conclu que c’est le conflit création vs évolution qui a donné naissance au mythe de la guerre de la religion contre la science :
    « Autre similarité intéressante, les deux hommes [Draper et White] ont développé leur modèle fondamental de science versus théologie dans le contexte d’une lutte séminale et contemporaine trop facilement vue sous cet éclairage – la lutte pour l’évolution, en particulier pour la version laïque de Darwin basée sur la sélection naturelle. Aucune question, depuis Galilée, n’avait autant contesté les opinions traditionnelles sur le sens profond de la vie humaine et, de ce fait, autant touché à un domaine de la recherche religieuse. Il ne serait pas exagéré de dire que la révolution darwinienne a déclenché directement cette conception influente de l’histoire occidentale du XIXe siècle d’une guerre entre deux catégories taxonomiques désignées des noms de science et de religion. »36

    Leur argument, ainsi que celui des christophobes d’aujourd’hui qui adhèrent à ce mythe, était que de même que l’Église manquait de sens de s’opposer à la probation par la science de la sphéricité de la Terre, elle commet une erreur en s’opposant au darwinisme.22 Bref, les défenseurs du darwinisme qui ridiculisent leurs critiques comme quoi ils ne valent pas mieux que des platistes adhèrent à un mythe que les darwinistes eux-mêmes ont créé sarcastic... En fait, le succès du livre de Draper était dû en grande partie à la « controverse sur l’évolution et la descente de l’homme ».40 Il a fourni d’importantes munitions dans la guerre humaniste contre les créationnistes, ce qui venait à point vu la mollesse du genou du darwinisme au niveau scientifique.

    Récapitulation et conclusion

    La théorie de la Terre plate n’a strictement rien à voir avec le créationnisme biblique, et le mouvement correspondant est tout à fait marginal. De plus, presque personne dans la chrétienté n’a enseigné la Terre plate à part Lactance et Cosmas Indicopleustes, des électrons libres. Quant à Christophe Colomb, son voyage vers les Indes par l’ouest n’avait rien à voir avec une tentative de prouver la sphéricité de la Terre. Le mythe selon lequel christianisme = Terre plate a vu le jour avec Jean-Antoine Letronne et Washington Irving, ce dernier ayant fait comme Dan Brown en mélangeant fiction passionnante et faits historiques pour faire passer un mensonge éhonté dans le grand public. Mais ce fut lorsque des intellectuels comme J. W. Draper et A. D. White reprirent ce mythe et, pour pallier au manque de preuves scientifiques convaincantes du darwinisme de l’époque (pas que ça ait beaucoup changé depuis), l’amplifièrent pour s’en servir comme d’un puissant bâton d’iniquité pour battre la chrétienté comme plâtre que ce mythe adopta sa forme finale, telle que nous la connaissons de nos jours :
    « Si les chrétiens avaient persisté pendant des siècles dans l’idée que la Terre est plate face à des preuves claires et disponibles, ils devaient être non seulement des ennemis de la vérité scientifique, mais des ennemis méprisables et pitoyables. L’Erreur, qui avait existé sous forme de graine du temps de Copernic et avait été plantée par Irving et Letronne au XIXe siècle, était maintenant arrosée par les progressistes pour en faire un sous-bois luxuriant et enchevêtré. L’Erreur était ainsi englobée dans une controverse beaucoup plus vaste : la prétendue guerre entre la science et la religion. »41

    Aujourd’hui, bien que ce mythe grotesque ait été démoli par l’étude de J. B. Russell, il est encore utilisé pour prétendre que le christianisme a une longue tradition de persécution des scientifiques.42 Ainsi, nous avons Robert Murdoch Youngson qui a prétendu que Giordano Bruno avait été brûlé vif pour avoir adopté des idées scientifiques, dont une opposition à la croyance de l’Église « selon laquelle la Terre est plate et soutenue par des piliers ».43 L’historien de l’astronomie John David North a conclu que jusqu’à maintenant, le mythe de la Terre plate « est un mythe commun – perpétué, semble-t-il, par la plupart des enseignants de jeunes enfants – comme quoi Christophe Colomb aurait découvert que la Terre est ronde. »44

    En ne citant que des sources secondaires, les propagandistes de ce détestable mythe ont fait exactement ce qu’ils accusent les chrétiens de faire – et que les darwinistes font aujourd’hui – et ont ainsi créé un « ensemble de fausses connaissances en faisant référence les uns aux autres plutôt qu’aux preuves ».45 La vraie histoire, c’est qu’il y a bien une guerre entre science et religion, mais c’est la faction évolutionniste usurpatrice qui a investi la majorité de la communauté scientifique qui livre cette guerre aux croyants. Un exemple frappant de cette guerre est le fait que White et ses imitateurs ont déformé l’histoire pour servir des buts idéologiques bien à eux.

    1. Obama, B. H., discours sur l’énergie au Prince George’s County Community College, Largo, Maryland, 15/03/2012. Revenir au texte.
    2. Faulkner, D. R., « Creation and the flat earth: Columbus and modern historians », Creation Matters 2(6):1, 1997. Revenir au texte.
    3. Bergman, J., « The flat-earth myth and creationism », Journal of Creation 22(2):114, 2008. Revenir au texte.
    4. Dennett, D., « Darwin’s Dangerous Idea: Evolution and the Meaning of Life », p. 519, 1995. Revenir au texte.
    5. Wolchover, N., « Ingenious ‘Flat Earth’ Theory Revealed In Old Map », Live Science 23/06/2011. Revenir au texte.
    6. Schadewald, R. J., « Scientific creationism, egocentricity, and the flat earth », Skeptical Inquirer, p. 44, hiver 1981. Revenir au texte.
    7. Pigliucci, M., « Denying Evolution: Creationism, Scientism, and the Nature of Science », pp. 38, 2002. Revenir au texte.
    8. Ibid., p. 177. Revenir au texte.
    9. Singer, C., « Studies in the History and Method of Science », p. 352, 1917. Revenir au texte.
    10. Holt-Jensen, A., « Geography: It’s History and Concepts—A Student Guide », p. 11, 1980. Revenir au texte.
    11. Steele, J. D., « Popular Physics », préface de l’éditeur, 1888. Revenir au texte.
    12. Steele, J. D. et Steele, E. B, « A Brief History of the United States », p. 21, 1885. Revenir au texte.
    13. Anon., « The flat earthers », Newsweek, p. 8, 13/01/1969. Revenir au texte.
    14. Gleiser, M., « The Dancing Universe: From Creation Myths to the Big Bang », p. 59, 1997. Revenir au texte.
    15. Boorstin, D., « Les Découvreurs », p. 100, 1983. Revenir au texte.
    16. Ibid., p. 108. Revenir au texte.
    17. Raver, J., « Biology: Patterns and Processes of Life », p. 89, 2004. Revenir au texte.
    18. Ferris, T., « Coming of Age in the Milky Way », p. 45, 1988. Revenir au texte.
    19. Erlichson, H., « Science for generalists », American Journal of Physics 67(2):103, 1999. Revenir au texte.
    20. Faulkner, D. R., « Creation and the flat earth: Columbus and modern historians », Creation Matters 2(6):1, 1997. Revenir au texte.
    21. Œuvres d’Aristote, I, p. 389. Revenir au texte.
    22. Russell, J. B., « Inventing the Flat Earth: Columbus & Modern Historians », 1991. Revenir au texte.
    23. Sarfati, J. D., « The flat-Earth myth », Creation 35(3):20–23, 04/2013. Revenir au texte.
    24. Thomas d’Aquin, « Somme théologique », 1ère partie de la 2de partie, question 54, article 2, réponse à l’objection 2. Revenir au texte.
    25. Op. cit., 1ère partie, question 67, article 4, solution. Revenir au texte.
    26. Cité in Sanoff, A., « The myths of Columbus », U.S. News and World Report, p. 74, 8/10/1990. Revenir au texte.
    27. Morison, S. E., « Admiral of the Ocean Sea: A Life of Christopher Columbus », p. 89, 1942. Revenir au texte.
    28. Cahill, T., « Mysteries of the Middle Ages: The Rise of Feminism, Science, and Art from the Cults of Catholic Europe », p. 224, 2006. Revenir au texte.
    29. Russell, réf. 22, p. 52. Revenir au texte.
    30. Op. cit., p. 35. Revenir au texte.
    31. Op. cit., p. 37. Revenir au texte.
    32. Op. cit., p. 46. Revenir au texte.
    33. Russell, C. A., « The Conflict of Science and Religion », in : « Encyclopedia of the History of Science and Religion », p. 15, 2000. Revenir au texte.
    34. Hakim, J., « The Story of Science: Aristotle Leads the Way », p. 203, 2004. Revenir au texte.
    35. Gould, S., « Dinosaur in a Haystack », p. 41, 1995. Revenir au texte.
    36. Ibid., p. 47. Revenir au texte.
    37. Russell, réf. 21, p. 38. Revenir au texte.
    38. Gould, réf. 35, p. 44. Revenir au texte.
    39. Russell, réf. 21, p. 41. Revenir au texte.
    40. Noble, D., préface de Russell, J. B., « Inventing the Flat Earth », p. x, 1991. Revenir au texte.
    41. Russell, réf. 21, p. 43. Revenir au texte.
    42. Garwood, C., « Flat Earth: The History of an Infamous Idea », p. 204, 2007. Revenir au texte.
    43. Youngson, R., « Scientific Blunders », p. 282, 1998. Revenir au texte.
    44. North, J., « The North History of Astronomy and Cosmology », p. 226, 1995. Revenir au texte.
    45. Russell, réf. 21, p. 41. Revenir au texte.

