• Les différents points de vue

    Gen. 6:1-7 : « Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent. Alors l’Éternel dit : Mon esprit ne restera pas à toujours dans l’homme, car l’homme n’est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans. Les géants [Néphilim] étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants : ce sont ces héros qui furent fameux dans l’antiquité. L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en Son cœur. Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de la terre l’homme que J’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car Je me repens de les avoir faits. »

    Croyez-le ou non, mais ces versets ont fait couler pas mal d’encre et échauffé pas mal d’esprits. Les fanatiques d’extraterrestres et autres partisans du néo-evhémérisme soutiennent mordicus que les fils de Dieu, voire les Néphilim, étaient en fait des extraterrestres qui auraient visité notre « bonne vieille » Terre. Zechariah Sitchin et Erich von Däniken, pour ne citer qu’eux, croient que ces extraterrestres ont copulé avec des femmes, ou des humains génétiquement modifiés, ou des créatures pré-humaines pour superviser l’évolution de l’humanité. Ces affirmations fracassantes, qui font penser de manière irrésistible à un scénario de la prochaine saison de la série « Agents of S.H.I.E.L.D. », se fondent sur une interprétation du texte clairement erronée. Ils disent par exemple que l’expression « fils de Dieu » désignait, dans la bouche des auteurs « primitifs » qui ne comprenaient pas la technologie, ces visiteurs. Toutefois, l’unité de la Bible, le test biblique (où l’on compare des passages avec d’autres pour s’assurer de leur utilisation légitime) et la cohérence de l’emploi de ces expressions dans toute la Bible infirme l’idée qu’une expression particulière trouve un emploi différent de ses autres occurrences où que ce soit.

    Le texte lui-même réfute cette idée d’« auteurs primitifs », qui ne constitue jamais qu’une émanation du snobisme chronologique en vogue à notre époque ! Dans les 1ers chapitres de la Genèse, nous pouvons lire que Dieu a créé des êtres humains accomplis aux niveaux physique et intellectuel. Adam a même abattu le boulot de nommer toutes les espèces d’animaux terrestres des champs en un jour (Gen. 2:19-20). Dans les chapitres suivants, nous lisons que la progéniture d’Adam comprenait des fabricants d’instruments de musique et des forgerons (Gen. 4:21-22), ce qui démontre qu’ils n’étaient pas primitifs. Bref, la Bible foisonne de détails qui montrent qu’avant les faits relatés en Gen. 6, l’homme était déjà parfaitement humain, d’une extrême intelligence et qu’il accomplissait des rites religieux, des faits que les fanatiques des extraterrestres écartent d’un revers de main. Ils nient la véracité des passages précédents mais n’ont pas de problème avec celui sur les Néphilim, toutefois, leur interprétation ne peut être valide si l’on fait preuve de logique et que l’on accepte la véracité de toute la Genèse plutôt que d’un passage sélectionné de façon arbitraire.

    Toutefois, il ne faut pas se leurrer, même chez les chrétiens, l’interprétation de ce passage entraîne nombre de débats enflammés. On peut résumer ce bazar en 4 points de vue principaux :

    Les anges déchus

    Gen. 6 représente en quelque sorte un prélude au Déluge, expliquant la raison pour laquelle Dieu a envoyé cette catastrophe mondiale. Il est intéressant de remarquer que si les « frères de l’espace » ont affirmé à leurs contacts terrestres que le Déluge était historique, ils l’ont toutefois récupéré en prétendant que l’avoir déclenché eux-mêmes.

    Qui plus est, certains commentateurs chrétiens pensent que Dieu a aussi envoyé le Déluge pour éradiquer la progéniture des fils de Dieu (des anges déchus, donc) et des filles des hommes, à savoir les Néphilim.

    Le meilleur argument en faveur de ce point de vue vient d’une lecture toute simple du texte.
    Le terme « fils de Dieu », en hébreu, est « bené ’elohîm », utilisé 5 fois dans l’Ancien Testament : 2 fois en Gen. 6, et une fois de chaque en Job. 1:6, 2:1, 38:7. Dans ces derniers passages, le terme désigne sans ambigüité des anges, il n’y a donc pas de raison pour qu’il en aille autrement en Gen. 6. D’aucuns disent que l’on le retrouve aussi en Os. 1:10, mais le terme désigne spécifiquement les Israélites comme « fils du Dieu vivant ». Il ne faut pas recourir aux exceptions s’il n’y a pas de bonne raison de le faire, et en l’occurrence, il n’y en a aucune raison scripturaire. Les anges sont appelés fils de Dieu car Dieu les a créés directement.
    En contraste, les filles des hommes sont « benoth ha’adam » en hébreu. Si les fils de Dieu avaient été humains comme plusieurs l’affirment, le texte les aurait appelé bené ha’adam smile, mais il établit une claire distinction entre la progéniture des humains et la progéniture directe de Dieu. Le Nouveau Testament appelle Adam fils de Dieu car il a été directement créé par Dieu. Il appelle aussi plusieurs fois les chrétiens des fils de Dieu (Rom. 8:14, Gal. 3:26), mais cela se tient puisque les chrétiens sont  « nés de nouveau », « nouvelle création en Christ » (2 Cor. 5:17). De même manière, en Ps. 29:1 et 89:6, l’expression « fils du puissant » (« bené ’élim ») sert aussi à décrire les anges.

    Ce point de vue répandu avait la faveur des rédacteurs de la Bible des Septante (une version grecque de l’Ancien Testament datant d’environ 250 av. J.-C., fort en vogue dans la Palestine du Ier siècle, les Apôtres la citent dans le Nouveau Testament), des anciens interprètes juifs, de l’historien pharisien Flavius Josèphe, des auteurs du début du christianisme, de nombreux apologistes chrétiens respectés… et aussi le mien ^^.

    La plus forte objection que l’on puisse y opposer est que les anges, ces êtres spirituels, ne peuvent avoir de relations sexuelles avec les humains. Mais comme nous l’avons déjà vu dans l’article sur le rapport entre extraterrestres et occultisme, ils peuvent très bien se manifester sur le plan physique.
    Remarquez qu’en Mc. 12:24-25 (ou Mt. 22:29-30), Jésus ne dit pas que les anges sont incapables de procréer, mais que les anges dans le ciel, c.-à-d. ceux qui obéissent à Dieu, ne le font pas.

