• La malédiction de Cham ?

    Les « Noirs » sont-ils « noirs » à cause d’une malédiction prononcée sur Cham ?

    La malédiction de Noé

    Bien des gens de sociétés se déclarant chrétiennes, comme l’Afrique du Sud ou les USA (en particulier la soi-disant « ceinture biblique »), ont cherché à justifier l’idée que les Noirs seraient inférieurs à cause d’une malédiction que Noé aurait prononcé sur son fils Cham, ancêtre des peuples Noirs, en Gen. 9:25-27, et ce avant même Darwin. Noé a prononcé celle-ci après s’être saoulé sous sa tente et déshabillé pour ensuite cuver son vin. Or, la malédiction contenait l’expression « qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères », un « génitif superlatif » – comparer avec les titres de Jésus Christ : « Roi des rois » et « Seigneur des Seigneurs » (1 Tim. 6:15 ; Ap. 17:14 ; 19:16) qui signifient bien entendu qu’Il est le Seigneur et le Roi ultimes1 – et veut dire en l’occurrence « dans la servitude la plus abjecte »).  Ainsi, cette idée a également servi à justifier l’esclavagisme et le ségrégationnisme, puisqu’il y avait une contradiction flagrante arf entre cet état de fait et la Déclaration d’Indépendance qui commençait par « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ». D’ailleurs, dans des pays de tradition chrétienne sans Déclaration des droits de l’homme comme le Brésil, cette idée de malédiction sur Cham était pratiquement inconnue no.2

    Aujourd’hui encore, nombre de chrétiens, bien que rejetant toute idée de hiérarchisation raciale, pensent encore que les « Noirs » ont la peau « noire » parce que leur ancêtre Cham aurait subi une malédiction.

    Remettons donc les pendules à l’heure : la malédiction en Gen. 9:25-27 ne concerne pas Cham, mais Canaan ! Cham se trouvait déjà sous la bénédiction divine du v. 1, et Noé ne pouvait maudire celui que Dieu avait béni. D’ailleurs, Jean Chrysostome (v. 347-407) affirmait que comme la malédiction ne pouvait atteindre Cham, elle devait s’abattre sur sa progéniture en guise de châtiment pour celui-ci.3 Et si cela vous scandalise, dites-vous bien que la société antique différait de notre société actuelle individualiste jusqu’à l’os en ce qu’elle était entièrement collectiviste (comme dirait l’autre happy) : l’individu n’existait pas en tant que tel, seulement en tant que membre de son groupe – ce qui explique pourquoi Moïse ne prend pas la peine d’expliquer pourquoi Dieu a maudit l’Univers entier (Rom. 8:22) en réponse au péché de l’unique individu Adam, roi de la Création). Pour ceux qui connaissent, vous n’avez qu’à penser Sparte, ou mieux, vous n’avez qu’à penser Japon médiéval wink2 .

    De plus, le nom hébreu de Cham veut dire « chaud, bouillant » selon la concordance de Strong (entrée 02526), pas « noir » comme l’affirment certains. « The Curse of Ham, Race and Slavery in Early Judaism, Christianity, and Islam », de David Goldenberg, une étude laïque de la question, « argumente de manière persuasive que le nom biblique de Cham n’a aucun rapport du tout avec la notion de noirceur ».4 Sa couleur de peau très foncée constituait donc son génotype, pas le résultat d’une malédiction.
    Remarquons que Mizraïm, ancêtre des Égyptiens, est le fils de Cham mais que ses descendants n’ont certainement pas connu une destinée d’esclaves, bien au contraire, leur peuple domina l’Antiquité.
    Un certain évêque Newton a monté en épingle que dans une version arabe de la Genèse, ainsi que dans certaines copies de la Bible des Septante (traduction grecque de l’Ancien Testament) Cham est maudit, pas Canaan. Cependant, il a omis 2 faits. Primo, cette version arabe de la Genèse date d’aussi tard que le IXsiècle (alors que les versions antérieures font toutes de Canaan l’objet de la malédiction). Secundo, les copies grecques de l’Ancien Testament en question sont à peine 8, et la plus ancienne date du XIIe siècle !25
     Bref, le trophée du grand n’importe quoi dont on ne redemande pas en termes de critique textuelle revient à notre sympathique gagnant, l’évêque Newton ! On applaudit bien fort clown !