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  • Réfutation de la théorie de la Terre plate


    La tête que je fais quand vous admettez que vous croyez que la Terre est plate.

    Nous voici arrivés au point d’orgue de cette série. Je n’en reviens toujours pas que je me retrouve obligé de publier un truc pareil eekC’est la faute à Internet, qui a une façon particulière d’abrutir les gens : l’aspect « toutes-les-infos-sur-un-plateau-d’argent-sans-se-casser-le-tronc », les gens, purs produits d’une société où lon n’a guère à se fouler autrement qu’à grands coups de pleurniche pour avoir ce que l’on désire, ne se cassent pas la tête pour réfléchir sur les informations proposées, ni pour les vérifier. Ajoutez à cela le rejet toujours croissant des figures d’autorité dans notre société – conséquence directe du rejet de l’Autorité Ultime, à savoir Dieu –, qui pousse les gens à se définir comme anti-ceci et anti-cela plutôt que pro-quelque-chose (pro-Bible, par exemple), ainsi que la course effrénée de la vie, mal de notre temps inducteur de stress et de je-m’en-fichisme, et vous pouvez comprendre pourquoi ils avalent les canulars et les couleuvres tout rond comme un serpent gobe un œuf du jour. Je dirais même plus, c’est précisément la boulimie d’informations venant du net qui les pousse à moins faire fonctionner leur cervelle : ils ont une vie en dehors du cyberespace pour la plupart (pas tous) et ils n’estiment pas avoir de temps ni d’énergie et encore moins de bande passante émotionnelle à consacrer à une vraie réflexion sur toutes ces choses. C’est ainsi qu’il suffit qu’un gus qui prétend être un intellectuel aligne des arguments sophistiqués – ou même plus simplement des phrases sophistiquées (non, je ne pense pas à Alain Soral mais c’est vrai que j’aurais pu he) – pour faire illusion et s’octroyer tout un groupe de suiveurs dociles qui se sentent tout glorieux de détenir une vérité que le reste du monde n’a pas. Une recette très efficace pour endoctriner : la personne se définissant ensuite par cette connaissance privilégiée, l’amener par la suite à remettre celle-ci en question relève de la gageure. Cela vaut pour toutes les formes de théorie du complot, d’ailleurs, pas uniquement celle de la Terre plate.

    Mais entrons dans le vif du sujet. J’estime que les platistes ne peuvent réfuter les arguments en faveur de la sphéricité de la Terre qui vont suivre. Ces arguments font simplement appel à la raison, et certains sont si accessibles que les civilisations antiques les comprenaient très bien cool.

    Terre et Lune


    Si, si, la Terre est ronde.

    J’ai déjà parlé de la manière dont les éclipses de Lune prouvent la sphéricité de la Terre dans l’épisode précédent, je n’y reviendrai donc pas. Je vous invite à le lire si ce n’est pas déjà fait.

    Les phases de la Lune représentent une autre preuve : dans la vraie vie, tout le monde sur Terre peut voir la même phase de la Lune à un moment donné (d’où la possibilité de l’inscrire sur les calendriers sans avoir à préciser le lieu), et la Lune a à peu près la même taille apparente (sauf dans les films romantiques). Si la Lune et le Soleil gravitaient en permanence au-dessus d’une Terre plate (un modèle différent de celui mentionné dans l’épisode précédent), leurs tailles apparentes varieraient énormément, et une personne verrait une phase différente d’une autre qui serait à l’autre bout de la Terre.

    Au lieu de cela, une personne avec un télescope peut observer l’ombre de la Terre s’allonger à la surface de la Lune, et une personne de l’autre côté de la Terre peut prendre le relais et continuer à observer cette ombre progresser lorsque la Lune s’enfonce sous l’horizon de la 1ère personne. Il y a des globes oculaires partout sur notre chère boule (si, si) d’argile, la progression de la Lune (et du Soleil) est continue yes.

    Taches solaires

    De plus, quand on regarde l’ombre ramper sur les mers et les cratères de la Lune, il apparaît clairement que la Lune est sphérique. Nous pouvons aussi observer les taches solaires qui se déplacent sur la surface de l’astre du jour, et elles se comportent exactement comme si le Soleil était une sphère, ce qu’il est, bien évidemment. Si les preuves de la sphéricité des autres corps célestes du système solaire sont aussi écrasantes, alors pourquoi pas la Terre smile ?

    Les objets qui disparaissent derrière l’horizon

    John of Hollywood
    Jean de Halifax (v. 1195–v. 1256)

    Les gens ont souvent remarqué que lorsqu’un voilier atterrit, ce sont ses voiles qui apparaissent en 1ères : la partie supérieure du voilier devenait visible tandis que la partie inférieure était encore masquée par la courbure de la Terre. Pareil pour un observateur sur le pont d’un bateau : il voyait les hautes terres et les reliefs élevés apparaître en 1ers pour la même raison. Jean de Halifax, qui a déjà été mentionné dans l’épisode précédent, l’a bien expliqué dans son « Tractatus de Sphæræ » :
    « Que l’eau ait une courbure et soit approximativement ronde est montré ainsi : soit un signal placé sur la côte et un navire qui quitte le port et s’en élève si loin que l’œil d’une personne debout au pied du mât ne puisse plus discerner le signal. Pourtant, si le navire est arrêté, l’œil de la même personne, si elle grimpe au sommet du mât, verra le signal clairement. Pourtant l’œil d’une personne au bas du mât devrait voir le signal mieux que celui qui est au sommet, comme le montrent des lignes droites qu’on tracerait de chacun d’eux vers le signal. Et il n’y a pas d’autre explication de cette chose que la courbure de l’eau. »1

    Vous avez un exemple pratique avec cette photo de la tour CN de Toronto, Canada, depuis Olcott, district de New-York, USA, à 63 km de là :
    tour CN de Toronto, Canada, depuis Olcott, district de New-York, USA, à 63 km de là
    Le tiers le plus bas de la tour, ainsi que les buildings beaucoup plus petits autour d’elle, sont invisibles. Pareil avec les bases des grands buildings à côté. Et il ne servirait à rien d’utiliser un télescope pour les distinguer : c’est la courbure de la Terre qui les occulte.

    Mais ce n’est pas fini : si vous vivez en bord de mer ou si vous le fréquentez, vous aurez sûrement remarqué que certains points le long du rivage sont invisibles d’où vous êtes. Mais si vous faites un bout de chemin jusqu’à l’endroit du rivage le plus lointain que vous pouviez voir au départ, vous apercevrez de nouveaux objets devant vous, et certains objets que vous pouviez voir derrière vous auront disparu à vos yeux. L’explication la plus simple est la courbure de la Terre. Vous pouvez essayer vous-même wink2.

    Promenade en bord de mer

    Qui plus est, le soleil se lève chaque matin et se couche chaque soir. Nous pouvons observer (avec de bonnes lunettes de soleil de préférence) le disque solaire s’élève par-dessus l’horizon ou sombrer par-dessous peu à peu. Il ne rétrécit pas de diamètre apparent, ce qui devrait pourtant être le cas s’il s’éloignait petit à petit.

    Coucher de soleil

    De plus, vous avez peut-être déjà vu le sommet d’une haute colline ou d’une montagne ensoleillé juste avant l’aurore ou peu après le coucher du soleil. Ce n’est possible que parce que la courbure de la Terre occulte le Soleil quand on regarde depuis les basses terres, alors qu’elle n’occulte pas le rayon de soleil qui frappe le sommet de la colline ou de la montagne.

