• Moïse est l'auteur de la Genèse

    Qui est l’auteur de la Genèse ? Oui, bon, d’accord, c’est Dieu le Saint Esprit smile, mais sur le plan humain, qui l’Esprit Saint a-t-Il inspiré pour coucher par écrit le livre de la Genèse tel que nous le trouvons dans la Bible ? La théorie JEPD est particulièrement populaire dans ce pays et pourtant des plus molles de la guibolle. Elle voudrait que, au contraire de ce que non seulement la tradition judéo-chrétienne mais le Seigneur Jésus-Christ Lui-Même affirment en l’attribuant à Moïse, non seulement la Genèse mais le Pentateuque entier soient l’œuvre de différents religieux juifs d’après la déportation à Babylone, autrement dit, 12 siècles après les faits… Il va de soi que pareille théorie remet en question toute la pertinence de la foi chrétienne en général (à quoi sert le sacrifice expiatoire du Christ au final si le principe n’en a pas déjà été exposé avec les types théologiques que constituaient les sacrifices du Pentateuque, du sacrifice d’Abel jusqu’au Deutéronome en passant par celui de Noé frown ?) et de la version biblique de nos origines en particulier (peut-on se fier à un récit inventé par des Juifs superstitieux et sans connaissance scientifique frown ?).

    Cette théorie jouissant d’un statut quasi-dogmatique dans les cercles chrétiens libéraux, et la chrétienté clairsemée de ce pays étant pourrie de libéralisme (héritage des « Lumières » oblige), j’ai jugé bon de publier cette nouvelle série d’articles – qui, je tiens à le mentionner, doit immensément à l’incontournable « The Genesis Account » du Pr Jonathan Sarfati. Non seulement j’y démonterai cette théorie (ce qui n’est pas compliqué outre-mesure) mais je prouverai par A+B que tout concorde pour affirmer que Moïse est bien l’auteur du récit divin de nos origines, le tout saupoudré de détails intéressants qui vous permettront de lier ensemble les fils de la trame de cette fresque cool. J’espère ainsi, comme dans le reste de ce blog, vous donner les outils et arguments nécessaires pour affirmer l’autorité de la Genèse, ce n’a rien d’un luxe par les temps qui courent.

  • Moïse est le compilateur de la Genèse

    De même qu’un historien compile différents documents d’époque pour réaliser son œuvre, Moïse a compilé différents documents antérieurs à son époque pour composer la Genèse et le reste du Pentateuque. Commençons donc par l’examen de quelques faits sur celle-ci.

    Pourquoi la Genèse s’intitule-t-elle comme ça ?

    Moïse est le compilateur de la Genèse
    Ptolémée II Philadelphe (10/2/308 av. J.-C. – 28/1/246 av. J.-C.)

    Ce nom remonte à quelques siècles avant Jésus Christ, lors de la traduction de l’Ancien Testament en grec, ce qui donna la Bible des Septante (selon la légende, elle aurait été rédigée sur l’île de Pharos, au large d’Alexandrie, à la requête du pharaon Ptolémée II et avec l’approbation du grand prêtre Éléazaros, à partir d’un manuscrit de Jérusalem écrit en lettres d’or, pendant 72 jours en 250 av. J.-C. environ par 72 rabbins séparés, 6 de chaque tribu d’Israël, qui seraient arrivés pile poil à la même traduction, d’où le nom1), ou, pour faire court, la Septante. Ils ont choisi d’en intituler le premier livre « Génésis » (Γένεσις), ou origine. Ce titre persista au fil des traductions en latin, puis en français.

    Ils ont sans doute choisi ce nom par rapport à un mot très important qui sous-tend toute la structure de ce livre dans la Septante : « généseôs » (γενέσεως), qu’ils ont traduit de l’hébreu « tôledôt » (תוֹלְד֧וֹת), et que l’on traduit dans les Bibles francophones par « générations ». Cela résume bien l’idée centrale du livre : l’origine de tout ce qui existe, y compris le péché et la mort, et la manière dont tous les humains descendent du couple humain originel.