    Dans la langue de J.-B. Poquelin, « discuter sur le sexe des anges » signifie discuter de manière stérile, mais la Bible ne dit pas que les anges n’ont pas de sexe, il s’agit là encore d’une extrapolation sans fondement de l’affirmation de Jésus plus haut : Il a juste dit que les croyants ne se marieront pas et qu’ils ne seront pas donnés en mariage, comme les anges élus. Dans tous les récits bibliques où un ou des ange(s) apparaît ou apparaissent de manière physique, la Bible le(s) décrit comme de jeunes homme(s) (par ex. Gabriel ou Michel). Soit dit en passant, si des anges trompeurs apparaissent sous la forme d’extraterrestres, les expériences des victimes d’enlèvements extraterrestres suggèrent que les anges déchus peuvent aussi se manifester sur le plan physique sous la forme de femmes.

    Le but de Dieu dans l’institution du mariage consistait à peupler toute la Terre par la procréation (un but loin d’être atteint, quoi que ce système de choses impie en dise). Les anges ont vu le jour de manière surnaturel, ils n’ont donc pas besoin de procréer, et nous leur ressemblerons dans les nouveaux cieux et la nouvelle Terre, c’est tout. Nous serons, en tant qu’Église, « mariés » à Christ pour les siècles des siècles. Les êtres humains ont une identité et ils ne la perdront pas, et même les anges sont identifiés comme individus, or notre sexe fait partie intégrante de notre être (d’où le fait que les gens qui changent de sexe pèchent).

    Bien des personnes n’arrivent pas à accepter ce point de vue clairement provocateur. Des théologiens qui soutenaient mordicus que des anges déchus ne pouvaient avoir d’enfants avec des humaines ont attaqué pour de bon ce point de vue à partir du Vsiècle. Mais les tenanciers du point de vue des anges déchus remarquent à juste titre que des anges apparaissent dans des corps physiques dans l’histoire biblique, comme par exemple les 3 invités d’Abraham (Gen. 18:1-15). Ils devaient avoir les appareils digestifs nécessaires pour ce faire. D’ailleurs, ces mêmes anges sont allés à Sodome, et leur aspect a même réveillé des envies perverses de relations homosexuelles chez les gens du coin (d’où l’étymologie du mot « sodomie »).

    Les Séthites

    Ce point de vue a surtout la côte dans les pays anglo-saxons. Il a été promu par H. C. Leupold1 et, entre autres, Ellen G. White. Pour les adhérents de ce point de vue, « fils de Dieu », en Gen. 6, désigne les descendants de Seth, qui craignaient Dieu, et les « filles des hommes » des descendantes de Caïn le meurtrier. Ce point de vue se base sur Gen. 4:25-26 : comme ce passage dit que les hommes ont commencé à invoquer Dieu après la naissance du fils de Seth, les tenants de ce point de vue en ont inféré que cette lignée était pieuse.

    Certains apologistes chrétiens pensent que le mot traduit par « invoquer » dans ce passage aurait dû être traduit par « profaner », mais nonobstant la forte improbabilité que ce mot ait ce sens dans l’hébreu original, de toute manière, ça ne change pas grand-chose dans le cas qui nous concerne : la piété n’est pas héréditaire (ni l’impiété d’ailleurs). Prenez l’exemple d’Ézéchias, un des rois les plus pieux de l’histoire de Juda : la Bible dit de son fils Manassé qu’il a inondé Jérusalem de sang. Toutefois, elle nous dit aussi qu’il s’est repenti au soir de sa vie cool.

    Si ce point de vue est le bon, pourquoi la Bible ne dit-elle pas plutôt « fils de Seth » et « filles de Caïn », respectivement ? Il n’y a rien dans le texte qui nous pousserait à appliquer une exclusivité pour aucune de ces 2 lignées, ni à croire que les descendants de Seth faisaient tous preuve d’une piété spéciale, ni que les descendants de Caïn étaient tous mauvais. 1 Jn. 3:12 nous dit certes que Caïn était du diable, et Gen. 4:23-24 laisse suggérer que Lémec était un monstre, mais cela n’implique pas que tous les descendants de Caïn étaient beaucoup plus tordus que les autres humains de l’époque. La Genèse nous dit que seuls Noé et sa famille étaient justes, et donc dignes d’entrer dans l’arche, pas les descendants de Seth dans leur ensemble.

    Certains disent aussi que le mot hébreu traduit par « prendre » dans le passage qui nous occupe, « laqach », implique une « prise » plus violente que l’idée d’une simple relation sexuelle, autrement dit un viol, mais c’est un mot commun en hébreu, tout comme « prendre » en français. D’après la concordance de Strong, ce mot peut signifier : « prendre, recevoir, emmener, enlever, apporter, accepter, porter, sortir, donner ». Pareille variété sémantique ne garantit en rien la violence de la « prise ».

    Les grands de ce monde

    D’après ce point de vue, les « fils de Dieu » de Gen. 6 étaient des souverains despotiques avides de pourvoir qui, dans leur soif de puissance, s’étaient liés à de nombreuses femmes. Ces polygames et leurs rejetons, agissant en tyrans, devinrent des « hommes puissants » (Gen. 10:8 qualifie ainsi Nemrod de « puissant »).2

    Il est vrai que maints potentats de jadis (et d’aujourd’hui aussi d’ailleurs) se disaient dieux ou fils des dieux, notamment les empereurs aztèques (fils de Quetzalcoatl), incas (fils du Soleil, pour ceux d’entre vous qui avez lu « Le temple du Soleil »), japonais (descendants de Susanoo) et romains (descendants de Jupiter), ainsi que les pharaons (fils de Râ, pour les fans de « Papyrus ») et les rois de Mésopotamie (fils de Nébu ou de Marduk), ce qui renforçait leur domination sur les peuples sur lesquels ils régnaient, mais il n’y a rien dans la Bible qui corrobore cette interprétation, il s’agit d’une idée extrinsèque.

    De plus le terme « puissant » ne veut pas dire ici qu’ils furent rois ou des potentats, nous le verrons plus tard.

    Sans compter que le texte ne parle des Néphilim qu’au masculin (NON, je ne suis pas phallocrate mad !). La progéniture de tyrans humains comprendrait sûrement des filles, non wink2 ?