    Il y a aussi le phénomène des nuages noctilucents : des cirrus, très haut dans l’atmosphère (80 km environ), trop tenus pour être visibles de jour, mais visibles peu avant l’aurore ou juste après le coucher du soleil, lorsque le reste du ciel est sombre. Cela se peut car les cristaux de glace qui composent ces cirrus reflètent les rayons du soleil, tandis que la courbure de la Terre plonge dans la pénombre les nuages à plus basse altitude.

    Nuages noctilucents

    Par ailleurs, vous aurez beau utiliser un super-méga-télescope de la puissance du télescope spatial Hubble, vous ne pourrez jamais voir le soleil la nuit, car on ne peut pas voir à travers la Terre ! Et non, contrairement à ce que ces vidéos mensongères prétendent mad, le Soleil ne se comporte pas « comme un projecteur », c’est une sphère et c’est pour ça qu’il a toujours l’apparence d’un disque sans égard à l’endroit de la Terre d’où l’on l’observe.

    En plus, si vous avez déjà utilisé ou vu utiliser un projecteur ou même une simple lampe-torche la nuit, vous savez que l’on peut le ou la voir depuis le côté. Mais même en admettant que la lumière qui vient du soleil a une direction parfaitement uniforme au départ (ce qui serait la fin du monde, clin d’œil aux prophètes d’apocalypse de 4 sous sur le net, pseudo-chrétiens ou pas), sitôt qu’elle atteint l’atmosphère, elle se disperse. Cela fait que le ciel bleuit dès l’aurore, même du côté le plus éloigné du soleil. Mais si le Soleil se comportait vraiment comme un projecteur éclairant une Terre plate, invisible lorsqu’il ne nous éclaire pas, une très grande partie du ciel resterait bleue la nuit.

    Station d’observation

    D’autre part, nous savons grâce à l’observation des satellites artificiels que ceux-ci font le tour du monde et reviennent à leur point de départ. Il faut un certain nombre de stations d’observations, car le satellite a ce que l’on appelle une ligne de visée : les ondes radio qu’il envoie ne peuvent pas traverser la masse du globe, et une station doit se trouver dans le « champ de vision » du satellite pour recevoir les ondes qu’il transmet. Ainsi, quand le satellite disparaît sous l’horizon d’une station d’observation, il s’en trouve une autre au-delà qui peut le recevoir, et ainsi de suite tout autour de la Terre, que ce soit selon une orbite polaire ou équatoriale. Mais si la Terre est plate, pourquoi ce problème de ligne de visée ? C’est grâce à ces satellites que nous avons les mesures scientifiques qui nous permettent d’affirmer que la Terre est un ovale quasi-sphérique.

    Les problèmes de parallaxe

    Ératosthène
    Ératosthène (v. -276-v. -194)

    Non, il ne s’agit pas d’un super-vilain qui aurait eu maille à partir avec la Ligue des Justiciers d’Amérique. La parallaxe, en termes très simples, est l’incidence du changement de position d’un observateur sur ce qu’il observe. Vous pouvez illustrer cela vous-même : faites un cercle avec le pouce et l’index de votre main droite (ou gauche si vous êtes gaucher) et mettez-là 10 cm devant votre visage, puis fermez un œil. (Eh bien, allez-y, faites-le, qu’attendez-vous smile ?) Ensuite, rouvrez l’œil et fermez l’autre. Vous constatez que le cercle de vos doigts semble avoir changé de place, et c’est normal car vos yeux ne sont pas au même endroit (comme dirait l’autre tongue…). Recommencez ensuite avec le cercle de vos doigts aussi loin que possible du visage. Vous constaterez que le « décalage » est moins prononcé. Voilà, en gros, la parallaxe, c’est ça.
    Grâce à la parallaxe, 2 observateurs à 2 endroits différents de la Terre peuvent mesurer l’éloignement d’un objet céleste rien qu’avec un peu de trigonométrie (il suffit de connaître la célébrissime formule « sohcahtoa »2 et d’avoir sous la main ne serait-ce qu’une calculatrice scientifique pour calculer les sinus, cosinus et tangentes réciproques). Jetez un œil à l’image ci-dessous :

    Il suffit de connaître la distance d et les angles A et B pour calculer D. Il existe même plusieurs moyens pas compliqués pour un sou (sauf si vous n’avez pas le bac) pour ce faire, et le problème est encore plus simple si A ou B se trouve être égal à 90 °. Cette méthode ressemble à celle qu’Ératosthène (eh oui, encore lui, un vrai poison pour les tenanciers de la Terre plate, ç’ui-là clown) a utilisée pour calculer la circonférence de la Terre. Il est possible d’utiliser cette méthode pour estimer la distance Terre-Lune, comme l’a fait Hipparque au IIe siècle av. J.-C. (et vous pourriez le faire vous-même aussi si l’envie vous en prenait). Il est bien entendu parti du principe que la Terre est ronde pour ses calculs et il a obtenu un résultat avec une erreur inférieure à 10 % – nous savons aujourd’hui que la distance Terre-Lune est en moyenne de 384 400 km environ (sauf si la trigo fait partie du complot de la NASA). Par contre, pour ce qui est de la distance Terre-Soleil, les choses se compliquent : le Soleil est si éloigné que la parallaxe est insignifiante (8 secondes d’arc) ; en d’autres termes, et A et B font pratiquement 90 °.

    Hipparque
    Hipparque (v. 190–v. 120)

    Qu’est-ce que ça donnerait si la Terre était plate ? Supposons ceci : une personne quelque part sur notre chère bou… oh pardon clown, galette d’argile mesure l’angle A au lever du soleil. Une autre personne, à l’autre bout de la Terre (littéralement) mesure l’angle B au même moment, c’est-à-dire au coucher du soleil. Elles obtiennent toutes les deux 90 °, soit 0 ° pour les angles opposés à A et B. Mais ça ne serait possible que si le Soleil se trouvait posé sur la Terre (voir la partie droite du dessin) !!! Risible, non happy ?

    Le modèle de la Terre plate se heurte à des problèmes mathématiques insolubles en directe contradiction avec l’observation. Ainsi, une étoile précise qui semblera au zénith pour un observateur à l’Équateur se trouvera tout près de l’horizon pour un observateur au Pôle, et vice-versa. Or, l’un ou l’autre de ces observateurs déclarera que l’étoile en question est loin au-dessus de lui. Si la Terre est plate, l’étoile en question ne peut être à la fois loin au-dessus de la Terre et dans le plan de la Terre, ce serait absurde. Cela vaut aussi dans l’axe est-ouest (par exemple, si un observateur est à Paris et l’autre à Pékin). En fait, même la Lune se trouve trop loin pour le modèle de la Terre plate.

    Vu d’ici, il n’y a presque pas de relief à la surface du Soleil, aussi est-il difficile pour 2 observateurs à des endroits différents de la planète de choisir le même point à observer (surtout avec une marge d’erreur de 8 secondes...). Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que l’on a pu déterminer l’éloignement du Soleil, et seulement après plusieurs calculs de parallaxe déduits de mesures du transit de Vénus (le temps qu’il a fallu à Vénus pour traverser l’Écliptique) en 1761. D’ailleurs, les mesures ont dû être réalisées à la seconde près pour avoir une quelconque utilité. Le résultat fut de 153 millions de km, soit moins de 3 % d’erreur – la valeur moyenne dont nous disposons aujourd’hui est de 149,6 millions de km. Cette valeur est indéniable, sauf bien sûr si les tenanciers de la Terre plate insistent, comme à l'accoutumée, pour dire que « sa fé parti du komplau d la nazah » happy...

    D’autre part, nous savons que la Lune et le Soleil ont pratiquement la même taille angulaire (environ un demi-degré). C’est pour cette raison que les éclipses solaires totales sont possibles. Or, si l’on applique le théorème à ce cher vieux Thalès, cela signifie que le rapport entre la taille des 2 objets célestes est le même que celui entre leurs éloignements respectifs. Vous pouvez calculer à partir des valeurs données plus haut, ça fait environ 389 fois. Et pourtant, vous avez les platistes – ainsi d’ailleurs que certains géocentristes – qui rejettent d’un revers de main les preuves trigonométriques (et autres) évidentes en faveur du gigantisme des corps célestes, notamment le Soleil.