    Toutefois, dans la Bible hébraïque, ce livre n’est pas nommé « tôledôt », mais « berēshīt » (בְּרֵאשִׁ֖ית, ce qui signifie « au commencement »), le 1er mot du livre, selon l’usage juif. Cette appellation aussi  convient à merveille car la Genèse est bel et bien le « livre des origines ». Elle explique l’origine du temps, de l’espace, de la matière, de la Terre, voire de l’univers entier, de la vie, de l’homme, du péché, de la mort et de la Rédemption cool. En fait, on peut retrouver toutes les doctrines fondamentales et la moralité de la foi chrétienne dans la Genèse, notamment dans les 11 1ers chapitres, quoique souvent sous une forme embryonnaire.

    Les variantes textuelles

    Le texte massorétique

    C’est le texte utilisé dans les bibles hébraïques modernes et qui sert de base à la plupart de nos traductions de l’Ancien Testament (les traductions catholiques y compris, depuis peu, et ce, malgré l’antisémitisme latent et donc l’hostilité au texte massorétique propres au romanisme). Son appellation vient d’un groupe de scribes spécialistes de la Bible nommé les Massorètes (« transmetteurs »), qui ont travaillé dès le VIIe siècle, d’abord à Tibériade et à Jérusalem, mais aussi à Babylone, pour standardiser un texte devenu difficile d’accès à des Juifs qui ne parlaient plus l’hébreu couramment. Leur travail a notamment consisté à rajouter au texte originel, qui ne comportait que des consonnes, des points-voyelles pour en faciliter la prononciation.2

    La Bible des Septante

    Ce que je vous ai raconté plus haut, c’est la légende wink2, mais en réalité, elle a été composée sur des décennies à partir du IIIe siècle avant notre ère. La multiplicité des traducteurs se ressent dans la qualité inégale de la traduction (en fait, même notre bonne vieille traduction Louis Ségond 1910 est bien meilleure). En fait, la traduction est si inégale et hétérogène que certains érudits remettent en question l’appellation de Bible « des Septante », qui suggérerait plus d’uniformité qu’en réalité. Toutefois, le Pentateuque y est en général considéré comme raisonnablement fiable.

    Fait intéressant : la Bible des Septante connaissait un usage répandu parmi les Juifs de la diaspora à l’époque du Nouveau Testament (ce qui explique pourquoi les nobles Béréens d’Ac. 17:11 n’ont pas soulevé de différence entre l’enseignement des Apôtres et l’Ancien Testament). Pour cette raison, le Nouveau Testament la cite souvent (mais pas exclusivement). Les différences introduites par les traductions ne représentaient pas de problème pour l’herméneutique juive de l’époque smile, et le fait que Dieu ait inspiré certains auteurs du Nouveau Testament à utiliser des citations de la Bible des Septante qui diffèrent légèrement de l’hébreu original tend à prouver, si besoin est, que la parole de Dieu, ce n’est pas de l’encre sur du papier, ni des octets dans une mémoire d’ordinateur, ni même des lettres ou des idéogrammes assemblés pour former des mots, mais une information vivante et immatérielle qui transcende les systèmes de langage et les différences culturelles cool.

    En tout état de cause, il ne s’agit pas de surestimer l’influence de la Septante sur le Nouveau Testament. Sans même mentionner les allusions subtiles du style Lc. 11:31, Jésus mentionne de manière claire et nette l’Ancien Testament 64 fois dans les Évangiles synoptiques. Dans le lot :

    • plus de la moitié sont en accord et avec le texte massorétique, et avec la Bible des Septante (pour la simple et bonne raison que la Bible des Septante traduit correctement le texte originel dans ces cas-là ^^),
    • 1/5 diffère et du texte massorétique et de la Bible des Septante,
    • 1/5 est en accord avec le texte massorétique mais pas avec la Bible des Septante,
    • et les quelque 3/10 restants sont en accord avec la Bible des Septante mais pas le texte massorétique. Toutefois, chose intéressante : il y a quelques versets où nous voyons des versions différentes de la Bible des Septante elle-même !
    • Bien entendu, il faut aussi retenir que Jésus parlait en araméen à Ses auditeurs (même s’Il devait certainement pouvoir tailler le bout de gras en grec aussi wink2), et pas en hébreu ; Il ne citait donc pas la Bible des Septante à la base.3

