• Amour et sévérité

    Amour et sévérité

    Aslan peut vous sembler plus sévère que le Christ à 1ère vue, car Il ne laisse jamais ses fidèles s’en tirer à bon compte. Il permet la souffrance, place des tâches difficiles sur les épaules de Ses sujets, et n’accepte pas d’excuses pour leurs échecs. Lorsqu’Aslan demanda à Peter et ses sœurs pourquoi leur frère n’était pas avec eux, M. Castor expliqua que c’était parce qu’il les avait trahi.
    « Et alors quelque chose poussa Peter à ajouter :
    – C’était en partie ma faute, Aslan. J’étais en colère contre lui et je pense que cela l’a incité à faire fausse route.”
    Et Aslan ne dit rien, ni pour excuser Peter, ni pour le blâmer, mais Il continua à le fixer de Ses grands yeux impassibles.
     »1

    De même, Aslan a griffé le dos d’Aravis pour la punir de la manière dont elle avait dupé sa servante pour s’enfuir, ce qui avait valu à celle-ci des coups de fouet.
    Pareillement, lorsque les 4 Pevensie furent ramenés par magie de leur monde à Narnia par les Anciens Narniens oppressés par les Telmarins, ils durent entreprendre une dure traversée de la forêt qui les séparait de la colline d’Aslan, où se trouvait le campement des Anciens Narniens. À un moment donné, Lucy aperçut Aslan de l’autre côté de la rivière, qui lui fait signe de Le suivre, dans la direction opposée de la leur. Elle avertit ses frères et sœur, mais ils ne Le voyaient pas (j’ai bien peur qu’ils aient plus ou moins oublié la loyauté envers Aslan en Angleterre). Lucy se trouva donc, bien à son corps défendant, obligée de suivre le mouvement qui, bien entendu, ne les mena nulle part vu que les Telmarins gardaient solidement le gué qu’ils voulaient emprunter. Les voilà donc bien obligés de crapahuter pour remonter la rivière. La nuit venue, Lucy entendit la voix de Celui qu’elle aimait plus que tout la réveiller. Elle alla dans sa direction et, folle de joie, rencontra Aslan. Et voilà-t-il pas qu’Il lui commanda de réveiller Ses frères et sœur pour Le suivre, Lui Qu’ils ne pouvaient pas voir, dans la nuit et la profondeur de la forêt. Et s’ils ne voulaient pas, elle n’aurait qu’à Le suivre, seule.
    Le Lion entend que l’on Lui obéisse à n’importe quel prix. Ni les circonstances atténuantes, exténuantes ou exaspérantes, ni l’adversité, ni le traumatisme émotionnel ne représentent des excuses.

    Mais s’il vous semble que ça ne ressemble pas au Jésus des Évangiles, vous avez sans doute besoin d’une petite piqûre de rappel :
    « Si quelqu’un vient à Moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être Mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne Me suit pas, ne peut être Mon disciple. » (Lc. 14:26-27)
    Eh oui, le Dieu tout gentil et tout indulgent qu’on vous présente souvent n’est pas authentique. Comme C. S. Lewis le fait remarquer dans « Le Problème de la souffrance », le hic, en fait, c’est que quand les gens parlent de la bonté de Dieu, ils veulent en fait parler de Son amour, mais ils l’interprètent comme Sa gentillesse.
    « Ce qui nous satisferait vraiment, ce serait un Dieu qui dit de tout ce que nous nous trouvons aimer faire : ‘Quelle importance ça peut bien avoir du moment qu’ils sont contents ?’ […] L’amour est plus sévère et splendide que de la simple gentillesse […] La gentillesse, en tant que telle, ne se soucie pas si son objet s’améliore ou se détériore, du moment qu’il échappe à la souffrance. »2

    Si Dieu laissait le mal subsister en nous sous prétexte de nous épargner la souffrance et les ennuis, Il ne serait pas un Dieu d’amour no. La gentillesse nous lâche les baskets et nous fiche la paix tandis que l’amour maintient la pépite d’or dans la fournaise du creuset jusqu’à ce qu’un magnifique lingot en ressorte cool. La gentillesse cherche simplement à ce que nous soyons satisfaits alors que l’amour nous reforge pour devenir ce que nous étions censés être depuis le début cool. Cette reforge, cette reconstruction fait mal. Elle implique en général de démolir des pans de murs, de virer la moisissure et la rouille, voire de refaire les fondations, avant de pouvoir reconstruire. Mais c’est ce que Dieu fait pour nous. Il amputera la partie cancéreuse, Il arrachera la dent malade en dépit de notre douleur. Il désire que nous vivions éternellement devant Sa face qu’Il ne nous lâchera pas (la grappe), Il ne nous abandonnera pas (Jos. 1:9), Il ôtera toutes les scories encastrées dans nos âmes, et même si nous devions en récolter une brûlure au 3e degré, Il nous en soignera à merveille yes, et ce sera le sujet du prochain épisode.

    1. Lewis, C. S., « Le Monde de Narnia », p. 185. Revenir au texte.
    2. Lewis, C. S., « Le problème de la souffrance », p. 40. Revenir au texte.
    « Il n'est pas un lion apprivoiséL'autre face de la sévérité »

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