    Les fuseaux horaires

    Fuseaux horaires

    Il s’agit sans doute là de l’une des preuves les plus évidentes, à notre époque, de la sphéricité de la Terre. Le modèle de la Terre plate où le soleil passe sous la Terre la nuit implique que toute la surface est éclairée par le soleil en même temps, et que les heures du lever et du coucher de soleil sont les mêmes pour tout le monde sur Terre. Il n’en est bien sûr rien. En 2004 encore, Francis Cabrel chantait :
    Si je savais tourner autour de la Terre,
    Si je savais comment faire,
    Si j’avais ce don,
    Je me collerais contre tes volets de fer,
    J’y resterais tant qu’à faire
    Pour de bon.

    Grâce au développement des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), les rêves de correspondance de Cabrel sont presque devenus réalité, mais il y a un prix à payer. Un pasteur américain de mes amis, qui officiait à Montpellier, se plaignait souvent de la difficulté à contacter ses amis aux USA, surtout ceux en Californie : il y a 9 h de décalage entre San Francisco et Montpellier ! Il se retrouve régulièrement sans le vouloir à réveiller ses amis de là-bas à des heures indues, tandis que ceux-ci le réveillent parfois au beau milieu de la nuit inopinément… Vous qui lisez ceci avez peut-être des amis dans un pays lointain avec qui vous communiquez par la magie d’Internet, vous aurez sans doute eu l’occasion de constater l’écart horaire entre vous. J’ai même une fois tchatté en début d’après-midi avec un Vénézuélien alors que la nuit était avancée pour lui !

    Ce phénomène est bien connu en notre ère de communication mondialisée, mais sa connaissance ne date pas d’hier : redonnons le micro à Jean de Halifax qui, ne l’oublions pas, écrivait au XIIIe siècle (!) :
    « Aini, que la Terre soit ronde nous est démontré. Les signes et les étoiles ne se lèvent ni ne se couchent pour tous les hommes partout, mais se lèvent et se couchent plus tôt pour ceux de l’est que pour ceux de l’ouest ; et il n’y a d’autre cause à cela que la courbure de la terre. De plus, les phénomènes célestes mettent en évidence qu’ils se lèvent plus tôt pour les Orientaux que pour les Occidentaux. Car une seule et même éclipse de lune qui nous apparaît à la 1ère heure de la nuit apparaît aux Orientaux vers la 3e heure de la nuit, ce qui prouve que la nuit et le coucher du soleil sont arrivés sur eux avant d’arriver sur nous, c’est la courbure de la Terre qui en est la cause. »3

    En fait, le Seigneur Jésus Christ était au courant de ce phénomène il y a 2 000 ans de cela (normal pour le Créateur glasses) puisqu’en Lc. 17:34-35, en parlant de Son 2d Avènement, Il dit :
    « Je vous le dis, en cette nuit-là, de deux personnes qui seront dans un même lit, l’une sera prise et l’autre laissée ; de deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée. »
    Inutile de préciser que si 2 personnes sont au lit, c’est parce qu’il fait nuit. Cependant, dans le même passage, le Seigneur nous dit que des femmes moudront le grain au même moment, ce qui se fait le matin. Dans le passage parallèle, à savoir Mt. 24:40-41, Il nous parle de 2 hommes dans un champ, et il va de soi que cela implique qu’il fait jour.

    Nicholas Thomas Wright
    Nicholas Thomas Wright (1/12/1948–)

    Soit dit en passant, et comme le prêtre anglican spécialiste du Nouveau Testament N. T. Wright, entre autres, aime à le faire remarquer, Jésus, comme tous les rabbins, répétait des centaines de fois ce qu’Il prêchait dans la culture orale de l’époque. Il fallait bien que les Évangélistes choisissent quelle version citer (Jn. 21:25), vu le prix du papyrus à l’époque - non, ça n’invalide absolument pas la doctrine de l’inerrance biblique. Les christophobes de toute persuasion qui poussent les hauts cris comme quoi les versions différentes des paroles de Jésus dans les Évangiles prouvent leur non-authenticité ne démontrent donc que leur ignoraance crasse.

    Nous pouvons mentionner une corollaire en tant que preuve de la sphéricité de la Terre : partout sur la planète, nous verrons toujours le Soleil se déplacer à 15 ° à l’heure dans le ciel. Si le Soleil tournait autour d’une Terre plate, il aurait l’air de se déplacer plus lentement pour ceux qui habiteraient près de l’Équateur, et plus rapidement pour ceux qui se trouveraient près des Pôles.

    La carte du ciel

    Carte du ciel

    Si vous vous trouvez, comme moi actuellement, dans l’hémisphère nord, et que la pollution lumineuse vous le permette, vous pouvez admirer l’Étoile Polaire par nuit dégagée. Ceux de l’hémisphère sud, eux, peuvent contempler la Croix du Sud dans les mêmes conditions. Pour cette raison, cette constellation apparaît sur les drapeaux du Brésil, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.

    Une certitude : si vous résidez dans l’hémisphère nord, vous ne pourrez pas voir la Croix du Sud, pas même en pointant le plus puissant des télescopes aussi au sud que possible. Idem avec l’Étoile Polaire pour ceux de l’hémisphère sud. De plus, la disposition des constellations dans le ciel diffère selon l’hémisphère. Et c’est normal car la Terre est sphérique ! Impossible de l’expliquer de manière satisfaisante si la Terre est plate.

    J’ai déjà parlé du changement de l’orientation de l’écliptique selon l’hémisphère d’observation dans l’épisode précédent, je n’y reviendrai pas. Une autre illustration de ce phénomène est le fait que si l’on prend des photos du ciel nocturne en time-lapse dans l’hémisphère sud, on s’aperçoit que les étoiles tournent dans le sens des aiguilles d’une montre autour de la Croix du Sud – ou plutôt du Pôle Sud céleste. Or, dans l’hémisphère Nord, les étoiles tournent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre autour du Pôle Nord céleste. Encore une bizarrerie (pour employer un euphémisme) si la Terre est plate.

    Et puisque nous parlons de rotation, c’est un fait bien connu qu’en vertu de la force de Coriolis, les vents des cyclones et des tempêtes tournent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère sud, et dans le sens contraire des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord. Si la Terre était un disque tournant sur lui-même, ils devraient tourner dans la même direction sans égard à la position par rapport à l’Équateur (mais bon, je suppose que « lé météorrologes son dan l koue » aussi clown).

    Il est où, le Pôle Sud ?

    L’image ci-dessus représente la vision des platistes : un immense anneau de glace antarctique, au sud de chaque point de la Terre, encercle celle-ci. En d’autres termes, le Pôle Sud n’existe pas selon eux.

    Pourtant, Madagascar et la Turquie se trouvent sur le même fuseau horaire, mais à une heure donnée de la nuit, les Stambouliotes peuvent apercevoir l’Étoile Polaire alors qu’à Fort-Dauphin, on contemple la Croix du Sud. De plus, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud ont des fuseaux horaires diamétralement opposés, toutefois, les Sud-Africains et les Néo-Zélandais peuvent voir les mêmes constellations chaque nuit. Dans le modèle de la Terre plate, ils devraient au contraire voir des constellations bien différentes. Et quid de la base antarctique Amundsen-Scott, à 250 m du Pôle Sud et habitée à longueur d’année ? Ils ne sont pas à quelques centaines de mètres d’un mur de glace géant à la « Game of Thrones »…

    Le tour du monde en un rien de temps

    Jean de Bourgogne
    Jehan de Bourgogne (v. 1300–17/11/1372)

    J’ai déjà parlé in extenso de la nature mythologique de l’histoire comme quoi Colomb aurait voulu entreprendre son voyage pour prouver la rotondité de la Terre. Par contre, comme je l’ai déjà dit, là encore, il est vrai qu’il était tout à fait conscient (comme tous les gens instruits de l’époque) que si l’on voyageait assez longtemps vers l’est ou vers l’ouest, on finirait par revenir au point de départ. En fait, plus d’un siècle avant Colomb, le « Voyage autour de la Terre » de Jean de Mandeville fait état de cette connaissance : c’est un récit fictif où l’auteur présuppose que ses lecteurs savent que la Terre est ronde.