    Les possédés

    Nous savons que les anges déchus, c.-à-d. les démons, peuvent habiter ou contrôler les corps d’hommes et de femmes, et cela se produit souvent dans la Bible. Le channeling, la médiumnité, l’écriture automatique et même l’enlèvement extraterrestre représentent des formes de possession démoniaque. Ce point de vue ressemble au 1er, toutefois, comment des anges déchus peuvent-ils influer sur un code génétique ? Pourquoi la Bible ne mentionne-t-elle rien au sujet de cas de possession alors qu’elle ne s’en prive pas ailleurs ?

    1. Leupold, H. C., « Expositions of Genesis, vol. 1 », p. 250, 1942. Revenir au texte.
    2. Batten, D., éd., Ham, K. A., Sarfati, J. D., Wieland, C., « Nos origines en questions », p. 152, 2004. Revenir au texte.

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  • La progéniture – « comme aux jours de Noé »

    La traduction biblique anglophone King James, qui date du XVIIe siècle, conserve tel quel le mot « Néphilim », tandis que les versions francophones, pour la très grande majorité, le traduisent par « géants ». Ces êtres peuvent avoir été gigantesques, mais il suffit de consulter la concordance de Strong pour s’apercevoir que dans son sens littéral, ce mot signifie « déchus », du radical « naphal », qui signifie « tomber, être couché, être étendu, gisant (à terre), être jeté à bas, échouer ». S’ils avaient une ascendance humaine, impies, potentats ou possédés, pourquoi la parole de Dieu les qualifie-t-elle d’office de « déchus » ? Naître de parents impies dans une famille impie n’exclut personne d’office des promesses de Dieu destinées à ceux qui croient en Lui.

    D’aucuns ont suggéré, selon le point de vue des anges déchus, que les Néphilim devaient leur condamnation à l’abâtardissement de leur nature humaine. D’ailleurs, Jud. 6-7 semble abonder dans ce sens :
    « qu’Il a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés éternellement par les ténèbres, les anges qui n’ont pas gardé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure ; que Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l’impudicité et à des vices contre nature, sont données en exemple, subissant la peine d’un feu éternel. De même, Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se sont livrées comme eux à l’immoralité sexuelle et à des relations contre nature, sont données en exemple et subissent la peine d’un feu éternel. »
    Le passage établit une claire relation entre les pratiques sexuelles perverses de Sodome et Gomorrhe et les anges déchus qui n’ont pas « conservé leur rang » (leur place importante). Mais que sont ces « ténèbres » qui les enchaînent éternellement ?

    2 Pi. 2:4-5 : « En effet, Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais Il les a précipités et enchaînés dans l’abîme, là où règnent les ténèbres, pour qu’ils y soient gardés en vue du jugement. Il n’a pas épargné non plus l’ancien monde, bien qu’Il ait sauvé huit personnes dont Noé, ce prédicateur de la justice, lorsqu’il a fait venir le Déluge sur un monde impie. »

    « Abîmes » traduit ici le verbe grec « tartaroô », un hapax légoménôn (on ne le retrouve nulle part ailleurs dans la Bible), et qui vient bien entendu de Tartaros (le Tartare, région la plus profonde du royaume de Hadès). Or, le séjour des morts (le Schéol de l’Ancien Testament) se décline par Hadès dans le Nouveau. Le traitement bien distinct de ces anges déchus se démarque d’autant plus que que même Satan et ses autres anges ont encore la permission d’errer ça et là sur la Terre (Job. 1:7, Éph. 6:12). Les passages susmentionnés s’avèrent plus accessibles si, plutôt que de les prendre isolément, nous partons du principe que les fils de Dieu de Gen. 6 sont des anges déchus.

    Nous ne pouvons que conjecturer que ces anges prévaricateurs ont transgressé les règles d’engagement de la guerre spirituelle. Si ces démons se sont contentés de posséder des humains, pourquoi doivent-ils recevoir un châtiment plus sévère alors que les démons l’ont fait sans arrêt dans l’Histoire ?

    Certains commentateurs se réfèrent à 1 Pi. 3:18-20 :
    « Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, Lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l’Esprit, dans Lequel aussi Il est allé prêcher aux esprits en prison, Qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire, huit, furent sauvées à travers l’eau. »
    Il pourrait s’agir d’une autre mention des anges déchus de l’époque de Noé. Certes, le substantif « esprit(s) » s’applique plutôt aux anges, mais il peut aussi désigner un esprit humain ; cependant, le passage mentionne une prison, ce qui semble plus s’accorder avec l’idée de chaînes mentionnée ci-dessus à propos du Tartare.
    Bien sûr, le concept même d’un groupe d’anges déchus agissant en francs-tireurs peut en laisser plus d’un perplexe. Lorsque Ses disciples ont demandé à Jésus les signes de Son retour imminent, il a répondu entre autres en Lc. 17:26 :
    « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l’homme. »
    Certes, Jésus, en contexte, attire ici l’attention de Ses auditeurs sur le fait que les antédiluviens n’ont pas vu le Déluge venir. Toutefois, Gen. 6:11-13 nous informe aussi que le monde de cette époque était violent et corrompu. Et puis, il ne faut pas oublier qu’à cette époque, la mondialisation n’existait pas encore (ou en tout cas plus depuis Babel) et que la société de l’époque était à haut contexte : les gens savaient en général de quoi vous parliez, sans besoin d’explications à rallonge, vu qu’ils partageaient le même arrière-plan socioculturel, à l’opposée de notre société actuelle, mondialisée et pluriculturelle, et donc à bas contexte. Ne nous attendons donc pas à ce que Jésus explicite le contexte de tout ce qu’Il raconte.