    Le pentateuque samaritain

    Il s’agit d’une version hébraïque datant du Ier siècle av. J.-C. Après que les Assyriens eussent envahi et soumis le royaume d’Israël et déporté ses habitants, ils ont importé des colons dans les environs de la capitale, Samarie, ne serait-ce que pour éviter la multiplication des bêtes fauves. Les Samaritains sont les descendants « métissés » de ces colons et de Juifs. Ils avaient leur propre système de culte centré autour du mont Garizim (Jn. 4:20-21), basé uniquement sur la loi mosaïque et qui différait peu ou prou de celui des Juifs de Judée et de la diaspora. Le pentateuque samaritain diffère du texte massorétique en 6 000 endroits, dont 2 000 s’accordent avec la Bible des Septante.

    Moïse est le compilateur de la Genèse

    La Genèse fait partie de la Torah, d’où son qualificatif de « livre de Moïse », toutefois elle représente un cas spécial dans le Pentateuque. En effet, Moïse fut témoin de la très grande majorité des événements décrits dans les 4 autres livres du Pentateuque,4 mais pas de ceux de la Genèse, antérieurs à sa naissance. Moïse n’est pas mentionné comme auteur du livre, la meilleure explication est donc qu’il en est le compilateur.

    Nous en avons des éléments internes de preuve avec les commentaires que Moïse a insérés (par ex. Gen. 26:33, 32:32) où Moïse explique certaines choses à ses lecteurs israélites, qui vivaient longtemps après les événements. Toutefois, il y a certaines occurrences où Moïse a recopié ses sources telles quelles, par exemple Gen. 10:19 : « Les limites des Cananéens allèrent depuis Sidon, du côté de Guérar, jusqu’à Gaza, et du côté de Sodome, de Gomorrhe, d’Adma et de Tseboïm, jusqu’à Léscha ».
    Eh oh ? Sodome et Gomorrhe ? Je croyais que Sodome et Gomorrhe n’étaient plus que poussière volant au vent de la Mer Morte depuis des siècles à l’époque de Moïse shocked
    Imaginez un guide touristique des USA qui mentionnerait les Tours Jumelles comme lieu à visiter. Qu’en concluriez-vous ? Qu’il a été écrit avant le 11 septembre 2001, n’est-ce pas ? Eh bien là, c’est pareil yes, nous avons une preuve que Moïse a recopié des sources datant de l’époque d’Abraham (voire d’avant).

    Toutefois, Moïse n’a pas fait que recopier bêtement des documents. En fait, on retrouve dans la Genèse des artifices littéraires à grande échelle qui prouvent qu’une main à pris beaucoup de peine pour éditer les documents à sa disposition et les fusionner en un tout.5 Les éléments rhétoriques de Gen. 1-11, en particulier, sont si bien tissés en une unique trame harmonieuse que cela constitue une preuve indiscutable de l’unité du récit et de sa composition par un unique auteur.

    Le chiasme dans Gen.  1-11

    En gros, cette drôle de bestiole, c’est quand le narrateur reprend le même langage et les mêmes éléments de style du récit en ordre inverse, le dernier venant en 1er et le 1er en dernier, comme dirait Céline Dion.