    « J’ai souvent pensé à une histoire que j’ai entendue, quand j’étais jeune, au sujet d’un homme honorable de notre pays qui est allé un jour voir le monde. Il a passé l’Inde et beaucoup d’îles au delà de l’Inde, où il y a plus de 5 000 îles, et il a voyagé si loin sur terre et sur mer, faisant le tour du globe, qu’il a trouvé une île où il a entendu parler sa propre langue. Il s’émerveilla grandement, car il ne comprenait pas comment cela pouvait être. Mais je suppute qu’il avait voyagé si loin sur terre et sur mer, faisant le tour de la Terre, qu’il était revenu à ses propres frontières ; s’il était allé un peu plus loin, il serait revenu dans son propre district. »

     

    Fernand de Magellan Sir Francis Drake Robert FitzRoy
    Fernão de Magalhães (v. 1480–27/4/1521) Sir Francis Drake (v. 1540–27/1/1596) Robert FitzRoy (5/7/1805–30/4/1865)

    Plus tard, les expéditions de Fernand de Magellan et de sir Francis Drake firent bel et bien le tour du globe. Idem pour celle de Robert FitzRoy – un fervent chrétien qui devint créationniste par la suite – sur le « HMS Beagle » où se trouvait le jeune Charles Darwin en qualité de gentleman-compagnon du capitaine. Aujourd’hui, un tour du monde peut s’accomplir en un rien de temps, aussi, que penser des pilotes des avions de ligne qui le font, sans parler de leurs centaines de passagers ? Peut-être qu’ils donnent un méga-concert de pipeau, eux aussi clown ?

    Robert Greene Ingersoll
    Robert Greene Ingersoll (11/8/1833–21/7/1899)

    D’ailleurs, au passage, puisque l’on parle de Magellan, il y a une citation soi-disant de lui qui tourne beaucoup sur les sites athéopathes à la gomme : « L’Église dit que la Terre est plate, mais je sais qu’elle est ronde. Car j’ai vu l’ombre de la Terre sur la Lune et j’ai plus foi en l’Ombre qu’en l’Église. » Que ce soit bien clair entre nous, il n’a jamais rien dit de tel pour la simple et bonne raison que l’Église n’a jamais dit que la Terre est plate. On ne retrouve pas cette citation plus tôt que 1873, venant du propagandiste athéopathe Robert G. Ingersoll, qui l’a vraisemblablement inventée de toutes pièces.4

    Et les astronautes, alors ?

    Col. Jeffrey Williams
    Col. Jeffrey Williams (18/1/1958–)

    La Station Spatiale Internationale a entamé son 100 000e tour de la Terre le 16 mai 2016. Voyageant à 7,77 km/s à une altitude d’environ 400 km, elle a abrité plus de 220 astronautes et cosmonautes venant de 18 pays différents dans ses entrailles durant les 15 dernières années. L’un d’eux, le Col. Jeff Williams, est récemment rentré de son 4e voyage. En 4 missions, il a passé 534 jours dans l’espace au total, un record. Mais en plus, il est chrétien et le déclare aux yeux de tous ! Il a emporté sa Bible dans l’espace, et voici ce qu’il a écrit le 22 mai :
    « Pensée du dimanche : […] 60 jours à séjourner dans cet avant-poste orbital. Les semaines passent et elles ont été incroyablement productives. 3 de nos compagnons d’équipage ont moins de 4 semaines avant de retourner sur Terre […] 3 d’entre nous avons plus de 100 jours à rester. Ce dimanche, j’ai passé quelque temps sur le Psaume 90. Deux requêtes sortent du lot : “Que Ton œuvre se manifeste à tes serviteurs” et “Affermis l’ouvrage de nos mains”. Et c’est ce qu’Il fait. »
    Cela lui a d’ailleurs valu les foudres (ou plutôt les piaillements) de certains misothéistes du dimanche insistant pour qu’il la bouclât sous prétexte de séparation de l’Église et de l’État (que l’on ne retrouve nulle part dans la Constitution des USA, ironiquement)…

    Williams et ses collègues ont pris des milliers de photos et des centaines de vidéos de la Terre depuis l’espace, on peut aisément les assembler en un montage de la Terre entière, et ça crève les yeux qu’elle est sphérique. Tous ces scientifiques, tous ces astronautes disent la vérité, n’en déplaise aux conspirationnistes à la petite semaine yes.

    DIY

    Don’t believe me, just watch (with online friends all over the world)!
    Don’t believe me, just watch (with online friends all over the world)!

    Vous n’êtes pas obligé de me prendre au mot. Si vous avez des amis sur le net habitant l’autre hémisphère, vous pouvez vous contacter par Skype, Viber ou tout autre logiciel de VoIP (Voice over Internet Protocol), les inviter tous en même temps serait l’idéal – en priant le Seigneur Créateur de l'univers pour une bonne connexion tongue. Demandez-leur l’heure. Demandez-leur de pointer leur webcam vers le ciel nocturne. Demandez à ceux d’entre eux qui aiment observer le ciel quelles étoiles ils voient. Demandez-leur où se trouve la Lune. Demandez-leur sa phase.

    Les différences dans la carte du ciel nocturne constituent une preuve évidente que la Terre a une courbure dans l’axe nord-sud. La différence des fuseaux horaires, combinée de surcroît à la similitude de phase de la Lune, prouvent sans contredit que la Terre a une courbure dans l’axe est-ouest. Si, en plus, l’ombre de la Terre sur la Lune est circulaire sans égard à l’orientation des rayons solaires, cela prouve que la Terre ne peut avoir qu’une forme : la forme sphérique yes.

    Pourquoi la Terre semble-t-elle plate en surface ?

    Une image vaut mille mots : plus un cercle est grand, plus la courbure est faible. Je sais que la question peut sembler puérile, mais c’est le genre de choses que les tenanciers de la Terre plate posent comme "objection".
    Un autre moyen de comprendre cela : pensez à cette scène de "Tintin au pays de l’or noir" où les Dupondt tournent en cercle dans le désert sans s’en rendre compte. Ils pensaient rouler tout droit alors qu’ils tournaient très légèrement à droite, si bien qu’ils ont dévié de leur route jusqu’à accomplir un cercle entier. Ils ont reproduit le gag dans "On a marché sur la Lune". Et bien, c’est pareil avec la Terre : elle est si immense par rapport aux structures et aux reliefs qu’elle porte que la courbure est très faible, mais elle est bien réelle.

     

    Ainsi, si vous allez dans un endroit très plat, comme les vasières de Schleswig-Holstein, en Allemagne, et que vous regardez à la ronde, l’horizon vous aura l’air d’une platitude totale, précisément parce que vous vous tiendrez sur une sphère dont vous ne verrez qu’une faible portion. Vous pouvez illustrer cela en découpant une petite section de la peau d’une orange, elle représenterait bien ce que vous pourriez voir (et la tranche sectionnée serait d’une circularité presque parfaite).

    Bien entendu, cette platitude apparente n’est que locale. On peut réaliser avec aisance une carte de Levallois-Perret sans avoir à craindre de distorsion aux bords, mais c’est une autre paire de manches quand on veut cartographier la Terre entière : depuis l’aube des temps de la cartographie, les cartographes se sont cassés la tête pour représenter les terres aux plus hautes et aux plus basses latitudes, notamment le Groenland et l’Antarctique, sans les déformer. La projection de Mercator a été inventée pour cette raison même.

    Conclusion

    Pr. Mark Harwood
    Pr. Mark Harwood

    Ci-dessus, le Pr. Mark Harwood, scientifique créationniste spécialiste des satellites – en particulier géostationnaires –  qui jouit d’une retraite bien méritée après une longue et brillante carrière en aéronautique. Qu’est-ce que les platistes font de son travail ? À moins peut-être qu’ils ne se croient plus intelligents que lui ? Les satellites géostationnaires ont ceci de particulier qu’ils restent toujours au-dessus du même point du globe (comme dirait M. de la Palice). Ça ne marche que parce que la Terre est une sphère qui tourne sur elle-même. Mais comment expliquer les satellites géostationnaires si la Terre est plate ? Dans ce cas, soit un satellite géostationnaire devrait tomber en chute libre s’il n’est pas en mouvement, soit il devrait se perdre dans l’espace s’il l’est.

    Pr John Hartnett
    Pr John Hartnett

    De plus, comment expliquer le travail du Pr John Hartnett, physicien, dont les horloges au saphir cryogénisé produisent les signaux micro-ondes les plus précis du monde, et qui a utilisé des satellites GPS et géostationnaires pour transférer ses signaux de fréquence et de temps entre plusieurs villes ?