    Ainsi, certains ont suggéré que l’on pourrait bien voir de nouveau des anges déchus s’accoupler avec des humaines aux derniers jours. Ils croient aussi que cette prophétie s’accomplit aujourd’hui par les enlèvements extraterrestres et les pratiques d’ordre sexuel qui les accompagnent. Ils pensent, de plus, que ces pratiques ont produit, à notre époque même, des hybrides anges déchus/humains, comme les Néphilim (des reptiliens, peut-être clown ?).
    Mais voici le problème avec cette thèse : les anges qui ont eu des enfants d’humaines, en contraste avec ceux qui se seraient contentés de relations sexuelles avec des femmes, se trouvent emprisonnés dans le Tartare jusqu’à la fin des temps. Pourquoi ceux qui s’aviseraient de nouveau de le faire ne se feraient-ils pas mettre en tôle ténébreuse par Dieu de manière identique ? À moins, bien sûr, que ce ne soit là un prélude à la « fin des temps », en notre époque où les puissances de l’enfer se déchaînent, jusqu’à ce que Dieu règle cette question personnellement lorsqu’Il reviendra ? En tout cas, cette thèse présente des parallèles intéressants avec notre étude.

    Il convient aussi de mentionner que d’aucuns pensent que les démons ne sont pas des anges déchus mais les esprits désincarnés des Néphilim, une idée que l’on retrouve aussi dans le livre apocryphe d’Énoch. Le clair souci avec cette idée est que l’on aura beau la retourner dans tous les sens, elle est impossible : si l’on considère les Néphilim comme des hybrides anges déchus/humains, soit leur nature penche plus côté ange déchu et le Tartare leur a échu après leur mort physique dans le Déluge, soit elle penche côté humain, et la parabole de l’homme riche et Lazare (Lc. 16:19-31) nous apprend que les morts ne peuvent revenir de l’au-delà. Les tenants de cette thèse citent 1 Tim. 4:1 pour la justifier, mais le texte n’implique en rien un distinguo nécessaire entre mauvais esprits et démons.


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  • Les Néphilim

    Dans l’épisode précédent, nous avons vu qu’une raison vraisemblable pour laquelle Dieu a envoyé le Déluge est l’éradication des Néphilim.

    Un point de vue très populaire veut que ces hybrides d’anges déchus et d’humains aient gardé une partie des caractéristiques surhumaines de leurs pères. Cela faisait d’eux des êtres surhumains, avec une intelligence et une force supérieures, ce qui leur permit d’avoir une influence inouïe sur les affaires des hommes. Ce point de vue se base sur leur description comme de « fameux héros » en Gen. 6:4. Dieu avait déjà décrété une limite aux jours de l’humanité, à cause de leur méchanceté qu’Il tolérait de moins en moins.
    D’aucuns ont aussi suggéré que les anges déchus ont créé les Néphilim exprès pour infiltrer le génome humain. Leur chef avait déjà été prévenu en Éden qu’il se ferait écrabouiller la tête par la Postérité d’Ève : Gen. 3:15 décrit Satan comme ayant une postérité dans le même contexte qu’Ève. Le mot hébreu traduit ici par « postérité » signifie littéralement semence (ce qui, on le sait, peut aussi désigner le sperme).

    Les « fils de Dieu » ont-ils essayé de corrompre la lignée qui devait engendrer le Sauveur à venir ? Il existe une interprétation fascinante du mot « intègre » en Gen. 6:9 : Noé était juste, certes, mais aussi intègre en ce que son génome ne présentait aucune corruption, et cela aurait constitué une autre raison pour laquelle Noé et sa famille furent épargnés.
    Ce point de vue ne repose pas sur du vent : dans Gen. 6:9, le mot « intègre » traduit l’hébreu « tamîm », mot qui peut se référer à une perfection physique, ou corporelle. L’Écriture emploie ce mot pour dénoter l’absence de défaut physique exigée des sacrifices d’animaux offerts à Dieu dans la loi mosaïque. Peut-être le passage ne se réfère-t-il pas juste à l’irréprochabilité spirituelle et morale de Noé.

    Satan n’a eu de cesse d’essayer de faire capoter le plan du salut. Lors de la naissance de Jésus, il a inspiré une boucherie à Hérode. Il a fait crucifier le Christ, croyant de sotte manière avoir gagné alors qu’il avait perdu. De même, il y a eu maintes tentatives d’exterminer le peuple juif dans l’histoire de l’humanité, et ne mentionnons même pas les persécutions plus ou moins violentes que les chrétiens missionnaires ont affronté là où ils ont menacé le royaume des ténèbres.

    Allons un peu plus loin : Héb. 2:16 nous parle de la grâce salvatrice que nous avons grâce à Jésus et nous rappelle qu’Il nous l’a obtenue en prenant la forme d’un humain, d’un descendant d’Abraham, pas celle d’un ange.
    Il n’y a pas de salut pour les anges une fois Dieu et leur demeure céleste rejetés. Seuls les descendants physiques du 1er Adam y ont droit de par la mort et la résurrection du dernier Adam (1 Cor.15:45). Certains partisans du point de vue angélique croient que si la semence angélique avait corrompu  la semence humaine, il n’y aurait plus eu de salut possible pour elle, puisqu’il faut descendre purement d’Adam, celui par qui le péché est entré dans le monde, pour y avoir droit (1 Cor. 15:21-22).

    Si Dieu a envoyé le Déluge parce que la méchanceté de la race humaine avait atteint son comble et parce que des anges prévaricateurs avaient outrepassé les limites de la guerre spirituelle, ces derniers auraient-ils remis ça de nos jours ? Encore une fois, certains voient dans la recrudescence de phénomènes liés aux extraterrestres un accomplissement de la prophétie de Jésus (Lc. 17:26 : « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l’homme »).
    D’un autre côté, cette prophétie peut aussi ne faire référence qu’à une époque où les anges déchus augmenteraient l’intensité et la fréquence de leurs tromperies envers les humains. À l’époque de Noé, les gens ont ignoré l’avertissement au prix de leurs vies. Ils ont raté le chemin du salut fourni par Dieu, à savoir la porte de l’arche. Aujourd’hui, Dieu nous a donné une autre « arche » : Jésus Christ. Celui-Ci a déclaré qu’une époque semblable à celle de Noé marquerait le prélude à Son retour.


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  • « Et aussi dans la suite », le pays des géants

    La version Ostervald de Gen. 6:4 a de quoi rendre perplexe  :
    « Les géants étaient sur la terre, en ce temps-là, et aussi dans la suite, parce que les fils de Dieu venaient vers les filles des hommes, et elles leur donnaient des enfants : ce sont ces hommes puissants qui, dès les temps anciens, furent des gens de renom. » (Les italiques sont de moi.) Cette traduction suit de manière assez littérale l’hébreu original.