    Quant à la raison exacte pour laquelle c’est Canaan qui a été maudit, la parole de Dieu ne le mentionnant pas, nous en sommes réduits aux conjectures, mais je crois pouvoir affirmer la plausibilité de celles-ci :

    • Pour certains commentateurs (Poole, Hodge, Bunyan), Cham, en plus d’avoir annoncé à ses frères que leur père était nu et ivre dans la tente, avait aussi appelé son fils, qui avait pris part au voyeurisme de son père.
    • Pour Éphrem le Syriaque (306-373), Canaan lui-même avait averti Cham de la nudité de son grand-père3 (bien que le texte n’en suggère rien).
    • Noé avait compris que Canaan possédait aussi la nature charnelle et matérialiste de Cham, et que cela ne pouvait qu’empirer dans les générations à venir. Voilà peut-être pourquoi l’expression « Cham, le père de Canaan » apparaît en Gen. 9:22 : mauvais sang chasse de race.
    • Cham ayant péché en tant que fils benjamin de Noé, le châtiment devait tomber sur son fils benjamin : il s’agissait d’une application de la loi du talion.5
    • Canaan a engendré les Cananéens mais aussi les Amorites, les Jébusites, les Sidoniens et les Phéniciens. Tous ces peuples devaient faire, dans le futur, la guerre contre les descendants de Sem et, dans une moindre mesure, de Japhet, et tomberaient dans une affreuse idolâtrie beurk. Noé avait dénoncé de manière prophétique cette apostasie envers le Dieu vivant et vrai.
    • Quelque part, en maudissant Canaan, Noé avait fait preuve de miséricorde en évitant que toute la descendance de son fils fût maudite.
    Jean Chrysostome (ent. 344 et 349-407) Éphrem le Syriaque (v. 306-373)
    Jean Chrysostome (ent. 344 et 349–407) Éphrem le Syriaque (v. 306–9/6/373)

    La descendance immorale de Canaan

    Nous pouvons avancer de manière raisonnable que la malédiction de Noé s’est accomplie, dans sa partie sémite, lorsque Josué et ses troupes exterminèrent ou imposèrent un tribut aux Cananéens sous la direction divine. D’aucuns, comme le Dr Carl Wieland, un des pionniers du mouvement créationniste moderne, soutiennent que la Bible dit nulle part que Dieu avait inspiré la malédiction de Noé, et voient plutôt dans son imprécation l’exclamation de dépit d’une personne faillible et pécheresse prise en flagrant délit,6 mais si l’on suit le même genre de logique, l’imprécation d’Isaac sur Ésaü en Gen. 27:39-40 ne porte pas le sceau de l’inspiration divine non plus… Il faut garder à l’esprit qu’en cette époque où le sacerdoce lévitique n’existait pas encore, le père de famille tenait le rôle de chef religieux de la maisonnée, qui avait l’autorité pour parler au nom de Dieu.

    Dr. Carl Wieland (1950-) Allen P. Ross (1943-)
    Dr. Carl Wieland (1950–) Allen P. Ross (1943–)

    En tout état de cause, Noé, en l’espèce, prophétise au sujet des descendants de ces peuples.7 L’immoralité qui a débuté chez Cham pour se perpétuer en Canaan a atteint des sommets difficiles à égaler chez les descendants de celui-ci, dont l’offrande de leurs enfants dans les bras chauffés à blanc de l’idole Moloch beurk (cf. Gen. 15:16 ; 18:20-21 ; 19:4-10 ; Lév. 18 ; 20:2-5 ; De. 12:29-30 ; aujourd’hui, ce sont les enfants dans le ventre de leur mère qui sont sacrifiés aux grands dieux Mammon et Bélial…). Allen P. Ross, professeur d’Ancien Testament et d’hébreu à la Beeson Divinity School de l’université Samford, à Birmingham, Alabama, USA, détaille :
    « L’archéologie a vivement illustré à quel point ces peuples étaient avilis. Bright écrit : “La religion cananéenne ne nous donne pas un joli tableau. De nombreuses pratiques avilissantes, dont la prostitution sacrée, l’homosexualité et divers rites orgiastiques, étaient répandues.”8 Wright et Filson ajoutent : “Ce qui est incroyable avec les dieux, tels que l’on les concevait en Canaan, c’est qu’ils n’avaient absolument aucune moralité. En fait, leur conduite était bien pire que celle de la société en général, si l’on en juge par les codes juridiques antiques […]. Le culte de ces dieux comportait certaines des pratiques les plus avilissantes qui existaient à l’époque.” »9, 10