    C’est fou comme la toile a vite fait de radicaliser5 les gens eek ! Et c’est si facile de les manipuler en leur présentant une liste de vérités et y glisser une contre-vérité. Tous les bons sondeurs savent que si l’on peut pousser quelqu’un à répondre à une série de questions par l’affirmative, il est plus susceptible de faire de même avec la question qu’ils veulent vraiment poser. Dans le monde d’aujourd’hui, il n’est que trop facile de dénicher des personnes qui adhèrent à l’opinion les plus farfelues imaginables. Certaines d’entre elles se donnent l’air très professionnel et prodiguent des informations souvent intéressantes et vraies (mélangées avec des informations fausses, le tout agité avant usage). Mais les arguments ont parfois l’air compliqués et abscons, et vous avez du mal à bien comprendre ce que la personne dit. Cela peut donner l’air brillant à la personne en question, et faire illusion, mais les présentations d’informations grandiloquentes et pédantes comme celle-là rendent en réalité la chose plus difficile à analyser.

    (N. B. : Oui, je pense notamment à Alain Soral en disant tout cela bad : même s’il ne prône pas une Terre plate, certaines de ses idées sont tout aussi absurdes et grotesques.)

    Qu’est-ce qui peut bien entraîner les gens sur une voie pareille ? Certains se font simplement duper par la nature compliquée des « faits » présentés. D’autres, plus rares, ont l’idée (somme toute complotiste de nature) que science = théorie de l’évolution, ou de manière plus générale que science = matérialisme, et qu’ils doivent donc la rejeter. D’autres ont une mentalité pseudo-piétiste où, par le rejet de la science l'adoption de ce qu’ils prétendent être « lé kler an saignements d la bibll », ils pensent se rendre plus saints (que les autres). Je vous jure qu’il y a plein de gens qui s’imaginent que Dieu les bénira avec plus d'abondance s’ils adoptent les idées les plus dingues possibles, même celles qui entrent en contradiction directe et avec la parole de Dieu et avec toute bonne logique sarcastic !
    Mais il y a aussi un autre facteur à considérer : la progression du conspirationnisme dans les basses et moyennes couches de la société. Fait connu des sociologues : quand quelqu’un a adopté une théorie du complot, il sera plus susceptible d’en adopter une autre. Voilà en quoi ce phénomène représente un poison : il attaque toute épistémologie comme les vers xylophages les racines de l’eucalyptus majestueux jusqu’à ce qu’il s’écroule de lui-même, sans que le moindre coup de vent n’ait frappé son immense tronc. En effet, à partir du moment où l’on se dit que tel truc qui nous a paru couler de source depuis toujours s’avère n’importe quoi, et que l’on nous a menti depuis toujours, on devient plus suspicieux des autres savoirs inculqués, et plus on s’enfonce dans la théorie du complot, plus ça s’aggrave, si bien qu’à un moment donné, on se retrouve à douter de tout et que dans les pires cas, on glisse lentement et sûrement vers le gouffre béant de l’agnosticisme beurk.

    Maintenant, je ne dis pas qu’il ne soit pas sain de remettre en question ce que l’on a toujours tenu pour acquis face à des preuves contraires, ou je serais resté évolutionniste, ou la science serait impossible. Toutefois, il est là, le hic. Je vous réitère ici ce que j’ai déjà dit dans la présentation de cette série : on peut trouver un certain nombre de faits appuyant à peu près n’importe quelle théorie, mais la science ne consiste pas à prouver, elle consiste à vérifier. L’ensemble des faits apparemment en faveur d’une Terre plate se font surpasser en nombre par ceux en sa défaveur. Si vous vous posez la question de la forme de la Terre est plate ou ronde, je vous encourage d’abord à trouver, par la réflexion et la recherche, des idées qui réfutent l’idée de la Terre plate, puis de voir si elles tiennent la route. Je vous ai déjà mâché le travail. De même, essayez de trouver des faits qui infirment l’idée d’une Terre sphérique sans l’ombre d’un doute (si vous y arrivez winktongue !)

    Pour mieux comprendre comment ça marche, considérez les diagrammes de Venn ci-dessous :

    Domaines de prédiction superposés
    Domaines de prédiction superposés

    Dans le diagramme ci-dessus, nous voyons que les prédictions de 2 théories scientifiques opposées se superposent souvent. Prenons un exemple pratique et imaginons que I soit le créationnisme et III l’évolutionnisme. Beaucoup des faits que nous observons dans la nature appartiennent à II. Un exemple classique : la spéciation. On entend souvent dire que ce phénomène est un élément de preuve de l’évolution. Mais c’est aussi un élément de preuve de la création ! Ce n’est donc pas une preuve. Les infos de II sont dites « non discriminatoires » : elles ne permettent pas de départager les 2 théories. C’est pour cela que j’insiste souvent sur le fait que si vous voulez vraiment entrer en profondeur dans un débat, vous n’y arriverez pas en jouant au tir à la corde avec des arguments de II (par exemple, les listes à rallonge de « Si Jésus est Dieu, pourquoi est-ce que gnagnagni gnagnagna » que les musulmans aiment à semer à tout vent mais qui ne font que prouver Son humanité, doctrine que nous les chrétiens acceptons avec enthousiasme). Vous devrez trouver quelque chose dans I ou III. Dans le débat création-évolution, ce ne sont pas les arguments de I qui manquent, comme le fait que mutation et sélection naturelle ne créent pas de nouvelles fonctions génétiques qui ne se trouvent pas déjà encodées dans l’ADN. Par contre, les évolutionnistes ont lamentablement échoué à avancer des arguments de III qui tiennent la route (les « chaînons manquants » de la prétendue évolution des dinosaures en oiseaux, par exemple).

    Du coup, il y a 3 types d’expérience scientifique :

    • le type A, où la mesure tombera dans I ou III, rare,
    • le type B, où la mesure tombera dans II, donnant l’impression de confirmer une théorie, mais coïncidant tout aussi bien avec la théorie opposée, le plus courant,
    • le type C, où la mesure ne confirme rien du tout et ne sert tout simplement à rien, plus courant que l’on ne le pense.

    Terre plate vs Terre sphérique
    Terre plate vs Terre sphérique

    Par contre, en ce qui concerne le débat Terre plate vs Terre sphérique, il n’y a pas de I !!! Toutes les prétendues preuves en faveur d’une Terre plate s’expliquent à la perfection dans le modèle d’une Terre sphérique (II), tandis que beaucoup de faits peuvent s’expliquer dans le modèle d’une Terre sphérique mais pas d’une plate ! Et pan, dans les dents cool !!!

    Ceux qui, après tout cela, veulent s’obstiner dans leur platisme doivent rejeter des massifs montagneux de preuves très claires procédant de l’observation, celles que je vous ai présentées ici n’en constituant qu’un échantillon. Ils doivent rejeter la science expérimentale, notamment les acquis des sciences physiques sur de nombreux siècles. Ils doivent rejeter la recherche scientifique chrétienne sur 2 millénaires. Ils doivent rejeter les témoignages de milliers de scientifiques de bonne foi, et aussi les observations personnelles de milliards de personnes qui vivent à leurs antipodes (mais bah, si ça se trouve, elles n’existent pa é fon partti duc omplau sarcastic...).

    Il est vrai que les gens ne changent pas de croyance comme de chemise après que l’on leur ait présenté des faits contraires à leurs convictions du moment. Il leur faut un bon bout de temps pour réfléchir à un certain nombre de questions et les élucider. C’est une véritable plaie en l’occurrence : on leur a fait avaler des multitudes de couleuvres au sujet de la forme de la Terre, et le lavage d’estomac leur prend du temps. Si vous lisez cet article pour avoir des réponses à ce sujet, je ne saurai trop vous encourager à faire fonctionner à plein régime cette merveille de la nature dont Dieu vous a fait don : la cervelle yes. C’est quelque chose que notre civilisation de surinformation offerte sur un plateau d’argent sans gage de qualité nous a désappris (oui, je sais, je me répète).

    Dites-vous bien que le créationnisme biblique, voire la foi chrétienne, ne consiste en aucun cas à être « anti-système » comme les tristes sires style Dieudo (même une horloge arrêtée a raison 2 fois par jour, ça peut arriver aussi à NVB de parler juste) ou Soraël. Le mot d’ordre du créationnisme biblique est la science, la bonne et saine science expérimentale. Bien sûr, la science ne se fait pas par référendum, ou nous croirions encore aux miasmes et au phlogiston, mais il est recommandé de faire preuve de la plus grande prudence quand on décide de rejeter les idées les plus communes en science. C’est ce que les grands savants créationnistes des temps modernes ont fait par leur rejet de la théorie de l’évolution, après avoir examiné avec minutie les témoignages de la Bible comme de la science, les avoir comparés à la philosophie historique de l’évolution, et conclu que trop d’observations contredisaient celle-ci, et que trop peu l’appuyaient. Et en ce qui concerne la sphéricité de la Terre, il s’agit d’un des aspects de la science expérimentale les plus simples qu’un être humain puisse souhaiter !