    Avant toute chose, rappelons ici que si, comme je le disais, rien n’empêche que les Néphilim aient été immenses, la Bible ne cautionne pas nécessairement leur gigantisme, car le terme veut juste dire « Déchus ».

    La traduction ci-dessus laisse à penser qu’« et aussi dans la suite » indiquerait l’existence de Néphilim après le Déluge. En outre, Nb. 13:33 en fait mention.

    Gen. 6:1 fait référence à une époque où « les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre ». D’après l’interprétation rabbinique traditionnelle, les Néphilim portaient ce nom parce qu’ils étaient déchus et avaient entraîné le monde dans la déchéance. On en retire l’impression que ces évènements ont eu lieu à une époque où les humains commençaient tout juste à se multiplier, et où les « fils de Dieu » prenaient les femmes qu’ils voulaient pour eux.

    Mettons d’emblée au clair un point : les Néphilim de ce passage ne peuvent en aucun cas être un groupe de rescapés du Déluge. Seuls Noé, sa famille et les animaux de l’arche y ont survécu. Ici, le terme « et aussi dans la suite » contraste simplement la période initiale où les fils de Dieu prirent des femmes et leur firent des enfants avec la suite, lorsque ces derniers devinrent des gens puissants. D’ailleurs, les autres traductions françaises le mettent en évidence.

    Si seuls Noé et sa famille ont réchappé du Déluge, cela signifie que les « Néphilim » de Nb. 13 ne descendent pas des Néphilim antédiluviens (comme dirait l’autre smile). Pour bien comprendre ce qu’ils fabriquent là, il faut bien regarder le contexte : avant d’entrer en Terre Promise, Moïse a envoyé 12 espions, un de chaque tribu, pour reconnaître le pays à conquérir. À leur retour, ils admirent que le pays était bon, mais voici ce qu’ils ajoutèrent tous, à part Caleb et Josué :
    « Mais le peuple qui habite ce pays est puissant, les villes sont fortifiées, très grandes ; nous y avons vu des enfants d’Anak. Les Amalécites habitent la contrée du midi ; les Héthiens, les Jébusiens et les Amoréens habitent la montagne ; et les Cananéens habitent près de la mer et le long du Jourdain » (v. 28-29).
    Les versets 32 et 33 contiennent une explication plus détaillée :
    « Et ils décrièrent devant les enfants d’Israël le pays qu’ils avaient exploré. Ils dirent : Le pays que nous avons parcouru, pour l’explorer, est un pays qui dévore ses habitants ; tous ceux que nous y avons vus sont des hommes d’une haute taille ; et nous y avons vu les géants, enfants d’Anak, de la race des géants : nous étions à nos yeux et aux leurs comme des sauterelles. »
    Pas mal de traductions modernes ont laissé le mot « Néphilim » non-traduit, car la traduction par « géants » se base plus sur des traditions et des croyances que sur une traduction littérale du texte. L’Ancien Testament décrit les enfants d’Anak, ou Anakim, comme des personnes de très haute taille. Toutefois, au v. 28, les espions disent aussi qu’il y avait beaucoup d’autres peuplades puissantes dans le coin.
    Plusieurs passages bibliques laissent présumer la grande puissance physique des Anakim (Dt. 9:2 par exemple), mais Nb. 13:33 est bien le seul à faire référence à une relation généalogique entre Anakim et Néphilim. Or, ceux-là ne peuvent descendre des Néphilim antédiluviens, uniquement d’une peuplade d’après le Déluge. Dans Gen. 10, la « Table des Nations », la généalogie des fils de Noé, ne mentionne pas de Néphilim post-diluviens, ni même les Anakim.

    Les Chamites avaient une tendance prononcée au gigantisme, c’est connu. Nous tenons bien entendu l’exemple-type en Goliath de Gath, avec ses 6 coudées et un empan (quelque 2,80 m, la même taille que Robert Pershing Wadlow, l’homme le plus grand de tous les temps selon le Guinness des records). On pensera aussi à l’Égyptien de 5 coudées tué par Benaja, fils de Joad. Aujourd’hui encore, les Noirs brillent au basket-ball grâce à leurs immenses tailles ^^ (je ne suis pas raciste, d’accord mad ?), et nous avons une pensée émue pour le légendaire Kareem Abdul Jabbar, avec ses 2,20 m qui firent une telle sensation dans « Le Jeu de la Mort » ^^.

    Mais il ne faut pas se leurrer, un humain ne peut pas être beaucoup plus grand, pour une excellente raison nommée loi du carré-cube. Regardez le schéma ci-dessous :

    Si nous prenons pour unité le centimètre, l’aire et le volume de chacun de ces cubes font respectivement 6 cm² et  1 cm3, et 24 cm² et 8 cm3. Si l’aire a quadruplé, le volume, lui, a octuplé. Cela signifie que pour un homme deux fois plus grand que la moyenne (qui est d’1,70 m) le rapport entre poids et taille sera 2 fois supérieur à celui d’un homme de taille moyenne. En d’autres termes, ses structures de support devraient avoir une double taille : il devrait être 2 fois plus musclé et avoir des os 2 fois plus solides. C’est pour cette raison que les petites bêtes peuvent se sortir indemnes de chutes qui tueraient un humain, et que les personnes atteintes d’acromégalie (comme André le Géant, pour les amateurs de catch) ne vivent pas longtemps (tant pis pour Scott Lang, et je me comprends clown). Et il ne s’agit sans doute pas d’un hasard si les personnes gigantesques de la Bible sont toujours décrites comme au top de leur forme physique.

    Certains d’entre vous ont sans doute entendu parler de découvertes de squelettes de géants à travers le monde, ainsi que de la théorie selon laquelle il s’agit des Néphilim, et qu’ils ont bâti les pyramides d’Égypte et autres grands monuments de l’Antiquité. Ce sont des canulars, des photos de sites d’excavation bidouillées grâce à Photoshop, puis mises en ligne sur des sites de « réinformation ». Pour en savoir plus, allez à cette adresse.
    Regardez une de ces photos bidouillées, si vous avez compris l’explication ci-dessus, vous devriez remarquer ce qui cloche :

    Eh oui, c’est un squelette humain tout à fait normal, juste qu’il paraît gigantesque sur la photo. Si celle-ci était authentique, il devrait plutôt ressembler au squelette d’un géant de « Clash of Clans » yes.