    Ceci dit, gardons en pensée que la grâce de Dieu surpasse n’importe quelle malédiction : n’a-t-Il pas sauvé Rahab la prostituée de par sa foi (Héb. 11:31), et n’a-t-Il pas fait d’elle une ancêtre du Christ (Mt. 1:5-16) ?

    Pr. Jonathan D. Sarfati (1964-)
    Pr. Jonathan David Sarfati (1/10/1964–)

    Il convient de le réitérer, la malédiction de Noé n’a strictement rien à voir avec la « noirceur » de peau (car les « Noirs » n’ont pas une peau noire mais d’un brun très foncé) : d’après le Pr. Jonathan Sarfati :
    « Les Égyptiens peignaient des fresques de différents groupes de gens, notamment sur la tombe de Séthi Ier, et les Cananéens avaient la peau olivâtre, en contraste avec les Nubiens à la peau très brune. Les Nubiens étaient probablement des descendants de Cush, fils de Cham, qui n’a pas été maudit. »11

    Mais qu’est-ce que Cham a fait, à la fin ?

    Citons de nouveau le Pr. Sarfati :
    « Cham, d’une manière ou d’une autre, a aperçu son père nu, mais le texte suggère bien plus qu’un simple accident. L’hébreu wayyar (וַיַּ֧רְא), dans ce cas-ci, signifie “a regardé”, mais avec la nuance de transgresser une limite. Le même mot est utilisé en 1 Sam. 6:19, quand Dieu a tué 50 070 personnes “lorsqu’ils regardèrent l’arche de l’Éternel”. Leupold suggère que Cham “a regardé fixement [Noé] avec satisfaction”. Alors, au lieu d’honorer son père, qui l’a amené en lieu sûr avec son arche, Cham s’est réjoui de la honte de celui-ci. »12

    Seraphim Rose
    Fr. Seraphim Rose (13/8/1934–2/9/1982)

    Le hiéromoine feu Seraphim Rose rajoute :
    « Quel fut le péché de Cham ? Le péché n’était pas tant qu’il avait vu son père nu, parce que l’on n’était pas aussi tatillon avec ce genre de choses que nous le sommes aujourd’hui. Son péché reposait plutôt dans le fait qu’il l’avait vu dans une condition honteuse – ivre, tout avachi – et du coup il s’était moqué de son père, il avait regardé le spectacle et il était sorti et avait répandu le bruit du péché de son père. […] Le péché de Cham était le péché de n’avoir eu aucune vergogne. Ses frères, au contraire, étaient venus avec respect, avaient couvert leur père, et avaient donc étouffé la chose avant qu’elle ne pût se répandre. »13

    Henry Madison Morris
    Henry Madison Morris (6/10/1918–25/2/2006)

    Henry M. Morris, principal pionnier du mouvement créationniste biblique moderne, donne une explication tout à fait plausible de l’attitude de Cham :
    « [Il] a exprimé un ressentiment longtemps dissimulé envers l’autorité et la rectitude morale de son père. Il y avait apparemment une tournure charnelle et rebelle à la nature de Cham, réprimée jusqu’ici par la force spirituelle et l’autorité patriarcale de son père.
    Toutefois, maintenant qu’il contemplait la preuve de la faiblesse humaine de son père de ses yeux même, ressentant sans doute une impression de libération de toutes les inhibitions qui avaient jusqu’ici étouffé ses propres désirs et ambitions. Pensant que ses frères partageraient sa satisfaction, il s’est hâté d’aller les voir et de leur raconter la nouvelle croustillante.
    »14

    Le Pr. Sarfati voit dans le sort final de l’antique Carthage (incendiée, rasée, et les survivants réduits en esclavage) un accomplissement emblématique de Gen. 9:27.15 Si vous connaissez vos classiques et que vous avez lu « Les lauriers de César » clown, vous connaissez sans doute la fameuse citation latine du sénateur romain et orateur Caton le Grand (-234 – -149) : « Delenda Carthago ».