    P. S. : Le lendemain même de la publication de cet article (Dieu est grand, non cool ?), le Pr Robert Carter a publié une expérience simple qu’il a accomplie avec son fils, qui consistait, pour faire court, à vérifier si les distances de vol par avion correspondaient à une Terre ronde ou à une plate. Il a donc téléchargé une carte de la Terre plate sur le site de la Société de la Terre Plate, puis il a utilisé une corde et un double décimètre pour mesurer les distances de Johannesburg à plusieurs villes accessibles par avion de celle-ci. Vous pouvez consulter toutes les données et les résultats de sa petite expérience ici (en anglais). Et devinez quoi smile ? Les données ne correspondent pas du tout, mais alors pas du tout, à la carte de la Société de la Terre Plate, mais elles correspondent très bien à une mappemonde glasses.

    1. John of Hollywood, « Tractatus de Sphæræ » 1:11. Revenir au texte.
    2. Sinus : opposé/hypoténuse ; cosinus : adjacent/hypoténuse ; tangente : opposé/adjacent. Revenir au texte.
    3. Réf. 1, 1:9. Revenir au texte.
    4. O’Neill, T., « How the Middle Ages Really Were », Huffington Post, 8/11/2014. Revenir au texte.
    5. Le mot à la mode ! Revenir au texte.

    2 commentaires
  • Le platiste contre-attaque

    Salut la compagnie ! Un platiste est récemment tombé sur ma série d’articles contre la « théorie » de la Terre plate, et il en a été si vexé qu’il a fait le serment de me « mettre en PLS », d’après ses propres termes. J’ai donc choisi d’être bon prince et de lui accorder une tribune sur mon blog, où il pourra exposer ses arguments, ce qui me permettra d’écarter l’accusation comme quoi je n’accorderais aucun « temps d’antenne » aux idées contraires.

    Ainsi donc, notre invité de ce soir est doctorant en complotisme à l’université populaire de Démondo-Soraël et expert autodidacte en théologies catholique libérale, alloprotestante et islamique et en sifflage de pastis au bar du coin. Membre de longue date du Front National, fidèle de Jean-Marie Le Pen de la 1ère heure et aficionado de culturisme, de death metal et de foot, il se pose en véritable couteau suisse, pratiquant la savate, le nunchaku, le YouTubing, la poésie, le dragage de femmes paumées, Call of Duty et le journalisme gonzo en amateur, veuillez acclamer : Victor Moulinette !

    Le platiste contre-attaque

    VM : « Alors, p’tite tête, ça te fait b…er de te f… des gens ? Hein ? T’en prends ton pied, dis ? Ça te fait reluire ? Allez, avoue, ma c…, t’est encore un de ces agents protestants évangéliques de la CIA qui est passé par le pogrome Monarch pour bousiller la mansarde des Françouzes. Mais avec mégnace, t’est tombé sur un os, crane de piaf ! Moi, j’sus pas un d’ces branques d’pigeons gavés de la m… dont la télé les abreuve ! Et j’m’en vas t’filer une raclée dont tu te souviendras en démontant ta théorie du globe à la c… ! Et pour ouvrir l’bal : si la Terre est ronde, tu veux bien éclairer ma lanterne de pov’taré d’platiste qui prend la parole d’Dieu au sérieux en m’expliquant pourquoi on ne voit pas qu’la mer est courbe, pourquoi qu’elle est plate, même dans un coucou à 20 000 arpions d’altitude ? »

    Alors, pour commencer, Victor, vous devriez savoir que les convenances les plus basiques exigent que quand quelqu’un adresse la parole pour la 1ère fois à quelqu’un d’autre, il lui dise bonjour (ou bonsoir, selon l’heure). Je veux bien laisser passer pour cette fois, mais là où je suis déjà plus regardant, c’est sur le fait que les bonnes manières exigent aussi que vous vous informiez correctement sur la position de l’interlocuteur avant de la critiquer. Si vous l’aviez fait, vous auriez su que nous voyons que l’océan et l’horizon sont plats parce que nous ne voyons qu’une minuscule tranche tangentielle du globe, même à 7 000 m au-dessus du niveau de la mer. Permettez-moi d’affirmer que prendre la parole de Dieu au sérieux vous importe peu, bien au contraire, c’est vous ici qui vous moquez du langage, de la science expérimentale, de la logique et de l’enseignement de l’Écriture.

    VM : « Attends, mais les convenances, je m’en sers comme PQ, man, des fois que tu serais c… au point de pas entraver ça ! J’m’en vas t’apprendre à mettre en doute ma foi, sale évangélique à la solde de la CIA ! Tes p’tits articles de m… ne donnent pas la moindre crédibilité aux arguments platistes et tu t’attends à c’qu’on t’prenne au sérieux !? Tu te f… de qui, là ? Bon, alors, pour commencer, les rafiots n’disparaissent pas sous l’horizon, c’est des c…ries. Ils disparaissent pasque not’faible acuité visuelle fait que le rafiot se fusionne a’c l’or y z’ont apparent. »

    Alors celle-là, on ne me l’avait encore jamais faite. Les longues-vues, vous connaissez ? Oui ? Alors qu’est-ce que vous avez à me balancer cette histoire d’acuité visuelle à la figure ? Avec ou sans longue-vue, on verra toujours un navire « s’enfoncer » sous l’horizon.

    Oui, je n’ai accordé aucune crédibilité aux arguments platistes pour la simple et bonne raison que la science ne consiste pas à prouver des choses mais à les réfuter pour vérifier les théories et les modèles élaborés. De toute façon, la théorie de la Terre plate va à l’encontre des lois du mouvement, de la gravité, de l’optique et de la logique, ça suffit pour la jeter aux oubliettes.

    Encore autre chose, je me suis retenu tout à l’heure, mais je ne suis pas évangélique, mais calviniste. Nuance. Et puis je ne suis pas un agent de la CIA, alors ce n’est pas la peine de me lancer une accusation aussi grotesque pour pallier à votre manque de bons arguments.

    VM : « Tu t’crois malin, p’tite tête ? Hein ? Tu t’prends pour Tesla ? Remarque, j’dis Tesla plutôt qu’Einstein pasqu’Einstein, c’est un youtre qui a piqué à Nico ses idées et ses inventions. Mais pour t’en revenir à la platitude d’la Terre, j’a un pote néo-zélandais qui habite à Napier Beach, y peut voir la masse d’la péninsule d’Mahia, à 85 km de là, d’l’aut’coté d’la baie d’Hawkes. La péninsule fait 400 m d’hauteur, mais on n’en voit pas qu’les 100 m les plus bas. Et pourtant la courbure d’la Terre sur 85 km est d’genre 900 m. Comment t’espliques ça, ma poule ? Tu vas pt’êt m’sortir l’re-frein d’la 10 fractions et la raie fraction et l’mirage et j’sais pas quoi ? »

    Bon, alors, écoutez, si vos chiffres sont corrects, le seul moyen de voir cette masse de terre à une distance pareille implique nécessairement la diffraction et la déviation des rayons lumineux. Je n’ai même pas besoin de vérifier la géographie de la baie de Hawkes pour l’affirmer : pour que votre ami ait vu ce dont vous parlez à une distance pareille, il faut des conditions bien particulières, telles que la température des différentes couches d’air fasse que les rayons lumineux contournent la courbure de la Terre. En temps normal, on ne peut pas voir ce qui est en-dessous de l’horizon, même avec les meilleures des longues-vues. Et puis, je vous signale que vous admettez vous-même que votre ami ne voit pas la partie inférieure de la péninsule happy, et vous n’avez pas mentionné que celle-ci lui paraissait très petite. Eh bien, c’est dû à la courbure de la Terre ^^.

    Au fait, avant de continuer, veuillez, je vous prie, m’épargner les affirmations complotistes antisémites à la gomme.