    Certains se servent en guise d’objection de la Meganeura (la libellule géante qui a inspiré le pokémon Yanméga smile) pour se justifier, raisonnant que si cette libellule d’1 m d’envergure a existé, alors des humains colossaux ont pu exister. Le souci avec cet argument, c’est qu’ils parlent là d’insectes, et pas de vertébrés, et les insectes ont une carapace de chitine qui leur tient lieu d’exosquelette.


    Meganeura

    D’autre part, l’idée selon laquelle les Néphilim auraient bâti les pyramides et Stonehenge ne se fonde sur rien, à part notre incapacité à expliquer avec certitude les techniques architecturales dont ils témoignent. Cette théorie est impossible pour la simple et bonne raison que si les Néphilim avaient bâti ces monuments, les eaux rageuses d’une inondation qui a duré un an, accompagnées de mouvements tectoniques colossaux (Hab. 3:10), les auraient réduits en miettes smile.
    Comme je le disais dans le 1er épisode, nos ancêtres disposaient d’une intelligence que nous considérerions aujourd’hui comme du génie. Leur habileté technique n’avait aucune commune mesure avec la nôtre ; nous ne faisons que jouir de l’héritage de leur savoir, accumulé sur des siècles. Si vous jetez un œil à cette vidéo, vous réaliserez qu’il n’y a nul besoin d’invoquer des idées fantaisistes pour expliquer les grands monuments de l’Antiquité glasses :

    Selon une autre théorie, laquelle les antédiluviens, d’une manière générale, étaient bien plus grands qu’aujourd’hui, et l’on cite en guise de preuve la prétendue découverte de la tombe de Noé, avec un squelette de quelque 4 m. Sans compter le fait que la loi du carré-cube nous permet de reconnaître là un énième canular, il suffit de faire preuve de bon sens : s’ils étaient si grands, alors les Néphilim n’avaient rien de spécial au physique, mais les gens qui soutiennent cette idée estiment eux-mêmes que « Néphilim » se traduit par « géants » smile.

    Pour en revenir à Nb. 13:33, il faut bien remarquer que les espions ont décrié (c-à-d diffamé, de l’hébreu « dibah ») la Terre Promise. La mention des Néphilim fait donc partie de ce rapport diffamant, et donc mensonger.
    Ainsi, à cause de cette diffamation, les Israélites furent dégoûtés de rentrer en Terre Promise. Seuls Caleb et Josué, des 12 espions, eurent à cœur d’encourager les Israélites à entrer en Canaan, mais en vain.

    Entre parenthèses, certains utilisent le fait que Caleb et Josué n’aient pas réfuté les déclarations des espions pour soutenir la présence de Néphilim en Canaan. Primo, c’est un argument par le silence, et n’importe quelle personne avec un minimum de sens commun sait que ce genre d’argument est foireux : ce n’est pas parce qu’ils ne le nient pas que c’est vrai wink2. Secundo, Josué et Caleb n’étaient pas des imbéciles. Ils avaient bien compris ce fait bien connu en communication que si l’on accorde une importance à une idée, même par la réfutation, on lui fait de la pub. Ils ont plutôt pris le parti de ramener les yeux des Israélites vers leur Dieu Tout-Puissant, et si ces derniers n’avaient pas eu la nuque aussi roide, ça aurait marché…
    Les Israélites parlèrent de lapider Moïse, Josué et Caleb. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase pour Dieu :
    « Et l’Éternel dit à Moïse : Jusqu’à quand ce peuple Me méprisera-t-il ? Jusqu’à quand ne croira-t-il pas en Moi, malgré tous les prodiges que J’ai faits au milieu de lui ? » (Nb. 14:11-12)

    Comment savons-nous que le rapport des 10 espions est du pipeau ? Élémentaire, mon cher Watson : à la demande de Moïse, Dieu est revenu sur Sa décision d’éradiquer les Israélites. Toutefois, certains n’y ont pas coupé :
    « Les hommes que Moïse avait envoyés pour explorer le pays, et qui, à leur retour, avaient fait murmurer contre lui toute l’assemblée, en décriant le pays ; ces hommes, qui avaient décrié le pays, moururent frappés d’une plaie devant l’Éternel. » (Nb. 14:36-37)
    Il n’y a pas 36 interprétations possibles : pourquoi Dieu les a-t-Il faits mourir ? Parce qu’ils ont menti.

    Certains chrétiens ont encore rajouté au rapport (mensonger) des espions sur les Néphilim en Terre Promise : ils prétendent que pendant les 38 ans où les Israélites ont erré dans le désert, les anges déchus ont de nouveau forniqué avec des humaines du coin pour engendrer de nouveaux Néphilim dans le cadre d’une stratégie destinée à interdire aux Israélites l’entrée de Canaan. C’est très peu probable puisque, bien qu’ils eussent eu maille à partir avec les Anakim, ils les ont vaincu, eux et plusieurs autres tribus locales. À l’entrée pour de bon en Terre Promise, la Bible ne fait aucune mention des Néphilim, alors qu’elle l’aurait fait à coup sûr si des combats avec eux avaient eu lieu. Il faut aussi se souvenir que, d’après le point de vue des anges déchus, les pères des Néphilim se trouvent prisonniers du Tartare. Il n’y a aucune trace écrite de la destruction de ces prétendus Néphilim d’après-Déluge, alors où sont-ils aujourd’hui ?


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  • La légende des « géants »

    Les Néphilim ont dû être en quelque sorte des icônes, ce qui tendrait à prouver leur nature surhumaine. Lorsque les espions ont diffamé la Terre Promise, il semblerait qu’ils aient enjolivé la puissance des Anakim en prétendant qu’ils étaient de la race des Néphilim. S’ils étaient des êtres surhumains (comme la tradition juive le maintient aussi), pas étonnant que les Israélites aient trop eu les chocottes pour entrer.

