• La Création de Narnia

    La Création de Narnia

    Chers lecteurs, je suis impardonnable oops : je vous ai parlé et reparlé de Narnia, mais je n’ai même pas encore eu la décence de vous relater sa venue à l’existence… Ma maladresse s’affiche d’autant mieux que les concours de circonstances providentiels remplissent le récit, ce qui souligne si bien lac puissance et la bonté du grand Aslan que celui-ci mérite trrrrrrrès largement le détour cool (…oups, faites excuses, c’était l’accent gobelin qui remontait à la surface – vous savez ce que c’est, des fois, on s’oublie…). Voici donc le récit sous une forme abrégée. Je le commencerai in medias res, en quelque sorte, sans m’étendre sur les circonstances qui ont amené aux événements qui ont accompagné la Création de Narnia sous peine de m’éloigner du sujet, et le Chroniqueur l’a beaucoup mieux fait que mon humble petite personne gobeline.

    Dans un monde entièrement vide, la terre désolée, sans cours d’eau, sans arbres et sans même le moindre brin d’herbe s’étendait sous l’absence totale de lumière du grand néant que le scintillement d’aucun astre ne perçait. Brusquement, dans ce monde froid sans le moindre souffle de vent, un assortiment hétérogène et hétéroclite de 6 créatures surgies de nulle part1 atterrit avec fracas. Le petit groupe se composait d’un petit garçon, d’une petite fille, d’un vieux grigou aux allures d’épouvantail, d’un cocher de fiacre, de son cheval et, last but not least, de Jadis, la cruelle princesse usurpatrice du trône de son monde d’origine, Charn la défunte. Nous les Narniens (ainsi que les Terriens dotés d’une certaine culture) connaissons cette génocide de son propre peuple sous le nom tristement célèbre de Sorcière blanche aww.

    Après quelques minutes passées à s’interroger, à se lamenter, à se chamailler et à chanter un cantique (auquel la Sorcière, le vieux grigou et, bien entendu, le cheval n’ont pas participé), le sextet fit brusquement silence à l’injonction du cocher : une voix d’une beauté et d’une pureté sans nom, n’appartenant à aucun d’entre eux (et pourtant le cocher avait une belle voix !), chantait un chant sans paroles quelque part loin d’eux dans ce néant obscur :
    « Tantôt elle semblait monter de tous les côtés en même temps, tantôt il avait l’impression qu’elle jaillissait de la terre à leurs pieds. Les notes les plus basses étaient assez profondes pour être le chant de la terre. »2

    Un instant après, les étoiles apparurent toutes en même temps dans la voûte céleste, bien plus brillantes et plus grandes que chez vous,3 accompagnant la mystérieuse Voix de leurs propres voix grêles et argentines pour former un chœur des plus harmonieux et assortis à celle-là. Fait intéressant, si les enfants et le cocher (ainsi que son cheval, d’ailleurs) se trouvaient tous hors d’eux-mêmes de ravissement oh (le cocher avait même lâché qu’il regrettait de ne pas avoir vécu une vie meilleure), le vieux grigou, lui, se sentait encore plus mal à l’aise que moi si je devais assister à un concert de Justin Bieber. Pire encore pour la Sorcière : elle abhorrait cette voix d’autant plus qu’elle comprenait exactement ce qui se passait, quelle Magie se tenait à l’œuvre. Elle savait aussi que la sienne, à côté, ne représentait que tours de passe-passe de saltimbanque de province (alors qu’elle pouvait anéantir toute vie sur une planète entière d’un simple mot aww !).

    Bientôt, le chœur des étoiles s’évanouit comme le scintillement de celles de votre monde à l’approche de l’aurore, et la Voix enfla, enfla, le firmament se para petit à petit de couleurs jusqu’à ce qu’un soleil éclatant et pimpant de jeunesse surgît au-dessus de l’horizon, révélant un paysage aussi neuf que lui, sans la moindre trace de verdure, ainsi, à quelque 3 hm de là, que le Chanteur, lumineux, envoûtant : le grand lion Aslan (ce qui mit le comble à la panique et l’agitation et du vieux grigou et de la Sorcière wink2).

    Aslan se mit alors à aller et venir, son chant se faisant plus doux et plus rythmé et faisant surgir à toute vitesse la végétation du sol, changeant de manière imperceptible de nature en accord avec ce qu’il faisait surgir (la fillette sut trouver les mots justes en déduisant que ces choses venaient « de la tête du Lion »). Puis le petit groupe se chamailla quelque peu. La Sorcière tenta d’abattre le Lion en lançant sur Lui le réverbère qu’elle tenait, mais la barre rebondit sans même qu’Il ne semblât remarquer quoi que ce soit en apparence, et la Sorcière s’enfuit, éperdue. Ensuite, Aslan modifia Sa mélodie, la rendant plus entraînante que les tubes les plus déjantés de Boney M, et fit surgir les animaux de la terre meuble, gazouillant, roucoulant, croassant, brayant, hennissant, aboyant, mugissant, bêlant, barrissant…

    Ainsi Aslan, le Fils de l’Empereur d’au-delà des mers, créa-t-il Narnia. Il y a en réalité, vous vous en doutez sûrement, bien d’autres choses à dire, mais c’est une autre histoire pour une autre fois, chers lecteurs.

    1. Bon, en fait ce beau monde venait de l’Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle via le Bois-d’entre-les-Mondes, mais on va pas pinailler pour si peu. Revenir au texte.
    2. Lewis, C. S., « Le monde de Narnia », p. 62-63. Revenir au texte.
    3. Attention, je ne suis pas terriennophobe : vos étoiles sont moins grandes et moins brillantes mais elles sont magnifiques quand même (Ps. 19:2). Ce genre d’accusation a si vite fait de se répandre sur Internet. Sérieux, je me demande c’est quoi, votre problème, à vous les Terriens... Revenir au texte.

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