    VM : « Tu va pas m’embobiner, face d’rat ! Les satellites et la station spatiale internationale sont dans la terre mot sphère, non ? Alors pourquoi est-ce qu’ils fondent pas alors qu’il est censé faire 2 000 °C dedans ? Ils peuvent pas 10 6 P la chaleur puisque le vide est un isolant parfait, c’est d’ailleurs comme ça qu’on fait les thermos ! Dans ta g… ! »

    En effet, la thermosphère commence à 80 km au-dessus du niveau de la mer et s’achève entre 500 et 1 000 km d’altitude. Et la station spatiale internationale se trouve entre 300 et 400 km d’altitude si je ne m’abuse, tandis que les satellites, eux, se trouvent entre 700 et 800 km au-dessus du niveau de la mer. Mais vous oubliez que la densité dans la thermosphère est extrêmement faible, il y a donc très peu de molécules gazeuses pour transmettre la chaleur par convection. C’est d’ailleurs grâce à ça qu’ils ne s’écrasent pas sur Terre : les frottements sont si négligeables qu’ils ne perdent pratiquement pas d’énergie cinétique.


    La station spatiale internationale

    Alors, certes, si le quasi-vide empêche le transfert de chaleur par conduction et par convection, il n’empêche certainement pas le transfert par radiation. Mais cela ne constitue pas un problème, puisque même si les rayons du soleil sont très « chauds », ils ne viennent que d’une seule direction. Il suffit donc de placer un bouclier thermique pour refléter la plus grande partie de cette énergie et pour la renvoyer dans l’espace, et des radiateurs pour dégager la chaleur accumulée par l’énergie restante.

    VM : « Tu va pas t’en tirer comme ça, macaque, j’ai plus d’une corde à mon arc ! D’après ta théorie, la Terre tourne plus vite que le son. Pourquoi que ça fait rien aux avions ? Pourquoi qu’ils partent pas sur le côté au dé colle âge ? Et pourquoi certains lourjingues, y a pas d’vent ? Aaaahhahah, pas facile à expliquer, hein ? »

    C’est simplement dû au fait que les avions ne sont ni assez rapides, ni assez grands pour que la force de Coriolis (dont j’ai parlé dans l’article précédent) les affecte de manière significative. Ils ne sont pas « découplés » de l’atmosphère quand ils prennent leur envol, ils subissent sa traction, qui les empêche de partir sur le côté (ce qui répond aussi à votre question sur les journées sans vent). Ceci dit, il n’est pas exact de prétendre que les avions ne sont pas du tout affectés : avant l’apparition des ordinateurs et des GPS et leur implémentation parmi les instruments de navigation des avions, les pilotes utilisaient la navigation céleste, et lorsqu’ils utilisaient un trio d’étoiles pour « trianguler » leur position, ils devaient tenir compte de la force de Coriolis dans leurs calculs. De toute façon, comme un avion cherchera bien entendu à garder sa trajectoire, la force de Coriolis est négligeable par rapport aux turbulences qu’il devra affronter en permanence. D’ailleurs nous ne ressentons pas de force de marée pour cette raison-là : sa norme est inférieure au diamètre d’un atome. Il n’y a qu’à l’échelle planétaire qu’elle a un effet significatif.

    VM : « Tu parles souvent d’science espère y mental dans tes scribouillis. Toi ou un autre mougeon, z’avez déjà fait une espérience avec une boule qui tourné à 1 600 km/h et dont les flaques d’eau d’sus ne jartent pas ? »

    Oh, mais oui : on appelle ça la gravité. Tenez, si vous avez une feuille de papier, vous pouvez faire le calcul vous-même : soit une sphère S de 6 370 km de rayon accomplissant un tour sur elle-même toutes les 24 h. Quelle accélération faudrait-il à tout point p situé sur sa surface pour rester au même endroit à la surface ?… Mais suis-je bête ! Je ne sais même pas si vous avez le niveau d’instruction pour ça he ! Allez, je vais être bon prince et vous donner un indice : ça devrait donner un peu moins de 0,3 % de 9,8 m/s^^.

    VM : « Va t’faire considérer chez les Achéens avec tes problos d’maths ! T’as des platistes qui l’sont pas d’gaieté de cœur et qui disent sur YouTube que la Terre n’obéit pas à l’équation d’la courbure d’un globe ! »

    À ceci près que, comme je le mentionnais aussi dans l’article précédent, la Terre n’est pas un globe parfait ^^, mais un sphéroïde ovale.

    VM : « Bon, j’vas te dire un bon truc : j’ai mesuré moi-même le diamètre du Soleil et de la Lune pendant leurs courses respectives. Et j’ai trouvé qu’y changent avec le temps. Y rétrécissent quand Y s’couchent. Et ça, ça contredit une Terre sphérique et un Soleil à 150 millions d’kilomètres ! Par contre, la Bible et toutes les cosmologies des civilisations antiques enseignaient clairement une Terre plate et un ciel qui forme un dôme solide dessus ! Ha ! Je t’ai mis un scud avec ta propre technique ! Alors, ça fait pas trop mal, d’être en PLS ? »

    Je ne vois pas en quoi ça me met en PLS parce que tout ce que ça prouve, c’est que vous avez très mal fait vos mesures. Je ne connais personne à part vous qui ait remarqué de rétrécissement au coucher du soleil en mesurant son diamètre au fur et à mesure de sa course dans le ciel. Au contraire, ce qu’on observe, c’est qu’il ne change pas de taille dans sa course. Et cela correspond bien à l’idée d’une Terre est sphérique et d'un Soleil est à 150 millions de kilomètres d’ici, puisque ça signifie que la différence en distance entre le midi et le coucher de soleil correspond au rayon de la Terre (en utilisant le théorème de Pythagore), soit environ 6 300 km, soit une misère par rapport à la distance Terre-Soleil. Mais dans le modèle d’une Terre plate, le Soleil se trouve à proximité de la Terre, et ça, ça ne correspond pas à ce que l’on voit smile.

    Du reste, primo, non, la Bible n’enseigne pas une Terre plate, voyez les 2 1ers articles de la série (et elle enseigne encore moins un ciel solide, ce n’est pas ce que raqiya‘ veut dire). Et quant aux civilisations païennes de la même époque, on s’en fiche impérialement. La Bible se tient à leur opposé. Elles enseignaient plusieurs dieux créés et un salut par les œuvres ; la Bible enseigne un seul Dieu incréé et un salut par la grâce seule qui vient de la foi seule en le seul sacrifice expiatoire de notre Seigneur Jésus Christ.

    VM : « Ah, et puis j’en ai ma claque de toi, pov’ mougeon. J’perds mon temps, on voit recta qu’t’as l’cerveau en docte riz nez par BFM-TV, qui relaie les mensonges d’la NASA. T’as essayé au moins de voir qui c’est, les fondateurs d’la NASA ? T’es vraiment trop pas tête hic ! Et pour sûr, j’parie qu’tu crois qu’les atterrissages sur la Lune, c’est du vrai ? Pfff, gogol mental… Bon, allez, gy go, j’te laisse à tes délires, et je prierai le Seigneur qu’Il t’envoie l’Saint Esprit pour t’révéler la vérité du platisme. »

    Et moi je Le prierai pour qu’Il vous révèle la vérité de la sphéricité de notre planète smile. Vous n’êtes pas le seul à pouvoir jouer au petit jeu qui consiste à chercher à se donner l’ascendant moral à grands coups d airs pieux et christiques (remarquez, vous êtes tout sauf christique). Du reste, je ne vous retiens pas, loin de là : je vous avais déjà demandé de m’épargner les délires complotistes, vous n’en avez pas tenu compte. Vous le saviez, au moins, que les astronautes des différentes missions lunaires ont installé sur la Lune des réflecteurs laser qui renvoient des rayons laser émis de la Terre, ce qui nous permet de savoir avec une grande précision la distance Terre-Lune ? Mais bon, de toute façon, les gens comme vous nagent trop profond dans la théorie du complot à la Démondo-Soraël pour que ça vous touche le moins du monde… Mais retenez ceci : la NASA n’est pas un groupuscule, mais une vaste entreprise employant des milliers de personnes, dont beaucoup de chrétiens. Vous affirmez donc que tous ces gens, dont des frères et sœurs en Christ, s’entendent pour mentir alors que le Watergate a prouvé un fait connu et avéré, à savoir qu’au-delà d’un petit nombre de conjurés, une conspiration est vouée à échouer, car il y en aura toujours un qui craquera et lâchera le morceau ? Le saviez-vous ? Les 2 1ères bombes atomiques que l’URSS a fait sauter étaient des copies conformes de Little Boy ! Et c’était un des secrets les plus jalousement gardés par le gouvernement américain ! Vous surestimez énormément la capacité des gouvernements à garder des secrets. Allez, bon séjour à la clinique : vous vous êtes mis en PLS tout seul ce coup-là happy.


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