    « Héros », en Gen. 6:4, traduit « HaGibbôrîm », qui veut plutôt dire « hommes puissants », et les versions Martin et Ostervald le traduisent d’ailleurs ainsi. Le même mot est utilisée en Gen. 10 à propos de Nemrod, l’instigateur de la rébellion à Babel et le pire idolâtre de l’Histoire. La ziggourat dont il avait entamé la construction devait « toucher au ciel », c.-à-d. servir de lieu de culte primordial (les ziggourats jouaient un rôle important d’observatoire astrologique dans le culte démoniaque des astres qui avait cours à Babylone). Ses bâtisseurs voulaient en faire un symbole de leur usurpation de l’autorité divine et de leur volonté de désobéir au clair commandement de Dieu qu’ils peuplassent toute la Terre. Dieu a donc puni ce système impie par l’apparition miraculeuse de nouvelles langues, qui entraîna la confusion parmi les bâtisseurs, les forçant à se disperser sur toute la Terre. La notoriété de Nemrod confinait au légendaire, et la Bible le mentionne aussi en 1 Ch. 1:10.

    Les « héros fameux » de Gen. 6:4, en hébreu, sont les « anshé hasshem », littéralement, des hommes de renom, en bien ou en mal. Nous pouvons donc en déduire la notoriété des Néphilim en leur temps. Ils ont eu un impact marquant sur leur époque, sans égard à leur identité ni leur nature réelles.

    Les versions francophones traduisent « Néphilim » par « géants » à cause de l’influence de la Vulgate, la traduction latine de la Bible qui a fait l’unanimité pendant des siècles dans les pays catholiques, elle-même influencée par la Bible des Septante, qui traduit par « gigantés » (γίγαντες). Or, « gigantés », en grec, désigne les Titans.
    Si vous connaissez votre mythologie grecque, vous savez que les Titans étaient les fils du Ciel (Ouranos) et de la Terre (Gè, Γῆ, ou Gaïa Γαῖα). Le plus notoire d’entre eux, Kronos, celui qui dévore sa progéniture, est lié à Nemrod dans les légendes.1 D’après la mythologie, Kronos a fait la guerre avec Zeus, le plus puissant des Olympiens, et se fit précipiter, avec les siens dans le Tartare à leur défaite.

    L’équivalent romain de Chronos est Saturne, associé à l’astre éponyme (comme beaucoup de fausses déités de l’Ancien Testament). Les légendes égyptiennes et indiennes abondent d’histoires similaires, et beaucoup d’autres cultures du monde comportent des légendes de visiteurs divins venus faire des enfants avec des filles des hommes, de la même manière que l’on retrouve des légendes de Déluge dans presque toutes les cultures du monde, bien que passablement déformées. Cela vous a peut-être déjà traversé l’esprit aussi, mais ce n’est sans doute pas une coïncidence si les géants tiennent le rôle des déités du Mal dans la mythologie scandinave.

    Il ressort de tout ceci :

    1. qu’il n’y a rien qui nous permette d’affirmer avec certitude que les Néphilim étaient gigantesques, mais plutôt qu’ils étaient surhumains. Les traducteurs de la Bible des Septante ont choisi de traduire par gigantés pour mettre en relief leur nature mi-humaine, mi-céleste. De plus, elle ne constitue pas la seule traduction en grec ancien dont nous disposons : Aquila a traduit le terme par « épipiptontés », ἐπιπίπτοντες (ceux qui chutent), ce qui rend mieux le sens du terme hébreu ;
    2. que les Néphilim ont eu une influence colossale (si vous me passez le trait d’esprit happy) sur l’histoire de l’humanité, à tel point qu’ils ont laissé leur marque dans beaucoup de cultures du monde.

    1. Hislop, A., « Les 2 Babylones », 2:2:1. Revenir au texte.

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  • Sur la piste historique des Néphilim

    Vous connaissez sans doute les livres apocryphes, non-inclus dans le canon des Écritures Saintes, entre autre parce qu’aucun concile de l’Église primitive dans son ensemble ne les a approuvés. Jésus Christ n’en a jamais cité un seul.

    Toutefois, Jude, le frère de Jésus, si. Les apocryphes, bien que « non théopneustés » (2 Tim. 3:16), présentent un certain intérêt historique, tout comme, par exemple, les œuvres de Josèphe, qui nous offrent des informations intéressantes et utiles sur le contexte historique du Nouveau Testament. Jud. 14-15, en particulier, est intéressant dans le cas qui nous occupe :
    « C’est aussi pour eux qu’Énoch, le septième depuis Adam, a prophétisé en ces termes : Voici, le Seigneur est venu avec Ses saintes myriades, pour exercer un jugement contre tous, et pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes d’impiété qu’ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses qu’ont proférées contre Lui des pécheurs impies. »

    Ici, Jude cite le livre d’Énoch, bisaïeul de Noé. Il a appelé son fils Mathusalem, dont le nom hébreu signifie « quand il mourra, ce sera envoyé ». Mathusalem a ceci de particulier que d’une part, il détient le record de longévité de l’humanité avec 969 ans (Gen. 5:27) et qu’il est mort l’année exacte du Déluge. Énoch avait une relation intime avec Dieu (Héb. 11:5), Gen. 5:24 nous en dit : « Hénoc marcha avec Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit. ».

    Bien qu’il n’y ait aucun manuscrit ancien pour confirmer l’historicité du livre d’Énoch, au XVIIIsiècle, on en trouva des fragments dans la région de la même morte qui furent datés vers le IIsiècle avant Jésus Christ, un âge antérieur à tous les textes de ce livre connus jusque là. Cela prouve au moins qu’il ne s’agit pas d’une fraude moderne. Toutefois, il reste considéré comme un pseudépigraphe (écrit par qqn d’autre que celui qu’il prétend être, même s’il pourrait comprendre des citations du vrai Énoch). Mais à tout le moins, nous pouvons le considérer comme représentatif des croyances qui avaient cours à l’époque de sa rédaction.

    Énoch 2:1 : « Voici ! Il arrive avec dix mille de Ses saints, pour juger toutes les créatures pour détruire la race des méchants, et réprouver toute chair à cause des crimes que le pécheur et l’impie ont commis contre lui. »

    Ça ressemble à s’y méprendre au passage de Jude ci-dessus. Cela démontre aussi que ce livre se trouvait en circulation au début du christianisme, et que l’église primitive croyait en son historicité, quoique pas en son inspiration divine. Nous allons donc examiner un passage de ce livre à cette lumière (et une bonne pincée de sel, bien entendu), et nous verrons pourquoi les croyances juives traditionnelles comportent le point de vue qui veut que les fils de Dieu de Gen. 6 aient été des anges déchus, et pourquoi les Néphilim étaient (tristement) fameux. Le livre d’Énoch est aussi un livre prophétique qui rejoint la Bible en maintes occasions, en particulier en ce qui concerne les prédictions du Déluge et les « temps de la fin » de l’Apocalypse.