    Il y en a un exemple très simple en Gen. 9:6 :
    Si quelqu’un verse
    le sang
    de l’homme,
    C’ par l’homme
    B’ son sang
    A’ sera versé

    Idem pour Gen. 2:4 :
    Voici les origines
    des cieux
    et de la terre,
    quand ils furent créés.
    C’ Lorsque l’Éternel Dieu fit
    B’ une terre
    A’ et des cieux

    Le récit du Déluge lui-même (Gen. 6:1-9:19) consiste en un gigantesque chiasme, centré sur la protection providentielle de Noé et la mettant en évidence :
    A Noé et ses fils (Gen. 6:10)
    B Toute vie sur Terre (Gen. 6:13a)
    C La Terre est maudite (Gen. 6:13b)
    D L’Arche (Gen. 6:14-16)
    E Tous les êtres vivants (Gen. 6:17-20)
    F La nourriture (Gen. 6:21)
    G Tous les animaux entre les mains de l’humanité (Gen. 7:2-3)
    H Entrée dans l’Arche (Gen. 7:13-16)
    I Flux (Gen. 7:17-19)
    J Les montagnes sont immergées (Gen. 7:20)
    X Dieu se souvient de Noé (Gen. 8:1)
    J’ Les montagnes émergent (Gen. 8:5)
    I’ Reflux (Gen. 8:13-14)
    H’ Sortie de l’Arche (Gen. 8:15-19)
    G’ Tous les animaux entre les mains de l’humanité (Gen. 9:2)
    F’ La nourriture (Gen. 9:3-4)
    E’ Tous les êtres vivants (Gen. 9:10a)
    D’ L’Arche (Gen. 9:10b)
    C’ La Terre est bénie (Gen. 9:13-16)
    B’ Toute vie sur Terre (Gen. 9:17)
    A’ Noé et ses fils (Gen. 9:19)6

    Dans cet énorme chiasme, il y en a un plus petit d’inclus, qui se concentre sur des nombres importants, notamment les nombres 7 et 40 :
    a 7 jours d‘attente avant d’entrer dans l’Arche (Gen. 7:4)
    b Seconde mention de ces 7 jours (Gen. 7:10)
    c 40 jours (Gen. 7:12, 17)
    d 150 jours (Gen. 7:24)
    x Dieu se souvient de Noé (Gen. 8:1)
    d’ 150 jours (Gen. 8:3)
    c’ 40 jours (Gen. 8:6)
    b’ 7 jours à attendre la colombe (Gen. 8:10)
    a’ 7 autres jours à attendre la colombe (Gen. 8:12)
    6

    Le récit de Gen. 1-11 est lui-même basé sur un chiasme d’après certains commentateurs : Création (Gen. 1:1-2:3), 1er malheur (Gen. 2:4-3:24), 2e malheur (Gen. 4), dernier malheur (Gen. 5-9), résolution (Gen. 10-11).

    L’épisode de la tour de Babel en Gen. 11:1-9 constitue un autre chiasme :
    A Toute la Terre n’a qu’une seule langue (Gen. 11:1)
    B Les humains arrivent (Gen. 11:2)
    C « Ils se dirent l’un à l’autre » (Gen. 11:3a)
    D « Allons ! faisons des briques » (Gen. 11:3b)
    E «Bâtissons-nous » (Gen. 11:4a)
    F « une ville et une tour » (Gen. 11:4b)
    X « L’Éternel descendit » (Gen. 11:5a)
    F’ « la ville et la tour » (Gen. 11:5b)
    E’ « que bâtissaient les fils des hommes » (Gen. 11:5c)
    D’ « Allons ! descendons » (Gen. 11:6a)
    C’ « qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres » (Gen. 11:7b)
    B’ Les humains partent (Gen. 11:8)
    A’ « l’Éternel confondit le langage de toute la terre » (Gen. 11:9)