    Titus Residus, avocat romain

    Cette locution est devenue synonyme, dans la langue de Molière, d’une détermination à atteindre un but qui confine à l’obsession, mais il est plus vraisemblable que Caton le Grand ait terminé chacun de ses énergiques discours par : « Ceterum censeo Carthaginem esse delendam » (« De plus, j’estime que Carthage doit être détruite »). Il exprimait là le ressentiment général de Rome envers Carthage, ancré dans plusieurs raisons : la domination par les Carthaginois de l’axe stratégique et maritime que constituait la Méditerranée, la dégelée que les Carthaginois avaient infligée aux Romains à Cannes… mais aussi leurs rites religieux de sacrifices d’enfants ! Ainsi, l’historien, philosophe et moraliste gréco-romain Plutarque écrivait :

    Plutarque
    Plutarque (46–120)

    « Mais en pleine connaissance et compréhension, [les Carthaginois] offraient en sacrifice leurs propres enfants, et ceux qui n’avaient pas d’enfants en achetaient à des pauvres et leur tranchaient la gorge comme s’ils étaient autant d’agneaux ou de jeunes oiseaux. »16

    Or, les Carthaginois sont des Phéniciens (d’où le nom de « Guerres puniques » donné aux conflits militaires entre Rome et Carthage, du latin Pœnicus), c’est-à-dire des Cananéens. Cela explique bien des choses, surtout quand l’on sait que ces Cananéens de Méditerranée adoraient Baal tout comme leurs cousins de Palestine. D’ailleurs, vous connaissez sûrement au moins un Carthaginois célèbre : Hannibal Barca. Eh bien, son prénom signifiait « favorisé de Baal ». Son frère s’appelait Hasdrubal (aide de Baal) et son père Hamilcar (frère de [Baal-]Melkart).

    Les historiens modernes ont bien sûr écarté d’un revers de main et à grand tours de bras les récits romains de sacrifices d’enfants carthaginois par l’apophtegme stupide et irritant selon lequel « les vainqueurs écrivent l’histoire » zzz (alors que, par exemple, ce sont les moines chrétiens francs, pour l’essentiel, qui sont les seuls à avoir relaté les incursions vikings en France qui ont mené à une véritable colonisation sarcastic). Mais comme le dit si justement le Pr. Sarfati, « les vainqueurs aussi peuvent avoir raison » yes. Ce n’est pas parce qu’ils sont les vainqueurs qu’il faut balayer leurs récits d’un revers de main. C’est comme avec le négationnisme : écarter d’un revers de main les récits alliés sur les camps de la mort nazis, où des millions de Juifs et de membres d’autres minorités persécutées furent assassinés de façon systématique, n’est le fait que d’une poignée de cinglés souffrant d’hypervénénorrhée no (je viens d’inventer ce néologisme par analogie avec l’hypersialorrhée pour qualifier un excès de production par les glandes à venin yes). Il se trouve que les récentes découvertes archéologiques ont confirmé les récits gréco-romains sur la base de preuves littéraires, épigraphiques, archéologiques et historiques cool.17, 18

    Du voyeurisme, c’est tout ?

    Une règle générale dans l’herméneutique biblique consiste à adopter la lecture la plus simple à moins qu’il n’y ait de bonnes raisons de faire autrement, alors pour répondre à cette question : oui, le voyeurisme suffit à expliquer l’action de Cham et Japhet et la réaction de Noé. Toutefois, certains, plutôt que de s’en satisfaire, vont jusqu’à y voir un péché d’ordre sexuel : soit Cham aurait châtré Noé beurk, soit il l’aurait violé dans son sommeil éthylique beurk19, soit il aurait couché avec la femme de celui-ci beurk20 et Canaan aurait été le fruit de cet inceste, cette dernière idée étant notamment soutenue par des apologistes catholiques romains de l’université franciscaine de Steubenville, Ohio.21 C’est bien la peine de s’écarter de la lecture la plus simple si c’est pour ne pas être d’accord les uns avec les autres happy.