    Énoch 6-7 : « Quand les enfants des hommes se furent multipliés dans ces jours, il arriva que des filles leur naquirent élégantes et belles. Et lorsque les anges, les enfants des cieux les eurent vues, ils en devinrent amoureux ; et ils se dirent les uns aux autres : choisissons-nous des femmes de la race des hommes, et ayons des enfants avec elles. Alors Samyaza leur chef leur dit : je crains bien que vous ne puissiez accomplir votre dessein. Et que je supporte seul la peine de votre crime. Mais ils lui répondirent : nous vous le jurons. Et nous nous lions tous par de mutuelles exécrations ; nous ne changerons rien à notre dessein, nous exécuterons ce que nous avons résolu. En effet ils jurèrent et se lièrent entre eux par de mutuelles exécrations. Ils étaient au nombre de deux cents, qui descendirent sur Aradis, lieu situé près le mont Armon. Cette montagne avait été appelée Armon, parce que c’est là qu’ils avaient juré et s’étaient lié par de mutuelles exécrations. Voici le nom de leurs chefs ; Samyaza, leur chef, Urakabarameel, Akibeel, Tamiel, Ramuel, Danel, Azkeel, Sarakmyal, Asael, Armers, Batraal, Anane, Zavebe, Samsavel, Ertael, Turel, Yomyael, Arazeal. Tels furent les chefs des ces deux cents anges ; et le reste étaient tous avec eux. Et ils se choisirent chacun une femme, et ils s’en approchèrent, et ils cohabitèrent avec elles ; et ils leur enseignèrent la sorcellerie, les enchantements, et les propriétés des racines et des arbres. Et ces femmes conçurent et elles enfantèrent des géants, dont la taille avait trois cent coudées. Ils dévoraient tout ce que le travail des hommes pouvait produire, et il devint impossible de les nourrir (Une coudée = entre 44 et 52 cm). Alors ils se tournèrent contre les hommes eux-mêmes, afin de les dévorer. Et ils commencèrent à se jeter sur les oiseaux, les bêtes, les reptiles et les poissons, pour se rassasier de leur chair et se désaltérer de leur sang. Et alors la terre réprouva les méchants. »

    Représentation d’Ashtar Sheran
    Représentation d’Ashtar Sheran

    Nous pouvons relever dans ce texte de belles incohérences comme des géants de 150 m de haut, mais passons outre smile.


    Représentation de Jim Nichols à partir d’un contact. À gauche, Billy Meier, à droite, Semjase.

    Ce passage nomme aussi plus d’anges déchus que ceux que nous connaissions. Bien sûr, nous connaissons déjà, par exemple, le soi-disant commandant extraterrestre « Ashtar », à rapprocher d’Astarté, abomination des Sidoniens (1 Ro. 11:5, 33 ; 2 Ro. 23:13). Notons aussi que Samyaza se rapproche de Semjase, l’entité extraterrestre qui serait entrée en contact physique régulier pendant plusieurs années avec le « célébrissime » Billy Meier (n’oubliez pas qu’il n’y a pas de voyelles en hébreu ancien). Soit dit en passant, elle aurait interdit à Meier de prendre des photos d’elle, cependant, il a pris des photos de « sa » soucoupe volante en pagaille wink2. Meier a produit une théologie de substitut au christianisme biblique censément fournie par Semjase. Meier n’a peut-être fait là qu’une allusion effrontée, mais pourquoi avoir nommé son entité à partir de ce texte religieux si mal connu ? Semjase/Samyaza apparaît dans de nombreuses autres œuvres d’ufologie, notamment celle des célèbres époux Steiger.

    De plus, Énoch 7 décrit les anges comme descendant d’une montagne, dans un contexte qui laisse entrevoir un parallèle avec la mythologie grecque. Ailleurs dans le livre, ces anges déchus auraient fourni à certains humains un savoir et une technologies supérieurs à ceux de l’époque, ainsi que des formules magiques, ce qui rappelle les activités occultes et paranormales que les anges déchus déguisés en extraterrestres enseignent aujourd’hui.


    Eugene E. (19/2/1936–6/5/2018) et Sherry Olson

    De même, le livre du Juste (dont nous ne disposons pas d’ancien manuscrit, unique des copies tardives), auquel Jos. 10:13 et 2 Sam. 1:18 font allusion, décrit des évènements similaires. Il dit aussi :
    « et les fils des hommes en ces jours prirent du bétail de la terre, les bêtes des champs et les oiseaux des ciels, et firent le mélange des animaux d’une espèce avec une autre, afin de, avec cela, de provoquer Adonaï; et Élohim vit toute la terre et elle était pervertie, car toute chair avait corrompu sa voie sur terre, tous les hommes et tous les animaux. » (Juste 4:18).
    Il y a des limites à l’hybridation naturelle d’espèces d’animaux différentes, aussi ce passage a de quoi rendre perplexe. Auraient-ils fait comme le docteur Moreau ? D’autre part, ces limites sont en train d’être repoussées de nos jours, à grands coups d’implantation et d’amélioration génétiques, et ces apocryphes suggèrent qu’il y avait pas mal de pratiques impies à l’époque. En tout cas, nous avons la certitude que l’état du monde était si lamentable que Dieu a jugé indispensable de le détruire.

    En conclusion, nous avons présenté 4 points de vue courants sur l’identité des fils de Dieu de Gen. 6, et nous avons exploré la question des Néphilim avec les maigres indices dont nous disposons. Certains de ces points de vue ne disposent que de très peu d’éléments de preuve. D’autres génèrent beaucoup plus de discussion et peuvent constituer un véritable défi envers nos schémas de pensée et de raisonnement traditionnels. On pourrait écrire beaucoup plus à ce sujet, mais la conclusion demeure : une longue tradition de documents indique que les anges déchus n’ont eu de cesse d’égarer l’humanité depuis le début de la Création.

    Merci de m’avoir suivi jusqu’au bout. Soyez bénis.


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