    La structure chiastique représente un moyen mnémotechnique très important dans une culture largement orale. Ce n’est pas pour rien que de nombreux récits de la Bible présentent cette structure, par exemple Gen. 17:10-1423-27 et la révélation de Dieu au Sinaï en Ex. 19-24. Prenons l’exemple de Gen. 17:1-25, nous sommes d’accord que cette partie-là est historique, n’est-ce pas ?
    A L’âge d’Abraham (Gen. 17:1a)
    B Dieu apparaît à Abraham (Gen. 17:1b)
    C Dieu promet de faire une alliance (Gen. 17:1c-2)
    D Abram tombe sur sa face (Gen. 17:3)
    E Dieu change le nom d’Abram en « Abraham » (Gen. 17:4-8)
    X Dieu donne l’alliance de la circoncision (Gen. 17:9-14)
    E’ Dieu change le nom de Saraï en « Sarah » (Gen. 17:15-16)
    D’ Abraham tombe sur sa face (Gen. 17:17-18)
    C’ Dieu promet de faire une alliance en Isaac (Gen. 17:19-21)
    B’ Dieu s’élève de dessus Abraham, qui Lui obéit (Gen. 17:22-23)
    A’ Âges d’Abraham et d’Ismaël (Gen. 17:24-25)

    Les auteurs classiques ont utilisé le chiasme des centaines de fois dans leurs œuvres : il y en a 1 257 chez Tite-Live, 365 chez Jules César et 1 088 chez Tacite.7

    Le nombre 7 dans Gen.  1-11

    Le nombre 7 apparaît beaucoup en Gen. 1. S’il ne s’agit bien sûr pas d’une preuve d’inspiration divine de la Bible en soi, cela corrobore au moins l’idée qu’un compilateur unique et soigneux a écrit la Genèse.8 Arnold Fruchtenbaum (1943-), un érudit juif messianique reconnu, donne cette liste, d’après Umberto Cassuto :

    • Les 7 jours de la Création.
    • Des mots-clés répétés en multiples de 7 : Élohim (Dieu) apparaît 35 (7x5) fois, la terre 21 (7x3) fois, le ciel/les cieux 21 (7x3) fois.
    • 7 « fiats », c.-à-d. 7 fois où Dieu dit « Que telle chose soit » ou « Faisons ». En hébreu, ces verbes sont au jussif, une forme utilisée pour les requêtes et les ordres. Comme le sujet est Dieu, ce sont des « jussifs de commandement » : יְהִ֣י (yᵊhî : que… soit), יִקָּו֨וּ (yiqqāwû : que… se rassemblent), תֵרָאֶ֖ה (tērā’ĕh : que… paraisse), תַּֽדְשֵׁ֤א (tădᵊshĕ : que… produise), יִשְׁרְצ֣וּ (yishrᵊtsû : que… produise en abondance), תּוֹצֵ֨א (tôtsē : que … produise), נַֽעֲשֶׂ֥ה (na’ăseh : Faisons)
    • Les mots « lumière » et « jour » se retrouvent 7 fois dans le 1er paragraphe.
    • Le mot « lumière » se retrouve 7 fois dans le 4e paragraphe.
    • Le mot « eaux » se retrouve 7 fois dans les 2e et 3e paragraphes.
    • Le mot « vie » se retrouve 7 fois dans les 5e et 6e paragraphes.
    • Dieu qualifie 7 fois la Création de « bonne » (« très bonne » la 7e fois)
    • Dans l’hébreu original, Gen. 1:1 comporte mots.
    • Dans l’hébreu original, Gen. 1:2 comporte 14 (7x2) mots.
    • Il y a 7 paragraphes de Gen. 1:1 à 2:3, après quoi la narration change.
    • Dans l’hébreu original, le 7e paragraphe comporte 35 (7x5) mots, et inclut 3 phrases de 7 mots chacune, avec « le 7e jour » au milieu de chacune.

    Umberto Moshe David Cassuto
    Umberto Moshe David Cassuto (16/9/1883–18/12/1951)

    On retrouve aussi cette importance du chiffre 7 ailleurs dans le récit biblique de nos origines :

    • En Gen. 4, le nom d’Abel apparaît 7 fois, et celui de Caïn 14 (7x2) fois. Le mot « frère » sous forme pronominale apparaît aussi 7 fois. Dieu promet que Caïn sera vengé 7 fois, et Lémec a déclaré qu’il se vengerait 77 fois.
    • Dans Gen. 1-5, la combinaison des mots YHWH et Elohim apparaît 70 fois.
    • Dieu parle à Noé 7 fois dans l’épisode du Déluge.