    Voici en guise d’illustration une citation du Talmud babylonien (env. 500) qui relate le désaccord entre deux rabbins fort respectés en leur temps :
    « “Lorsque Noé se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet.” [À propos de ce dernier verset,] Rav22 et Shmouel23 [divergent], l’un maintenant qu’il l’a châtré, tandis que l’autre dit qu’il a abusé sexuellement de lui. Celui qui maintient qu’il l’a châtré [raisonne ainsi :] comme il l’a maudit par son 4e fils, il a dû lui faire du mal au sujet d’un 4e fils. Mais celui qui dit qu’il a abusé sexuellement de lui fait une analogie avec “et il vit” écrit 2 fois. Ici, il est écrit : Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et il le rapporta dehors à ses deux frères ; tandis qu’ailleurs, il est écrit : “Elle fut aperçue de Sichem, fils de Hamor, prince du pays. [Il l”enleva, coucha avec elle, et la déshonora.] »

    « Alors, au sujet du point de vue selon lequel il l’aurait émasculé, il est vrai qu’il l’a maudit par son 4e fils ; mais au sujet du point de vue selon lequel il aurait abusé de lui, pourquoi a-t-il maudit son 4e fils ? Il aurait dû le maudire lui-même ; les 2 ignominies ont été perpétrées. »24

    À tous les coups, ils divergent parce qu’aucun de ces points de vue ne constitue une déduction sensée à partir du texte wink2.

    Quant au 3e point de vue, ses tenanciers se basent sur le fait que l’expression « découvrir la nudité » tient parfois dans la Bible lieu de métaphore pour « coucher avec la femme », par exemple en Lév. 18:6-19. Bassett, l’auteur de cette idée, va jusqu’à invoquer des trucs d’en-dehors du texte pour se tirer d’affaire, postulant que Gen. 9:23 constituerait une interpolation ultérieure d’un copiste qui n’aurait pas compris le sens idiomatique no... Toutefois, Ross, dans son étude exhaustive et rationnelle sur la question, démontre que l’idiome de Gen. 9 est différent de celui de Lév. 18 :
    « Mais les indices en faveur de cette interprétation ne pourraient pas être moindres. L’expression רָאָ֨ה עֶרְוָתָ֜הּ [râ‘âh ’erwâtâh, voir sa nudité] est utilisée dans l’Écriture pour parler d’une exhibition honteuse, en général d’une femme ou du symbole d’une ville en signe de châtiment honteux, exhibée et sans défense. C’est tout à fait différent de l’idiome utilisé pour la relation sexuelle immorale, גַלֶּ֖ה עֶרְוָתָֽהּ׃ [gâlâh ’erwâtâh, découvrir sa nudité]. C’est cette construction qui est utilisée dans tout Lév. 18 et 20 pour décrire la conduite sexuelle immorale des Cananéens. Lév. 20:17 est la seule occurrence où רָאָ֨ה [râ‘âh] est utilisé, mais même cela est une construction en parallèle avec גַלֶּ֖ה [gâlâh] expliquant l’incident. Cet unique usage ne peut être utilisé pour soutenir l’allégation de Bassett au sujet d’une force idiomatique du sens de relation sexuelle. »10

    Dans chaque cas, l’hypothèse ne tient pas debout, d’une part car ce n’est pas Cham qui a découvert la nudité de Noé mais qu’il s’est découvert lui-même, d’autre part parce que Sem et Japhet ont recouvert sa nudité littérale d’un manteau littéral, ce qui ne peut s’expliquer qu’en prenant le texte tel quel. De plus, si les Cananéeens avaient une origine aussi scabreuse, la Bible n’aurait pas manqué d’en faire « ses gorges chaudes », comme avec les Ammonites et les Moabites (Gen. 19:30-38).