    Arnold Genekowitsch Fruchtenbaum
    Arnold Genekowitsch Fruchtenbaum (26/9/1943–)

    Je tiens à faire remarquer que, bien que je croie en l’inspiration divine de la Bible (ce qui, je l’espère, va de soi wink2) je ne cautionne en rien les théories et autres pseudo-sciences comme l’alphanumérisation de la Bible, qui voudraient y voir des codes secrets exigeant je ne sais quelle clé de déchiffrage plus ou moins mystico-ésotérique un peu partout no. En effet, son message réside dans sa révélation propositionnelle, c.-à-d. dans des propositions factuelles à propos de choses qui sont révélées dans le langage (Ps. 119:130).

    D’autre part, je ne nie pas que la plus grande prudence doit accompagner ce genre d’analyse, puisque Dieu n’a pas inspiré la subdivision de la Bible en versets. Toutefois, en l’occurrence, celle-ci correspond bel et bien à des unités naturelles yes. Ainsi, le v. 1 constitue une affirmation sur la Création divine, le v. 2 un complément d’information, et donc une unité naturelle, et les v. 3ss. expliquent comment Dieu a formé et rempli la Terre. Et même si, par exemple, les v. 1 et 2 ne formaient qu’une seule unité naturelle, on y retrouverait 21 (7x3) mots dans l’hébreu d’origine.

    Incidemment, certains veulent voir dans cette énumération une preuve que Gen. 1 est poétique plutôt qu’historique. La faiblesse de cet argument frise le pur grotesque happy : on retrouve des énumérations dans des passages incontestablement historiques de la Bible. Un exemple-type : Nb. 7:10-84, où l’on retrouve un motif répétitif d’énumération sur 12 jours consécutifs. Personne, à part les personnes qui accordent si peu de crédibilité au récit biblique qu’elles ne se différencient guère des athées dans leur vie courante, ne nie qu’il s’agisse là du récit historique de la consécration de l’autel par un représentant de chaque tribu d’Israël par jour, et c’est d’ailleurs pour ça que les Apôtres étaient 12. Il est donc évident que de tous les procédés littéraires plus ou moins hypothétiques que X et Y auraient déniché dans Gen. 1 pour essayer d’en nier l’historicité, cet argument du symbolisme numérique se mord le plus fort la queue de tous, il s’agit d’un argument circulaire de la plus belle eau. En effet, l’idée selon laquelle un motif numérique apparent exclurait l’historicité du récit ne repose que sur elle-même : elle part du principe qu’elle est vraie pour prouver qu’elle est vraie…9 (On appelle ça une pétition de principe).

    1. On en retrouve la 1ère version aboutie dans la « Lettre d’Aristée XXVIII-XXXIII ; pp. 301-307, IIe siècle av. J.-C. Revenir au texte.
    2. Archer, G. L., « Encyclopedia of Bible Difficulties » p. 40, 1982. Revenir au texte.
    3. http://christianthinktank.com/alxx.html. Revenir au texte.
    4. À part de sa mort, évidemment. Ça, il va de soi que c’est Josué qui a dû le rajouter en hommage posthume à son mentor, ce qui était une conclusion fort appropriée au Pentateuque. Revenir au texte.
    5. Phelan, M. W. J., « The Inspiration of the Pentateuch », 2005. Revenir au texte.
    6. Wenham, G. J., « The coherence of the Flood Narrative », VT 28(3):336-348 ; 1978. Revenir au texte.
    7. Welch, J. W., « Chiasmus in Ancient Greek and Latin Literatures » ; in Welch, J. W. (éd.), « Chiasmus in Antiquity »), p. 264, 1999. Revenir au texte.
    8. Fruchtenbaum, A. G., « The Book of Genesis », pp. 29-30, 129, 2009. Revenir au texte.
    9. Kay, M., « On literary theorists’approach to Genesis 1: Part 2 », Journal of Creation 21(3):93-101, 2007. Revenir au texte.

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