    Conclusion

    Encore un cas où une lecture simple du texte, sans aller chercher midi à 14 h, reste la meilleure ! En réponse au comportement ignominieux d’un fils dont la rébellion pécheresse couvait dans le cœur depuis un bout de temps déjà, Noé prononça une malédiction prophétique contre le fils de celui-ci en châtiment, et aussi parce que Dieu lui avait donné un aperçu prophétique de la dégradation morale innommable que les descendants de Canaan atteindraient. Il n’est absolument pas question, ici, d’une quelconque malédiction héréditaire qui affligerait toutes les personnes « de race noire » (terme qui n’a de toute façon aucune réalité). Bien au contraire, la parole de Dieu proclame que tous descendent d’un couple unique (Ac. 17:26) qui vivait il y a quelques milliers d’années. Elle range tout un chacun sous l’appellation de pécheur (Rom. 3:23), sans distinction aucune d’ethnicité. En fait, elle ne distingue au final que 2 races : les brebis et les boucs (Mt. 25:31-46), les bénis de Dieu et les maudits, ceux qui auront suivi le Seigneur Jésus Christ et les autres, ceux qui n’en auront fait qu’à leur tête (le mouton et la chèvre sont fortement apparentés, mais le 1er a tendance à suivre le chef du troupeau où qu’il aille alors que la 2de aime se disperser et aller où ça lui chante). Aujourd’hui, le choix s’offre à vous de laisser tomber vos prétentions et de Le suivre, avec les récompenses mirobolantes qui vont avec, la vie éternelle n’étant pas la moindre, ou bien de n’en faire qu’à votre idée et de suivre n’importe quelle autre vision du monde, avec, il faut bien le dire, la honte éternelle en partage au bout du chemin. Saurez-vous faire le bon choix ? C’est gratuit (et pas juste sur le plan monétaire), pourquoi ne pas en profiter dès maintenant ?

    1. Comparer avec Wenham, G. J., « Genesis 1-15 », p. 202, 1987. Revenir au texte.
    2. Sarfati, J. D., « The Genesis Account », p. 626, 2015. Revenir au texte.
    3. In Rose, E. D., « Genesis, Creation and Early Man », Ch. 9, 2000. Voir aussi iciRevenir au texte.
    4. Levine, M. M., un examen de Goldenberg, D. « The Curse of Ham, Race and Slavery in Early Judaism, Christianity, and Islam » dans « Bryn Mawr Clasical Review » 2004.02.53. Revenir au texte.
    5. Kidner, D., « Genesis », p. 104, 1967, in Ref. 2, p. 621. Revenir au texte.
    6. Wieland, C., « One Human Family », pp. 44-45, 2011. Revenir au texte.
    7. Sarfati, J. D., op.cit., pp. 621-622. Revenir au texte.
    8. Bright, J., « A History of Israel », p. 108, 1959.Revenir au texte.
    9. Wright, G. E., et Filson, F. V., « The Westminster Historical Atlas to the Bible », p. 36, 1945. Revenir au texte.
    10. Ross, A. P., « Studies in the Book of Genesis — Part 1: The Curse of Canaan », BiblSac 137:223-240, 1980. Revenir au texte.
    11. Sarfati, J. D., op.cit., pp. 618. Revenir au texte.
    12. Sarfati, J. D., op.cit., pp. 623. Revenir au texte.
    13. Rose, E. D., ibid. Revenir au texte.
    14. Morris, H. M., « The Genesis record », p. 235, 1976. Revenir au texte.
    15. Sarfati, J. D., op.cit., pp. 627-629. Revenir au texte.
    16. Plutarque, « Œuvres morales » 2:171C. Revenir au texte.
    17. Smith, P. et al, « Age estimations attest to infant sacrifice at the Carthage Tophet », Antiquity 87(338):1191-1199, 2013. Revenir au texte.
    18. Xella, P. et al, « Phoenician bones of contention », Antiquity 87(338):1199-1207, 2013. Revenir au texte.
    19. Gagnon, R. A. J., « The Bible and Homosexual Practice: Texts and Hermeneutics », pp. 63-71, 2001. Revenir au texte.
    20. Bassett, F. W., « Noah’s nakedness and the Curse on Canaan: A Case of Incest? » VT 21:232-237, 1971. Revenir au texte.
    21. Bergsma, J. S. et Hahn, S. W., « Noah’s nakedness and curse on Canaan (Genesis 9:20-27) », JBL 124(1):25-40, printemps 2005. Revenir au texte.
    22. Rabbin Abba Arika (175-247). Revenir au texte.
    23. Rabbin Samuel bar Abba(165-257). Revenir au texte.
    24. Sanhedrin 70a. Revenir au texte.
    25. Whitford, D. M., « The Curse of Ham in the Early Modern Era, the Bible and the Justifications for Slavery ». Revenir au texte.
    « Qu'est-ce qu'un chrétien doit penser des NDE/EMI ?Des astres lointains dans un Univers récent ? »

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